Parmi les réalisateurs français, Patrice Leconte fait partie de ceux dont les films ont réuni des millions de spectateurs. Ne serait-ce qu'avec les comédies qu'il réalisa pour l'équipe du Splendid, chaque diffusion est synonyme de forte audience. Pourtant, lorsqu'il fit un virage serré vers le drame, notamment avec "Tandem" ou "Le mari de la coiffeuse", Patrice Leconte prit des risques et échoua parfois. Après le triomphe public et critique de "Ridicule", la comédie "Les grands ducs" fut boudée par le public, et dut attendre des années avant d'être véritablement considéré. Drôle de destin, que celui de ce film...
Has-been, ringards, dépassés : voilà ce que sont Georges Cox, Victor Vialat et Eddie Charpentier, des comédiens de théâtre rattrapés par l'âge. Mais ils ont l'amour de la comédie chevillée au corps et quand se présente à eux l'occasion de jouer les seconds rôles dans une pièce de boulevard, ils sautent sur l'occasion. Les voilà partis en tournée, comme au bon vieux temps. Mais c'est sans compter le producteur du spectacle, ruiné, et qui compte saboter le show pour toucher la prime d'assurance.
Plus de vingt après "Que la fête commence", Patrice Leconte organisa les retrouvailles de trois monstres sacrés du cinéma hexagonal : Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. C'est peu de dire qu'on a droit, dans ce film à des acteurs de talent, dont le moindre geste pourrait faire rougir de honte de jeunes prétentieux souvent en tête d'affiche. Avec de pareilles têtes d'affiche, on comprend mal, a posteriori, comment "Les grands ducs" a pu ne pas drainer les foules dans les salles obscures. Sous couvert d'une comédie s'aventurant dans un territoire où le kitsch est revendiqué, c'est pourtant un vrai regard porté sur le métier de comédien, de saltimbanque, pourrait-on dire.
Malgré leur statut, les trois compères prennent visiblement un plaisir un peu canaille à fouler les planches et à déclamer (souvent mal, mais c'est voulu) des textes que d'aucuns qualifieraient de médiocres. Ils n'ont pas oublié ce par quoi ils ont commencé et rendent, au travers de ce film, hommage à leurs débuts, qui les mena si haut.
On appréciera d'autant plus la performance de ces trois merveilleux comédiens qu'elle pose un regard à la fois tendre et caustique sur le métier et le statut d'acteur. Et puis, maintenant qu'ils ne sont plus là, on mesure d'autant plus le talent de Jean Rochefort et Philippe Noiret, chacun dans un registre différent (l'un en acteur liquéfié par le trac, mais qui continue d'y aller, l'autre en charmeur au regard et à la moustache qui frise). Le troisième larron, le dernier qui nous reste, Jean-Pierre Marielle, est remarquable en vieille gloire colérique, mais est-il utile de le préciser.
Face à eux, Catherine Jacob et Michel Blanc paraissent forcément en retrait, malgré des rôles indispensables à l'intrigue improbable de ce joli hommage à l'univers de ceux qu'on pourrait qualifier de "cachetonneurs".
Ce n'est sûrement pas le plus célèbre, ni le plus réussi des films de Patrice Leconte, mais "Les grands ducs", sous ses dehors de comédie désuète, porte une immense sincérité et un véritable amour pour les acteurs et le public. Rien que pour eux, cette tendre friandise mérite d'être (re)vue.
Face à eux, Catherine Jacob et Michel Blanc paraissent forcément en retrait, malgré des rôles indispensables à l'intrigue improbable de ce joli hommage à l'univers de ceux qu'on pourrait qualifier de "cachetonneurs".
Ce n'est sûrement pas le plus célèbre, ni le plus réussi des films de Patrice Leconte, mais "Les grands ducs", sous ses dehors de comédie désuète, porte une immense sincérité et un véritable amour pour les acteurs et le public. Rien que pour eux, cette tendre friandise mérite d'être (re)vue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.