lundi 24 juin 2019

Papillon (2018)




Pourquoi le cinéma actuel produit-il tant de remakes ? Compte-t-il sur l'amnésie des cinéphiles, gageant qu'ils auront oublié les films originaux ? Espère-t-il faire mieux que la fois d'avant ? Ou, et je penche pour cette hypothèse, manque-t-il cruellement d'audace et d'imagination, en se disant que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes (et qu'il faudra la vendre, la soupe en question ? Je ne compte plus les remakes ou les reboots (leurs cousins proches), ces dernières années, mais bien peu nombreux sont ceux qui ont prouvé leur pertinence. Qui osera affirmer que "Total recall", version 2017, dépasse la version de 1990 ? Qui se souviendra, dans quelques années, des "Sept mercenaires", cuvée 2018, alors que le film de Franklin J. Schaffner fait figure de monument ? Récemment, ce fut au tour de "Papillon", d'après le roman d'Henri Charrière, d'être l'objet d'une nouvelle version : pour le coup, ça n'a pas déchaîné les foules.


Paris, années 1930 : Henri Charrière, dit "Papillon" à cause du tatouage qui orne sa poitrine, tombe dans un piège. Accusé à tort du meurtre, il est condamné au bagne. Avec ses compagnons d'infortune, dont l'escroc Louis Dega, qu'il a pris sous sa protection, Papillon va se retrouver à Cayenne, dans de terrifiantes conditions de détention. Dès lors, il n'a plus qu'une obsession : retrouver sa liberté. Malgré la violence, malgré l'ombre de la guillotine, malgré la jungle et la mer, Papillon va tout faire pour s'évader. 

Il est difficile, pour un réalisateur, de se voir confier pareil projet. Michael Noer, cinéaste danois, déjà repéré dans son pays pour des films comme "R" (qui traitait déjà de l'emprisonnement) ou "Nortwest", a droit à un baptême du feu de haut niveau, en se voyant confier se remake. La première version de "Papillon", datant de 1973 (l'année du décès d'Henri Charrière), restait indépassable aux yeux de bien des cinéphiles, et risque de garder son statut, malgré la bonne volonté évidente du réalisateur. S'acharnant à donner le maximum de réalisme à son film, à force de violence et de crasse, sans doute pour l'ancrer dans la réalité de l'époque. Le résultat est paradoxal, puisque malgré les moyens mis à sa disposition, Noer ne réussit pas à donner à son film le supplément d'âme nécessaire. S'il ne doit rester qu'un "Papillon", ce sera celui de Schaffner. 

Il est difficile également de passer derrière derrière le jeu tout en nerfs de Steve McQueen, dans le classique de 1973 : Charlie Hunnam, jouant du muscle et de l’œil qui pétille, n'arrive hélas pas à la hauteur de son illustre aîné. Malgré tous ses efforts et tout ce qu'il entreprit pour s'immerger dans son personnage, celui qui porte sur ses épaules le film n'a hélas pas le charisme nécessaire. Face à lui, dans un rôle secondaire, mais indispensable, le même constat s'applique à Rami Malek, qui assume tant bien que mal la difficile succession de Dustin Hoffmann. L'ombre des deux géants écrase leurs successeurs, j'en ai bien peur. 

Au final, "Papillon" est un remake pour rien, bien en-dessous de son modèle, et surtout d'une utilité bien discutable. Il serait temps que l'industrie cinématographique cesse de se réfugier dans la facilité (quoique je doute que les conditions de tournage aient mérité ce qualificatif, en l'occurrence), et ose donner leur chance à des réalisateurs et scénaristes défrichant de nouveaux territoires. Tout le monde en sortirait gagnant.





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