dimanche 12 janvier 2020

Les confins du monde (2018)



La guerre d'Indochine, prélude à un Viet-Nam qui inspira quantité de films, n'a pas été portée à l'écran de manière excessive. Il y aurait pourtant matière à exorciser quelques démons, du côté français. En dehors de quelques incursions remarquées, le cinéma de guerre s'est rarement penché sur ce "sale" conflit (quoique je ne suis pas certain qu'il en existe des "propres"). Avec "Les confins du monde", Guillaume Nicloux ("Le Concile de Pierre", "Valley of Love") a proposé au public un voyage au bout de l'enfer. Hélas pour lui, ils furent peu nombreux à lui emboîter le pas.

Indochine, 1945 : alors qu'il est le seul survivant d'un massacre perpétré par les Viet-Minh, Robert a décidé de venger son frère, mort sous ses yeux. Retrouvant l'armée, il peine à reprendre sa place parmi les hommes. Entre sa recherche des assassins de son frère et la belle Maï, jeune prostituée indochinoise, dont il est épris, Robert va devoir faire des choix et verra ses convictions vaciller...

En explorant un pan peu glorieux de l'histoire coloniale, Guillaume Nicloux, avec "Les confins du monde", explore la face sombre de l'humanité. Les horreurs de la guerre ne seront pas épargnées au spectateur. Les corps suppliciés traversent l'écran, témoignant de l'inventivité dont fait preuve l'esprit humain quand il s'agit de s'en prendre à son prochain. Qu'on se le dise, donc, ce voyage, dans le sillage d'un jeune homme égaré et ne sachant plus qui ou quoi croire, risque d'être éprouvant. Pour autant, ce film ne suscite que rarement l'admiration : la route semble bien longue, au regard de la distance vraiment parcourue. En effet, c'est souvent l'ennui qui est le compagnon de voyage de ceux qui voudraient découvrir ce qu'il y a aux confins, si loin, si proches.

La réalisation, au plus proche des personnages, s'attache à mettre en avant l'humanité, mais est trop décousu pour convaincre tout à fait. La plongée au cœur des ténèbres est souvent dépourvue d'une véritable orientation et la partie "romance" est trop mal exploitée pour avoir du sens. S'agit-il d'un film de guerre, de vengeance ou d'une quête philosophique ? Bien malin qui pourrait se prononcer à la fin du visionnage.

Et puis, il y a l'interprétation de Gaspard Ulliel, décidément peu convaincant (à mes yeux, en tout cas), dans la peau de ce soldat perdu que ses semblables inquiètent autant qu'ils l'attirent. C'est du côté des seconds rôles qu'il faudra se tourner pour trouver quelque consolation, notamment avec la prestation de Guillaume Gouix ou de Lang-Khê Tran, tous deux aux antipodes des aspirations du héros.

Avec un casting des plus remarquables, "Les confins du monde", poisseux et violent, souffre d'un scénario finalement assez plat et d'une certaine prétention. A trop vouloir se détacher du ton documentaire, il prend des airs parfois supérieurs qui nuisent à sa crédibilité.



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