jeudi 16 avril 2020

Qui vive (2014)


Certains films s'efforcent de rester dans le réel, le quotidien, alors que d'autres se font forts de permettre à leurs spectateurs de s'évader. C'est à la première catégorie qu'appartient "Qui vive", le premier (et unique, à ce jour) film de Marianne Tardieu, ancienne chef-opératrice et scénariste (entre autres métiers du cinéma). S'attachant au parcours d'un homme en proie aux difficultés du quotidien, incarné par Reda Kateb, ce film n'eut pas une grande audience lors de sa sortie (limitée) en salles. Penchons-nous un instant sur son sort...

Chérif, la trentaine, est retourné vivre chez ses parents, faute de moyens. Il est vigile dans une grande surface et, après son travail, prépare le concours d'infirmier, parce qu'il veut se sortir de cette précarité. Affrontant chaque jour les ados désœuvrés qui s'en prennent à lui , il tient bon. Et puis, il y a la belle Jenny, qu'il vient de rencontrer et qui lui redonne foi en la vie. 
Mais Chérif n'est pas à l'abri d'une erreur...



C'est un film court (1 h 20 environ) que ce "Qui vive" mais, malgré sa simplicité, on ne s'y ennuie guère, pour peu qu'on apprécie le cinéma dit "social". La quête de bonheur et d'accomplissement que mène Chérif, interprété par l'excellent Reda Kateb, est un parcours simple, comme il en existe probablement des centaines. Filmé au plus près, quasiment comme un documentaire, "Qui vive" est un film très réaliste et crédible, choix qui pouvait s'avérer risqué. Cependant, Marianne Tardieu sait utiliser son expérience pour communiquer à son film la petite étincelle qui le rend vivant. Cette étincelle se situe dans l'énergie qui habite les protagonistes de cette histoire ordinaire.

Choisir de filmer le quotidien, quitte à se mettre à dos une partie du public (celle venue justement échapper au quotidien), c'est aussi prendre le risque de finalement ne pas raconter grand chose. Le scénario de Marianne Tardieu n'échappe pas tout à fait à ce piège et, en essayant de "gonfler" un peu son histoire, commet quelques erreurs : la romance qui se dessine entre Chérif et Jenny n'apporte que peu de choses à l'intrigue, par exemple. Ces défauts, apparents, sont cependant mineurs et ne plombent pas définitivement "Qui vive". 

En plus de sa forme sobre et parfaitement adaptée au sujet (ou plutôt de son absence d'artifices), "Qui vive" est interprété de façon magistrale par les acteurs qui donnent vie à ses protagonistes ordinaires. En tête d'affiche, le (encore une fois) remarquable Reda Kateb, dans un rôle presque symétrique à celui qu'il avait dans "Hippocrate". Face à lui, on notera aussi la présence (dans la partie la moins "utile" du scénario) d'Adèle Exarchopoulos, tout juste auréolée du succès de "La vie d'Adèle".

Malgré sa fin abrupte et ses quelques maladresses narratives, "Qui vive" fait partie de ces films "vrais", qui savent capter l'air du temps. A réserver aux amateurs de cinéma social à la française, il mérite un (re)visionnage, en grande partie grâce à son interprète principal (grandement apprécié dans ces colonnes, vous l'aurez compris).



2 commentaires:

  1. Bien d'accord avec toi. Pas grand-chose à ajouter. J'aime beaucoup Adèle Exarchopoulos et Reda Kateb. Dès lors, c'était difficile pour moi de passer à côté de ce film...

    Tu parles avec justesse de sa simplicité. C'est ça aussi, le cinéma !

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    1. Hello Martin...j'ai (comme toi, je crois) besoin de temps à autre de ces films 'simples" et humains. Celui-ci en est un bon exemple, grâce à ses interprètes, essentiellement.
      Merci de ta fidélité à ces colonnes !

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