mercredi 9 septembre 2020

Pupille (2018)


Pour son deuxième long métrage, après "Elle l'adore", Jeanne Herry retrouve Sandrine Kiberlain et se frotte à un sujet pour le moins difficile : l'adoption. Avec un casting prometteur et éclectique, sa démarche promettait d'évoquer le parcours, loin d'être semé de roses, d'un enfant, de sa naissance à son adoption. Pour autant, pareil sujet n'a pas attiré beaucoup de spectateurs dans les salles. Est-ce le choix du thème abordé ou le résultat sur la pellicule qui fut la cause de cette frilosité ? Ce film aurait-il mérité meilleur accueil ?

Le jour de sa naissance, la mère de Théo a choisi de ne pas le garder et d'accoucher sous X. Dès lors, les travailleurs sociaux vont prendre en main le cas de Théo, afin de l'aider dans son début de vie et de lui trouver une famille d'accueil. De son côté, Alice, qui n'a jamais pu avoir d'enfant, et attend depuis des années cette occasion, voit enfin se réaliser son rêve. Théo et Alice se rencontreront-ils, comblant chacun un vide immense dans leurs vies respectives ?


Contrairement à ce que le résumé ci-dessus pourrait laisser croire, il n'y a pas ou peu de suspense, dans le parcours raconté par "Pupille". La destination est connue, et c'est au chemin, parfois périlleux, que va s'intéresser le film. Le choix fait en ce sens par Jeanne Herry est probablement la meilleure option qui soit, évitant du coup un pathos qui aurait sans doute sabordé le film. Pour autant, le parcours compliqué de Théo n'est pas un chemin jonché de roses, loin s'en faut. Sans basculer dans l'angélisme, parce qu'il s'agit d'êtres humains avant tout, Jeanne Herry décrit le quotidien d'hommes et de femmes vivant chacun une facette de l'adoption. Ce choix est aussi un des grands atouts du film et contribue à sa réussite.

On ne peut qu'admirer la foi avec laquelle les travailleurs sociaux prennent leur métier à cœur. Le film "Pupille" est un bel hommage à celles et ceux qui vouent leur existence à ces bouts d'homme balancés dans la vie malgré eux. De la naissance à l'adoption, en évoquant aussi d'autres âges plus féroces, Jeanne Herry  choisit de se placer quelque part entre la fiction et le documentaire. Contre toute attente, il s'agit de la combinaison gagnante.

Pour incarner ces héros anonymes, le casting que convoque la réalisatrice s'avère gagnant, malgré les doutes qu'on aurait pu émettre. Elodie Bouchez, dans un rôle peu évident, s'en sort avec les honneurs et évite de sombrer dans le mélodrame, tandis que Sandrine Kiberlain, qui retrouve ici Jeanne Herry apporte une énergie parfois surprenante, mais nécessaire. Dans un rôle inattendu, Gilles Lellouche est une des bonnes surprises de ce film. Quittant son habituelle panoplie faite de virilité et de beaufitude, il s'avère touchant en assistant familial aimant. Et il faudrait citer tous les seconds rôles, épatants et souvent touchants.

Il y a certes quelques maladresses dans "Pupille", mais ce film est avant tout très humain et décrit de la façon la plus juste un parcours de vie qui saura toucher au cœur nombre de ses spectateurs. Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je ne peux que vous inciter à lui offrir une séance de rattrapage. 


4 commentaires:

  1. Bonjour Laurent, très joli film avec des moments émouvants. Les bébés sont craquants. Bonne journée.

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    1. Bonsoir Dasola..effectivement, j'ai été agréablement surpris par ce joli (et sincère) film.
      Merci du passage.

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  2. Magnifique film, touchant et juste.

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    1. J'avoue un petit coup de cœur pour ce joli petit film. Merci d'être passé dans le coin, Selenie !

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