lundi 28 septembre 2020

Irrésistible (2020)

Le film politique est un genre à part entière et, lorsqu'il vient de l'autre côté de l'Atlantique, il peut fasciner. Aux Etats-Unis, la lutte perpétuelle que se livrent démocrates et républicains n'a pas fini d'alimenter les scénaristes. Jon Stewart, connu pour ses documentaires et ses émissions télévisées, s'est penché, pour sa première fiction, sur les dessous d'une campagne électorale à échelle locale. Mené par Steve Carrell, "Irrésistible", sorti en catimini sur les écrans, a échappé à nombre de spectateurs. 

Quelque part dans le Wisconsin, Jack Hastings, un vétéran de la Marine, prend un jour à témoin le maire de sa petite ville, pour dénoncer sa politique. Son intervention fait le buzz et il est remarqué par Gary Zimmer, conseiller en communication pour le parti démocrate. Ce dernier décide d'aller à Deerlaken, Wisconsin, pour pousser Hastings à se présenter aux élections locales, en le conseillant, parce qu'il porte les vraies valeurs démocrates et pourrait servir de modèle à tout le parti. De son côté, Faith Brewster, consoeur et néanmoins rivale de Gary, se prête au jeu et soutient le camp d'en face. 


Il est difficile de résumer l'intrigue de "Irrésistible" (drôle de titre, au passage), tant ce film mêle politique locale, comédie sociale et affrontement de (fortes) personnalités. Pour nous qui habitons de l'autre côté de l'Atlantique, c'est également la découverte d'un monde pas si souvent exposé, celui d'une Amérique parfois oubliée par ceux des grands cités de verre et d'acier. C'est sans doute ce versant du film qui est le plus réussi, d'ailleurs. Parfois drôle, toujours humain, en propulsant le très citadin personnage incarné par Steve Carrell au fond du Wisconsin, "Irrésistible" donne dans ces séquences le meilleur de son contenu.

Sur un ton pas très éloigné du documentaire, Jon Stewart, spécialiste du sujet qu'il aborde, propose à son spectateur une plongée dans l'Amérique rurale, celle souvent oubliée par le cinéma et qui vota sans doute Trump. Accueillant bon gré mal gré deux ténors du conseil en politique, s'affrontant au travers des candidats qu'ils coachent, les Américains d'en bas ont nombre de leçons à donner à ces arrogants et ne s'en privent d'ailleurs pas. 

Du côté de l'interprétation, c'est essentiellement la prestation de Steve Carrell qui est à louer. On le sent

complice du réalisateur dans sa démarche et bien décidé à donner vie à son donneur de leçons de personnage. Par contre, le trop rare Chris Cooper, à l'instar de son personnage, semble souvent se demander ce qu'il fait là et dans quoi il a pu s'embarquer. La multitude de petits rôles, en arrière-plan, donne vie à Deerlaken et, encore une fois, réussit à mettre au premier plan ceux qui sont d'ordinaire relégués dans l'ombre. 

Cherchant à faire rire avec un contenu sérieux, Jon Stewart, pour son deuxième long métrage, s'est montré ambitieux. Son film, sorti uniquement en vidéo dans son pays d'origine et projeté en catimini dans l'hexagone, réussit la plupart du temps à atteindre son objectif. Malgré une dernière partie qui patine un peu sur place, "Irrésistible" est l'occasion d'un moment sympathique et instructif. 




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