S'il est un registre cinématographique auquel on peut associer une nationalité, c'est sans doute la comédie sociale, qui me semble attachée au Royaume-Uni. Nombreuses furent les tentatives d'approcher ou d'égaler le talent de Ken Loach ou de Mike Leigh, pour n'en citer que deux, dans ce délicat exercice de style consistant à parler de notre monde sans se moquer de ceux qui tentent d'y survivre. Le cinéma hexagonal s'est frotté plus d'une fois à ce registre, avec plus ou moins de bonheur : de "Normandie Nue" à Bowling", le résultat fut contrasté. Pour autant, les tentatives continuent. Avec Karin Viard en tête d'affiche, "Le petit locataire" a tenté sa chance, sans rencontrer le succès à sa sortie.
Il semble évident que "Le petit locataire" ambitionne d'explorer le terrain de la comédie sociale, genre dominé par le cinéma britannique. En plaçant son histoire chez des gens "normaux", voire de la France d'en-bas, Nadège Loiseau semble, dans un premier temps, s'engager sur un terrain souvent mal exploité dans le cinéma francophone. Cette louable ambition ne tient malheureusement pas très longtemps, le film s'orientant rapidement vers la comédie pure, choisissant de concentrer son propos sur l'héroïne et sa famille et délaissant le monde autour.
S'il comporte quelques jolis moments, "Le petit locataire" n'est cependant pas dépourvu de défauts. En choisissant le registre de la comédie sociale, la réalisatrice oublie néanmoins que les glorieux modèles de ce type de cinéma sont en général porteurs d'une colère, voire d'un message. La situation de départ ne sert ici qu'à générer des situations comiques, mais jamais à donner à réfléchir. La promesse initiale n'est pas tenue et il faut (ou pas) se satisfaire d'un film destinée à faire (seulement) sourire. C'est déjà ça, certes, mais ça aurait pu être tellement plus.
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