mercredi 2 juin 2021

Edmond (2019)

 


Maintes fois adapté au cinéma, "Cyrano de Bergerac" fait indéniablement partie du patrimoine culturel français. Son auteur, Edmond Rostand, n'avait guère connu le succès jusqu'à cette pièce et resta à jamais le créateur de Cyrano. En adaptant sa propre pièce de théâtre, qui rendait hommage à Rostand, Alexis Michalik passait pour la première fois derrière la caméra pour "Edmond". Salué par nombre de critiques, ce film ne déchaîna pas pour autant les foules. Alors, Edmond Rostand méritait-il mieux ? 

1897 : Edmond Rostand n'a rien écrit depuis sa dernière pièce et la ruine le guette. Pour éviter la ruine, il propose au célèbre acteur Coquelin de jouer dans sa prochaine pièce. Le comédien accepte, mais très vite, un problème se pose : Rostand n'a pas écrit la première ligne de la dite pièce et, alors que la date de la première approche, l'inspiration lui fait défaut. On ne jure à l'époque que par Feydeau et les écrits de Rostand n'ont guère de succès.
Il va devoir, en quelques jours, créer une nouvelle pièce, celle de la dernière chance. Ce sera "Cyrano de Bergerac".

Pour peu qu'on apprécie l'époque décrite (la Belle Epoque), on se régalera au visionnage de "Edmond" : l'immersion, à laquelle concourent décors et costumes, est totale. En s'affranchissant des limites de la scène théâtrale, où il rencontra un immense succès avec le matériau d'origine, Alexis Michalik gagne en amplitude et tire le meilleur de l'esthétique de l'époque. Mais la réussite globale de "Edmond" ne réside pas seulement dans sa forme. Le passage des planches au grand écran s'avère également bénéfique, en amplifiant les effets de rythme propres au théâtre. Presque rocambolesque (dans le bon sens du terme), "Edmond" ne présente aucun temps mort et ses rebondissements donnent une énergie notable à l'histoire qui nous est contée là. 

On pense énormément à "Shakespeare in love" en visionnant "Edmond", mais le fait est que ce film dispose tout de même de son identité propre, de sa patte qui en fait une œuvre qu'on a plaisir à visionner. La génèse (fictionnelle) de "Cyrano de Bergerac" et la façon dont un créateur accède enfin au succès qui se refusait à lui jusque là tient du parcours tant initiatique que de la course d'endurance. Pour fantaisiste qu'elle soit, l'histoire pousse le spectateur à admirer d'autant plus ceux qui aidèrent à la création du monument qui éclot pendant le film. 

L'interprétation magistrale d'Olivier Gourmet (une fois de plus) dans le rôle de Coquelin est sans doute l'un des plus beaux atouts du film, au point qu'il vole souvent la vedette à Thomas Solivérès, dans le rôle titre (pourtant fort convaincant). En vieux cabot qui touche enfin le rôle de sa vie (et contribue parfois à le créer), Olivier Gourmet prouve ici, s'il en était besoin, qu'il est un acteur sur lequel on peut monter un grand film. 

On ne peut que regretter que "Edmond" n'ait pas séduit plus de spectateurs. En décrivant ce qui se passe de l'autre côté du rideau et en mettant la lumière sur un créateur plutôt que sur sa créature, il optait pour une démarche dynamique et souvent amusante. Il aurait mérité plus de succès, sans l'ombre d'un doute...




 


3 commentaires:

  1. Au début, j'avais du mal à imaginer Thomas Solivérès en Rostand mais après quelques minutes de visionnage, je n'avais plus aucune réticence. Le reste du casting est excellent, Michalik écrit vraiment très bien et le film m'a donné envie de voir la pièce (de Michalik et de Rostand d'ailleurs). C'est agréable quand le cinéma offre ce genre de place à la littérature

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  2. Bonjour Laurent, j'avais aimé la pièce et j'ai adoré le film que j'ai même préféré à la pièce. Olivier Gourmet est excellent comme d'habitude.

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  3. J'ai trop adoré ce film ! Léger et pourtant si précis, fantaisiste et pourtant très intéressant avec une pléthore d'acteurs savoureux et inspirés. Un des meilleurs films de 2019 :)

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