En matière de films d'action, le cinéma français souffre, semble-t-il, d'un complexe, vis-à-vis de son cousin hollywoodien. Il aimerait bien faire aussi efficace, et remplir les salles à chaque fois, ou presque. Si certains (je ne citerais pas de noms, mais vous en trouverez sûrement plein) ont décidé de rentrer dans le moule, quitte à répéter peu ou prou le même film, d'autres tentent une déclinaison à la française de ce genre. Cela peut fonctionner et drainer les foules (je songe par exemple à "Ne le dis à personne" ou aux films de Fred Cavayé), comme cela peut déboucher sur un échec. Dans le cas de "La proie", d'Eric Valette, l'insuccès du film à sa sortie mérite d'être étudié.
Ancien braqueur ayant réussi à garder son butin caché, Franck Adrien finit de purger sa peine en prison. Malgré les menaces de ses co-détenus et de ses anciens complices, il a tenu bon, et compte bien profiter de son pécule une fois sorti de prison. Après avoir sauvé son co-détenu, victime d'une erreur judiciaire, d'une sévère correction, il se rend compte que ce dernier lui a menti, et compte s'en prendre aux siens, dès sa sortie. Contraint de s'évader, Franck va tout faire pour récupérer sa fille, et même devoir affronter ce à quoi il ne s'attendait pas. Pendant ce temps, il est traqué par la tenace Claire, policière sagace.
A la lecture du résumé ci-dessus, vous devez vous douter que ce film joue la carte du rebondissement à répétition, quitte à se passer d'un ingrédient indispensable à ce genre de thriller. Pour faire frissonner, il faut, rappelons-le à l'adresse des scénaristes qui sévissent dans le cinéma français, que les péripéties auxquelles on expose le héros soient crédibles. Parce que, dans le cas de "La proie", ça fait quand même beaucoup d'attaques à la crédibilité de l'ensemble. Que le héros ait tenu bon, durant toute sa détention et n'ait pas avoué où il avait caché son gros sac de billets, soit (même si l'endroit choisi est tout à fait improbable et peu crédible). Que celui qui mette la main sur le pactole soir justement son compagnon (provisoire) de cellule, passe encore (on pourrait, en grattant bien, songer à un hommage au fabuleux "La nuit du chasseur", mais je ne suis pas persuadé que ce soit voulu).
Et, enfin, que, pas de bol, ce dernier soit justement un...(roulement de tambour) tueur en série (non ? si !), ça fait beaucoup pour un seul film. Si le scénario est en partie inspirée des méfaits du sinistre Michel Fourniret, y avoir ajouté des intrigues secondaires (notamment autour de l'enfant du héros, qui - ô miracle scénaristique ! - ne parle pas), c'est pêcher par excès.
Pourtant, l'affiche était prometteuse, mais les interprètes semblent englués dans la toile d'araignée qui tient lieu de script : l'immense Albert Dupontel, qui avait jusque là mieux choisi ses rôles, Alice Taglioni, jamais crédible dans son rôle de flic tenace, Sergi Lopez, au rôle proche du deus ex machina totalement artificiel et Natacha Régnier, presque effacée forment un casting de rêve, mais sont bien mal employés. Celui qui tire le mieux son épingle du jeu est sans doute le rare Stéphane Debac, à la fois suave et vénéneux.
L'esthétique très clippesque et l'empilage de clichés nuit à ce film où tout le monde se court après et où les blessures n'empêchent pas de galoper comme un sprinter après une chute de plusieurs étages. Un thriller qui louche sur certains modèles efficaces à défaut d'innover, mais sans réussir à tenir ses promesses, à force d'accumuler les clichés et les facilités. C'est d'autant plus dommage que le casting se prête au jeu, quitte à être parfois ridicule et (surtout) peu crédible.
Il est sans doute vain de vouloir singer le modèle américain, pour réussir ce genre de film. Dans le cas de "La proie", le décalque est maladroit et contre-productif.
Plutôt sympathique à défaut d'être inoubliable.
RépondreSupprimerComme tu l'as lu, je n'ai pas accroché à ce thriller...mais ravi qu'il t'ait un peu plu.
SupprimerMerci du passage et très bonne année à toi, Borat !
Bonne année à toi aussi. :)
SupprimerDisposer d'un tel casting pour un aussi piètre résultat, c'est... fâcheux (euphémisme !).
RépondreSupprimerBonne année quand même, mon cher Laurent, et à bientôt !
Oui, ça m'a fait l'effet d'un certain gâchis.
SupprimerJe te souhaite une très belle année, Martin...à bientôt, du côté des bobines :)
Bonjour Laurent, pas vu ce film. Et c'est vrai que les thrillers français récents manquent de crédibilité. Bon dimanche.
RépondreSupprimerBonjour Dasola, tu peux passer ton chemin pour ce film...n'est pas Melville (au hasard) qui veut !
SupprimerBonne semaine
J'avais détesté ce film... Comme le dit Dasola, les thrillers français sont à la peine. Hier soir nous avons regardé La mécanique de l'ombre avec François Cluzet. Ca démarrait bien et puis, comme d'habitude, ça se met à tourner en rond pour finir en queue de poisson...
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