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jeudi 2 février 2017

Rock the Kasbah (2015)


Si on m'avait dit un jour qu'un film de Barry Levinson (à qui l'on doit tout de même "Rain Man" ou "Good Morning Vietnam", pour n'en citer que deux), avec le vénéré Bill Murray en tête d'affiche, sortirait directement en vidéo (du moins en France), l'étonnement aurait été au rendez-vous. Mais, ces dernières années, la distribution des films touchant parfois au paranormal, plus rien ne surprend les cinéphiles. Inspiré de faits réels, "Rock the Kasbah", avec également Bruce Willis, Zooey Deschanel et Kate Hudson a donc contourné les salles obscures. Faut-il s'en lamenter ?


Autrefois manager d'artistes célèbres et reconnus, Richie Lanz n'est plus que l'ombre de lui-même et s'est inventé un passé glorieux. La tournée de la dernière chance s'offre à lui, avec un concert humanitaire en Afghanistan. Il y entraîne une jeune chanteuse réticente qui lui file entre les doigts dès l'arrivée à Kaboul. Qu'à cela ne tienne, Richie va rebondir : la voix d'une jeune afghane sera l'instrument de sa renaissance. En la poussant à participer au télé-crochet à succès du moment, c'est aussi lui-même qu'il va révéler...

Inspiré de l'histoire de Setara Hussainzada, première femme ayant participé à l'émission "Afghan Star" (et déjà narrée dans le documentaire éponyme), "Rock the Kasbah" est une nouvelle déclinaison d'un schéma déjà éprouvé : celui de l'homme retrouvant un sens à sa vie, grâce aux autres. Rien de bien nouveau sous le soleil d'Afghanistan, donc. Et c'est bien dommage, car on avait ici pas mal d'ingrédients d'une réussite potentielle. 

Ne nous voilons pas la face, "Rock the Kasbah" est un film raté, en grande partie parce qu'il manque d'épaisseur et de structure, ressemblant souvent plus à une succession de sketchs destinés à mettre en vedette le personnage incarné par Bill Murray, au cours de ses rencontres, souvent improbables. Le choc des civilisations, a fortiori  dans le contexte d'un pays en guerre depuis toujours ou presque, aurait pu donner une toile de fond riche, mais qui n'est ici que survolée et jamais bien exploitée. Quant aux personnages, on a du mal à s'attacher à eux (mis à part, peut-être, celui de la jeune Afghane à la voix d'or, incarnée par Leem Lubany).


Personnage central du film, Bill Murray est égal à lui-même, dans une énième incarnation du type cool, un brin mystificateur, et finalement plus fragile qu'il ne veut bien le montrer. Autour de lui gravite toute une galerie de personnages hétéroclites, de la prostituée au grand cœur au mercenaire en manque d'action, en passant par les trafiquants en tout genre. Mais la nature même du "héros" (les guillemets ne sont pas superflus) empêche presque toute empathie et rend difficile l'attachement aux protagonistes et donc à ce qui leur arrive...

Succession de scènes rarement touchantes, souvent ratées, "Rock the kasbah" manque d'épaisseur et de rigueur. Son scénario, lâche et plein de trous, gâche une belle histoire qui méritait un meilleur traitement.Pour ne rien arranger, "Rock the Kasbah" n'utilise même pas l'excellent et (presque) éponyme morceau de The Clash. 
Quel gâchis...



Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, catégorie "Film non sorti en salles".


lundi 26 novembre 2012

Le secret de la pyramide (1985)


Un récent et excellent article sur la carrière de Steven Spielberg m'a incité à rédiger ce billet sur un film à mes yeux méconnu. Dans les années 80, Spielberg, après avoir accumulé les blockbusters (citons en vrac "Les dents de la mer", "Rencontres du troisième type", "Les aventuriers de l'arche perdue" et "E.T."), se lance dans le métier de producteur. Parmi les oeuvres sorties sous son égide, nombreuses seront celles qui rencontreront le succès public, comme "Retour vers le futur" ou "Gremlins". D'autres ont moins laissé de traces dans la mémoire collective et ne furent pas les triomphes qu'on attendait d'elles. "Le secret de la pyramide" (notons une nouvelle fois la médiocrité de la traduction française, le titre original étant "Young Sherlock Holmes", ô combien plus explicite !) est de ces films qui ne marquèrent pas le public à leur sortie et sont aujourd'hui oubliés (sauf des cinéphiles les plus avertis).

Londres, 1870 : le jeune John Watson fait sa rentrée à la Brompton Academy et y rencontre un élève particulièrement intrigant. Ce dernier, un certain Sherlock Holmes, est doté d'un brillant esprit de déduction. Les deux garçons vont sympathiser et bientôt se retrouver au centre d'une étrange affaire.
J'avoue tout de suite : mon avis est  peut-être partial, tant je suis client des aventures de Sherlock Holmes. Et si le scénario de ce film fait quelques entorses au "mythe" (notamment la rencontre entre Holmes et Watson), il faut reconnaître qu'il est bien agréable de se plonger dans ce qui pourrait être l'enfance du "consulting detective".

Au scénario, Chris Colombus (qui se fera connaître avec "Maman, j'ai raté l'avion" puis, beaucoup plus tard, avec le premier volet de la franchise "Harry Potter") nous épargne sur ce film le ton enfantin qu'il infligera plus tard aux films qu'il réalisera, au profit d'un script qui lorgne fortement vers l'aventure façon Indiana Jones, sans cependant omettre de glisser ça et là quelques pierres fondatrices (la pipe, le pardessus et le deerstalker sont introduits pour le plus grand plaisir des fans). Certes, l'histoire s'adresse avant tout aux adolescents plutôt qu'aux adultes, mais c'est avec un plaisir non feint qu'on suit les premières aventures du célèbre duo.
La réalisation est honnête, se mettant au service de l'histoire sans s'aventurer dans des audaces inutiles. Il faut dire qu'aux manettes se trouve le vétéran Barry Levinson (à qui l'on doit également "Rain man" et "Good morning Viet-Nâm" qu'il réalisera plus tard).
Quant à l'interprétation, elle est remarquable. Les jeunes Nicholas Rowe et Alan Cox, s'ils n'eurent pas par la suite la brillante carrière espérée, s'acquittent fort honorablement des rôles plutôt lourds qui leur sont confiés.

Pour la petite histoire, ce film est le premier à inclure un personnage conçu totalement en images de synthèse, réalisé à l'époque par Industrial Lignt and Magic (la division "effets spéciaux" de Lucasfilm) et, précisément, par un certain John Lasseter (qui fondera par la suite Pixar). Ce plan vaudra au film une nomination pour l'Oscar des meilleurs effets visuels.

L'échec de ce film reste déconcertant, au final, tant il est pétri de qualités pas forcément présentes dans d'autres grands succès de l'époque (non, je ne citerais pas de noms !). A défaut, j'incriminerais l'air du temps : Sherlock Holmes n'était pas encore "à la mode", à cette époque, sans doute. Les deux films de Guy Ritchie, pourtant bien plus discutables sur le fond et la forme, ont connu récemment un étonnant succès que mériterait, même a posteriori, "Le secret de la pyramide". A ce titre, je vous engage à revisionner ce film, si l'occasion vous en est donné.