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jeudi 20 octobre 2016

Explorers (1985)


La trajectoire de Joe Dante a déjà été évoquée dans ces colonnes, avec le somptueux, mais méprisé, "Panic sur Florida Beach" ou "Burying the ex", son dernier opus, sorti directement en vidéo. La récente et très chouette série "Stranger Things" m'a donné envie de me replonger dans les films des années 1980 mettant en scène des héros d'une douzaine d'années, se transformant, le temps d'un film, en aventuriers, souvent dans un contexte fantastique. "Explorers", sorti juste après son plus grand succès ("Gremlins") connut une gestation chaotique et fut balancé sur les écrans sans être totalement terminé. Presque logiquement, l'échec fut au rendez-vous : la carrière de Dante prit un tour funeste.

Le jeune Ben passe son temps libre à regarder de vieux films de science-fiction et à rêver. Avec son compère Wolfgang, un scientifique en culotte courte de génie, et l'aide de Darren, nouveau venu dans la bande, il va vivre une aventure surprenante. Eux qui sont d'ordinaire la cible des autres enfants du collège, vont mettre au point un vaisseau spatial et rencontrer deux étranges créatures extra-terrestres, qui ont de l'humanité une drôle d'opinion...

Les grands thèmes chers à Joe Dante sont, une nouvelle fois, présents dans "Explorers" : les héros y sont des enfants à l'imaginaire développé, aimant la science-fiction, fût-elle de série B (voire Z) et souvent rejetés par leurs camarades. A l'instar du héros de "Gremlins" ou de "Burying the ex", Ben et ses copains ont beaucoup en eux du réalisateur de ce film bancal. 
Après une première partie portant un regard tendre sur ses héros, on vire dans une sorte de n'importe quoi en plein espace. Les gamins se retrouvent dans un étrange vaisseau, peuplé de créatures qui auraient plus leur place dans le "Muppet Show" que dans "Alien". Dans cette partie du film, c'est plus l'embarras que la tendresse qui envahit le spectateur. Alors, certes, on pourra accabler la production du long métrage, dont les circonstances furent catastrophiques mais le fait est que le résultat à l'écran n'est pas (dans cette partie, en tout cas) très probant. Il faut attendre le retour sur Terre pour que revienne le ton doux-amer et rêveur du début du film, digne de Joe Dante.

En mettant à contribution de grands noms du cinéma fantastique (Rob Bottin, qui créa, entre autres, les créatures du "Legend" de Ridley Scott, Jerry Goldsmith à la bande originale, ou les magiciens d'I.L.M.), "Exporers" est cependant une réussite technique. Les effets spéciaux, avec trente ans de recul (déjà !) ont plutôt bien vieilli et sont à porter au crédit du film. On remarquera également la belle interprétation des jeunes Ethan Hawke, River Phoenix et du plus discret Jason Presson, une constante dans le cinéma américain de ces années. Il faut hélas déplorer la version française, particulièrement médiocre (surtout en ce qui concerne le doublage des facétieux extra-terrestres).

C'est un sentiment de déception et de regret qui envahira le spectateur se lançant dans un (re)visionnage de "Explorers". Si on y lit à maintes reprises l'amour immodéré de Joe Dante pour la science-fiction et, plus largement, les rêves de gosses qui s'aventurent au-delà du réel, sa concrétisation (dans des conditions chaotiques, rappelons-le) donne un film à peine terminé, souvent raté, parfois émouvant. Marquant le début de la fin pour son réalisateur, "Explorers" laisse un goût amer, alors qu'il aurait pu être enthousiasmant.








mercredi 31 décembre 2014

Predestination (2014)


Cela faisait longtemps qu'un film échoué au rayon direct-to-video n'avait été l'objet d'une chronique dans ces colonnes. Mais, grâce (ou à cause) à une campagne publicitaire habile, "Predestination" a attiré mon attention. Pensez donc : du voyage dans le temps et ce qui s'annonçait comme un film à vous retourner le cerveau, n'ayant pas eu droit aux salles obscures, autant dire du pain béni pour ce blog. 

L'homme qui tient le bar n'est pas ce qu'"il semble être, comme va le découvrir John, avec qui il entame la discussion. Il fait partie d'une organisation qui maîtrise le voyage temporel. Après avoir écouté l'étrange et poignante histoire de John, qui fut auparavant Jane, cet étrange voyageur, à la poursuite d'un dangereux terroriste qui menace l'équilibre mondial, va confier son secret à son nouvel ami. 
De toute façon, il doit finir sa mission, puis renoncer à son statut si particulier, quelles que soient les conséquences...

Tiré d'une nouvelle de Robert A. Heinlein, à qui l'on doit quelques textes majeurs de la science-fiction (comme "Etoiles, garde à vous !" qui inspira "Starship Troopers"), "Predestination" a le mérite de l'audace. S'attaquer au voyage dans le temps et aux inévitables paradoxes qui en sont le corollaire exige un certain talent pour que l'oeuvre soit réussie. On en a vu plus d'un se casser les dents sur pareil exercice. Non content de s'y frotter, les frères Spierig se sont attaqués à un texte qui évoque aussi l'identité et ce qui fait qu'un individu est ce qu'il est. A ce titre, le parcours de Jane/John, dont le compte-rendu phagocyte une bonne partie du film, est déjà une histoire dans l'histoire, et pourrait presque se suffire à lui-même.

Les deux réalisateurs allemands de cette production australienne, déjà repérés avec "Daybreakers" (avec Ethan Hawke, déjà), ont une patte, il faut leur reconnaître cette qualité. Le film possède indéniablement une identité visuelle et narrative, qu'il s'agisse du design général ou du rythme imposé au récit. Ils ont également une véritable audace, puisqu'à ce qui aurait pu n'être qu'un bon petit thriller de science-fiction, ils ajoutent une couche de complexité en s'attaquant à des questions quasi-existentielles.
C'est sans doute là leur erreur, puisque la dernière partie du film en pâtit lourdement, faute d'une vraie clarification. Partant de la grande question "l’œuf ou la poule ?", "Predestination" perd son spectateur en ne bouclant pas totalement la boucle (ou les boucles, d'ailleurs, j'ai un doute) du début du film. Bien évidemment, cette approche peut être vue comme une invitation au spectateur : prenez les commandes et décidez de ce qu'est la fin (ou le début, là aussi, j'ai un doute) du film.

Porté par un Ethan Hawke dans un de ses meilleurs rôles, et par une Sarah Snook remarquable dans celui d'un personnage inattendu et subissant des transformations physiques non négligeables, le film manque néanmoins d'une véritable colonne vertébrale, à mes yeux. Les motivations des personnages auraient gagné à être mieux définies, les enjeux à être franchement tracés.

On portera au crédit de "Predestination" une atmosphère, un design indéniable, ainsi qu'une ambition à saluer. N'eût été un brin de confusion dans sa résolution, nous aurions pu célébrer une grande réussite. A défaut, c'est déjà un très bon moment.