Drôle d'idée que celle d'adapter, pour le grand écran, la bande dessinée de Manu Larcenet, "Le combat ordinaire". Drôle d'idée, d'autant plus que le dessinateur avait refusé jusque là l'idée même d'un passage au grand écran de cette oeuvre. Il faut croire que Laurent Tuel (déjà flashé dans ces colonnes pour le très oubliable "Premier cercle") ait été persuasif, puisqu'il se vit confier la tâche de faire passer le combat ordinaire de Marco, le héros de la BD, sur les écrans noirs de nos nuits blanches. Malheureusement pour lui, le public n'a pas suivi. Autant les albums furent couronnés de succès (plus de 600 000 exemplaires, un score atypique, au regard du marché), autant le film fut un four, lors de sa sortie en salles.
Marco, photographe revenu des champs de bataille, livre un combat intérieur. Entre les images qu'il a du affronter, la maladie d'Alzheimer qui s'attaque à son père, sa peur de tout engagement, il n'y arrive tout simplement pas. Et puis, il y a ce voisin, qui n'est pas ce qu'il affiche, cette jolie vétérinaire qui soigne le chat de Marco et touche son cœur, le chantier naval et les anciens potes de Marco.
Il y a la vie, et il a du mal avec elle.
Il y a la vie, et il a du mal avec elle.
Difficile d'évoquer les bandes dessinées de Manu Larcenet sans sombrer dans l'éloge dithyrambique. Qu'il s'agisse de son monumental "Blast", du "Retour à la terre" (scénarisé par Ferri) ou de sa récente adaptation du "Rapport de Brodeck", cet échappé de Fluide Glacial s'impose comme l'un des maîtres du neuvième art hexagonal. Ses derniers albums, fouaillant l'âme humaine et ses turpitudes, sont à n'en pas douter de futurs classiques. A l'heure où la bande dessinée intéresse de plus en plus les producteurs cinématographiques, il était inévitable qu'un des opus de Larcenet passe sur le grand écran. Le problème est que "Le combat ordinaire" est un combat tout intérieur et que, par définition, il passe mal à l'écran.
Pour narrer les angoisses des personnages, ceux qui sont passés avant Laurent Tuel choisit de filmer
au plus près, souvent caméra à l'épaule, ce qui est sans doute une bonne idée. Il choisit également d'adapter en un seul film les quatre albums composant "Le combat ordinaire", mais n'obtient cependant pas un film dense et rempli. Au contraire, à plus d'une reprise, on a la sensation de ne faire qu'effleurer le véritable sujet. Sans oser approfondir sa démarche et faute de pouvoir s'affranchir du support initial, le film reste enfermé dans ses cases. N'offrant pas au spectateur la possibilité d'aller plus avant dans la tête de ses personnages (ce que le matériau d'origine rendait facile, aussi étonnant que ce soit), "Le combat ordinaire" laisse une impression de superficialité et parfois de vide.
au plus près, souvent caméra à l'épaule, ce qui est sans doute une bonne idée. Il choisit également d'adapter en un seul film les quatre albums composant "Le combat ordinaire", mais n'obtient cependant pas un film dense et rempli. Au contraire, à plus d'une reprise, on a la sensation de ne faire qu'effleurer le véritable sujet. Sans oser approfondir sa démarche et faute de pouvoir s'affranchir du support initial, le film reste enfermé dans ses cases. N'offrant pas au spectateur la possibilité d'aller plus avant dans la tête de ses personnages (ce que le matériau d'origine rendait facile, aussi étonnant que ce soit), "Le combat ordinaire" laisse une impression de superficialité et parfois de vide.
C'est l'interprétation qui sauve "Le combat ordinaire". Qu'il s'agisse de Nicolas Duvauchelle, de Maud Wyler, de Liliane Rovère, d'Olivier Perrier ou d'André Wilms, sans oublier les seconds rôles, tous remarquables, les acteurs donnent vie aux personnages de papier créés par Manu Larcenet. Le regret est d'autant plus fort : malgré des protagonistes pleins de cette humanité qui suintait des dessins originaux, le long métrage est souvent froid, comme s'il se contentait de voir, alors qu'il fallait regarder de près.