dimanche 5 mai 2013

La meute (2009)


Le cinéma de genre français, méprisé par le public et snobé par les critiques, est une catégorie très particulière, d'où jaillissent parfois des films qui mériteraient mieux que leur sort. J'ai déjà évoqué en ces colonnes le peu de succès que connut le très bon "Le convoyeur" de Nicolas Boukhrief. On pourrait évoquer avec le même sentiment d'injustice le film "La meute", qui s'aventurait sur le terrain du film d'horreur et ne déplaça hélas pas les foules lors de sa sortie.

Parce qu'elle a pris en stop un mystérieux jeune homme, Charlotte, qui taille sa route au son de ses disques de métal, va découvrir l'horreur. Dans un bar perdu loin de toute civilisation, elle va être confronté à l'indicible et se retrouver plongée dans une horreur sans nom.

Entre western post-industriel et film d'horreur, "La meute" a le mérite d'oser et de ne pas s'embarrasser de fioritures scénaristiques. On est donc là pour être secoué, surpris et, parfois, angoissé par ce qui se passe ou va se passer. Alternant adroitement séquences gore et dialogues savoureux, "La meute" témoigne d'un véritable talent de toute son équipe, réalisateur en tête. Ce dernier, Franck Richard, réalise là un premier film assumé et réussi, même si le succès ne fut pas au rendez-vous.

Interprété avec brio par un casting exceptionnel, "La meute" vaut le déplacement, ne serait-ce que pour ses acteurs. Yolande Moreau, honorée par ses pairs à maintes reprises, en surprendra plus d'un dans son rôle de tenancière de saloon à la gâchette facile. Quant à Benjamin Biolay, il se glisse avec délice, semble-t-il, dans la peau du vénéneux auto-stoppeur. Emilie Dequenne, plus habituée au registre du cinéma d'auteur, est également remarquable de bout en bout. Et il en est de même pour tous les autres membres de la distribution (Philippe Nahon, par exemple).

Certes, il y a quelques moments de flottement et le scénario aurait sans doute mérité d'être étoffé. Une fois que l'on a compris ce qui se passe réellement dans ce no man's land dominé par des terrils maudits, c'en est fini des surprises. Il n'y rien non plus de réellement révolutionnaire dans ce film, qui ne bouleversera pas les amateurs d'horreur.

Mais la réalisation démontre à elle seule le talent de Franck Richard, à qui l'on souhaite que des producteurs donnent une nouvelle chance rapidement.

Enfin, il serait injuste de ne pas évoquer l'esthétique du film, dont les décors et la photographie participent de l'ambiance malsaine, crade et poisseuse. Pour une fois qu'un film a le courage d'assumer son genre jusqu'au bout, soulignons-le. Puisqu'il s'agit, de plus, d'un film français, n'hésitez pas (si vous êtes amateur de ce genre) à lui donner une nouvelle chance.




4 commentaires:

  1. Je me souviens effectivement que la critique n'avait pas été tendre avec ce film mais avait salué la performance de Yollande Moreau, qui a finalement très bien rebondit après l'arrêt des Deschiens.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sans être inoubliable, "La meute" ne méritait pas de se faire démolir ainsi. Pour une fois qu'un film français ose sortir des sentiers battus et s'aventurer dans l'horreur, un peu d'indulgence s'imposait.

      Supprimer
  2. Un film étrange, je n'ai pas accroché même s'il ose quelquechose de rare dans le cinéma français. Et puis Benjamin Biolay, je ne peux pas l'encadrer ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. S'il n'a rien d'un chef d'oeuvre, ce film avait au moins le mérite du culot.
      Quant à Benjamin Biolay, je me suis réconcilié avec lui suite à "La Superbe"... ses prestations d'acteur sont cependant souvent sur le même registre du mystérieux/ténébreux (voir le récent "Au bout du conte")

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.