mercredi 2 avril 2014

Au suivant (2004)



Pour quantité d'observateurs, la comédie française est en plein naufrage, depuis quelques années. Ce registre, qui eut pourtant son âge d'or il n'y a pas si longtemps (sans nécessairement évoquer les grandes comédies populaires dont Louis de Funès était le représentant, on pourrait parler des films du Splendid), s'acharne à produire des films calqués sur le même modèle, comme si le spectateur n'attendait qu'un produit formaté, confortable et dénué de toute surprise. De temps à autre, une pépite émerge, sans forcément rencontrer le succès public, mais il ne s'agit qu'une goutte d'eau dans un océan de films convenus, qu'on retrouve après le sortie un dimanche soir en prime-time sur TF1. EuropaCorp, la société de production créée par Luc Besson (entre autres), grande pourvoyeuse de la dite tranche horaire, produisit en 2004 le premier long-métrage de Jeanne Biras, jusque là directrice de casting et réalisatrice de court-métrages. Avec moins de 200 000 entrées en France, ce film sombra vite dans l'oubli. 


Joséphine, alias Jo, directrice de casting, est une femme débordée, stressée et célibataire. Sa vie sentimentale est un désastre et l'être pour lequel elle a le plus d'affection est son chien. Quand celui-ci meurt de sa belle mort, elle croise le chemin de Bernard, qui est à mille lieues de l'idéal masculin de Jo. Sous le charme de la jeune femme, Bernard va tout faire pour croiser de nouveau son chemin et la séduire, malgré les nombreux aléas auxquels ils seront soumis...



Les plus sagaces de mes lecteurs l'auront compris, nous sommes dans le registre de la comédie romantique, déjà maintes fois à l'honneur dans ces colonnes. Les deux héros, que tout oppose au départ, vont peu à peu tomber dans les bras l'un de l'autre, avant de devoir affronter un ultime obstacle qui leur donnera enfin droit à un happy-end bien mérité. Le genre a ses adeptes et ses détracteurs, mais il a aussi ses vertus (notamment dans la tranche horaire dominicale déjà évoquée plus haut). 

Pour qu'une comédie romantique fonctionne, il faut déjà en respecter la recette, maintes fois éprouvée, qui présida au succès des canons du genre (comme "Quand Harry rencontre Sally", maître-étalon de la rubrique). Pour que la dite comédie sorte du lot, il faut du talent, de l'inventivité et un je-ne-sais-quoi qui charmera le public. Soyons lucides : "Au suivant" rate totalement sa mission et ce, dès les premières séquences. Ce n'est pas encore pour aujourd'hui qu'on aura droit à une réussite française dans ce registre. 

S'inspirant visiblement de son expérience de directrice de casting, Jeanne Biras reprend ici l'idée de base du court-métrage éponyme qu'elle avait réalisé en 2001 (et qui avait convaincu Luc Besson de la prendre sous son aile). Reposant sur un scénario visiblement écrit au fur et à mesure du tournage, "Au suivant" ne tient debout que parce que ses interprètes se donnent un mal de chien à faire vivre leurs personnages. Les admirateurs de Clovis Cornillac, notamment, seront ravis de le retrouver. S'il a eu maintes fois des choix malheureux (et c'est le cas ici), l'acteur donne à ses scènes l'énergie qui leur manque la plupart du temps. Alexandra Lamy est, quant à elle, moins inspirée : agaçante la plupart du temps, elle semble souvent se demander ce qu'elle fait là, à l'instar du spectateur. 

Réalisé sans talent, à peine scénarisé (au point qu'on se demande si certaines séquences n'ont pas été improvisées), "Au suivant" ne mérite pas de sortir de l'oubli où son insuccès l'a plongé. Les comédies romantiques américaines, malgré leur calibrage, ont encore de beaux jours devant elles...




14 commentaires:

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    1. Elle n'a pas tous les torts, dans ce film, même si elle est pour beaucoup dans le naufrage ;-)

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  2. Alexandra Lamy est quand même synonyme de grosses merdes les trois quarts du temps. Je crois que là c'est un de ses pires.

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    1. Il faut dire qu'elle choisit bigrement mal ses rôles. Une chose est sûre : ce film là n'est pas de ceux qui peuvent donner crédit dans son talent d'actrice.

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    2. Je ne l'ai jamais aimé comme actrice de toutes manières.

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    3. J'avais cru comprendre ;-)
      Le fait est que je lui trouve également peu de talent. Mais le ratage de ce film ne vient pas uniquement d'elle.
      Merci de ta fidélité à ce blog !

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    4. Oui en effet je suppose que la présence de Clovis Cornillac n'aide pas non plus.

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    5. Oh, ça n'est pas très gentil pour lui non plus, ça (mais c'est marrant !).... Il est vrai qu'ici, il se démène et en fait trop, visiblement laissé à lui-même...

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  3. C'est clair que c'est pas ça qui nous fera oublier Hugh Grant et Julia Roberts... Nous sommes ARCHI NULS en comédies romantiques.

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    1. Il est clair que, dans le domaine de la comédie romantique, hormis le cinéma anglo-saxon, c'est la misère, surtout dans l'hexagone. Pourtant, c'est un domaine dont les recettes sont connues (je les évoque souvent). J'ai l'impression que ceux qui s'y sont essayé louchaient plus du côté de la comédie que de la romance et que ce déséquilibre compromettait la réussite de l'ensemble.

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  4. Je trouve que le titre du film résume bien l'ensemble des comédies françaises, sans âme, vite vues (ou pas) et vite oubliées...

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  5. Là encore, un film que j'ai oublié depuis sa sortie en salles... Le genre de film sympathique sur le moment mais pas transcendant non plus ;-)

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    1. Celui-ci mérite d'être oublié, si tu veux mon avis. Son capital "sympathie" m'a échappé lors du visionnage.
      Merci d'être passé !

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