mardi 20 janvier 2015

Trois amis (2006)



L'amitié a maintes fois inspiré les scénaristes, de "Mes meilleurs copains" aux "Petits mouchoirs", en passant par "Comme des frères" ou "Peter's friends", pour ne citer qu'eux. Cette alchimie étrange qui fait que certains individus tissent des liens plus étroits que des frères et sœurs n'a pas fini d'alimenter les fictions. Michel Boujenah, qu'on ne présente plus au regard de son immense carrière sur les planches et au cinéma, a voulu brosser un tableau en l'honneur de ce grand et noble sentiment, avec "Trois amis", sa deuxième (et dernière) réalisation, après "Père et fils". Las, "Trois amis" n'eut guère de succès et hante désormais les grilles de la TNT.

Jeunes quadragénaires, Claire, Baptiste et César sont amis depuis toujours. Certes, leur amitié connaît des hauts et des bas, certes, leurs histoires de cœur et leurs passés respectifs viennent parfois fendiller le ciment qui les unit. Ils se disputent, se réconcilient, se perdent de vue et se retrouvent, comme tous les amis, malgré leurs différences, leurs caractères, malgré la vie qui les malmène.

En réalisant "Trois amis", Michel Boujenah tentait, à en croire le pitch, de répondre à des questions majeures : qu'est-ce qu'un ami ? Jusqu'où peut-on aller par amitié ? Il revendiquait même l'influence de Claude Sautet pour la construction de ses personnages. Il faut croire qu'il pécha par excès d'ambition, si l'on se fie au simple ressenti post-visionnage. Autrement dit, l'ami Boujenah a eu les yeux plus gros que le ventre. A défaut d'épaisseur et de sens, il nous livre ici un film au scénario semblant écrit au fil du tournage, sans cohérence ni véritable colonne vertébrale. La réalisation mollassonne  n'arrivant pas à faire illusion, les nombreuses faiblesses de l'histoire sont prises de plein fouet par le spectateur qui, du coup, n'adhère pas et ne peut s'attacher aux personnages.

Du côté de l'interprétation, c'est bien décevant : Kad Merad fait son numéro habituel, face à un Pascal Elbé qui réalise sans doute la meilleure des performances du film (ce qui n'était pas difficile). Mathile Seigner, égale à elle-même, agacera ceux qui ne la supportent pas (dont je suis). On pourra, à la limite, se consoler grâce aux seconds rôles, avec un Yves Rénier inattendu et surtout les scénes émouvantes où apparaît le regretté Philippe Noiret, dans son dernier rôle (et visiblement déjà très malade). 

Michel Boujenah a raté son coup, avec "Trois amis". Pensant sans doute célébrer l'amitié, il se
contente d'un film au scénario plus bricolé qu'écrit, accumulant les scènes incongrues et n'étant que très rarement drôle. On est sensé passer un bon moment entre amis. Il faut croire que ceux-là n'en sont pas de vrais.


4 commentaires:

  1. Tu es d'une témérité sans bornes pour livrer de tels improbables combats.. :-)

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    1. C'est une juste cause que celle de mon blog (quoique j'ai parfois des doutes)...et je sais que ces colonnes sont lues par des gens de qualité ;-).
      Merci, Ronnie !

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  2. Bien dit, Laurent ! Moi aussi je me "tape" de sacrés navets... histoire de donner une chance à tout le monde ! :D

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    1. Comme je le disais à l'ami Ronnie, notre cause est juste, Chonchon...même si le chemin est pavé de moments parfois douloureux pour les yeux (et le cerveau).

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