Il m'aura fallu une conférence sur la disparition de l'homme de Neandertal, pour que je m'intéresse à "Ao, le dernier Neandertal", film de Jacques Malaterre, connu pour ses documentaires (notamment "L'odyssée de l'espèce"). Abondamment cité par le conférencier, ce long-métrage n'avait pas, en son temps, séduit les foules. On peut le regretter, d'autant que les tentatives d'offrir au public des films à caractère documentaire, a fortiori s'il s'agit d'évoquer nos lointains ancêtres préhistoriques.
A l'aube de l'humanité, Ao, homme de Neandertal dont la tribu a été massacrée par des homo sapiens, erre seul dans ce qui sera plus tard l'Europe. Hanté par la vision d'Oa, son frère jumeau, il cherche à retrouver le clan de son enfance. En chemin, il est capturé par des homo sapiens et rencontre Aki, une jeune femme elle aussi prisonnière et promise à un funeste destin. Tous deux réussiront à s'évader : commence alors un long périple où les deux hominidés apprendront à se connaître.
Un film mettant en scène la préhistoire et nos ancêtres, voilà qui est chose rare. Qu'il soit en plus didactique et ne se permette pas (ou peu) de fantaisies sous prétexte d'épicer son scénario, c'est encore plus rare. C'était donc avec une bonne dose d'indulgence que j'abordai "Ao, le dernier Neandertal", inspiré d'un roman de Marc Klapczynski.
La reconstitution est de bonne facture, et l'on saluera le talent de Jacques Malaterre pour ce qui y est de recréer un monde et des personnages disparus. Ao prend vie sous nos yeux, incarné avec foi par Simon Paul Hutton (assez peu remarqué pour sa carrière jusqu'à présent), autant qu'Aki, interprétée par la très dynamique Aruna Shields. Mais, hormis l'aspect documentaire soigné de "Ao, le dernier
Neandertal", force est de constater qu'il reste peu de chose à se mettre sous la dent. Notre lointain ancêtre (dont la relation très forte avec la nature aurait gagné à être plus exploitée) et ses aventures n'emportent que peu le spectateur. Sans réussir à s'affranchir du genre documentaire et à offrir au public un véritable film d'aventures, pleinement assumé et cependant réaliste.
Enfin, le plus gros défaut du film est la présence horripilante des voix off, sensées décrire les pensées et sentiments des deux protagonistes. Là où une réalisation savante aurait suffi à mettre en évidence leurs états d'âme, la lourdeur de ces commentaires met en évidence le défaut majeur du film : sa narration.
Même avec trente années de plus, le remarquable "La guerre du feu" reste plus convaincant que cette épopée de l'espèce. Ao, lointain ancêtre oublié, aurait mérité mieux que ce film bien en-deçà des espérances qu'il générait.
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