vendredi 23 octobre 2020

Deux moi (2019)

De "Poupées russes" en "Auberge espanole", Cédric Klapisch avait un temps délaissé Paris, pourtant sa ville de coeur, où il avait planté sa caméra maintes et maintes fois à ses débuts. En choisissant d'y revenir avec "Deux moi", il n'a pas rencontré le même succès qu'autrefois. L'ultra-moderne solitude au temps des réseaux sociaux était pourtant un thème dans notre époque et, porté par François Civil et Girardot (déjà au générique de "Ce qui nous lie", le précédent opus de Klapisch, "Deux moi" méritait-il cet accueil frileux ?

Sans se connaître, Mélanie et Rémy, tous deux trentenaires, sont quasiment voisins. Ces jeunes Parisiens éloignés de leur famille, vivent seuls, malgré qu'ils soient connectés au monde entier, par la force des applications qui envahissent leur vie. Chacun suit sa route, chacun cherche sa voie, faite de jolis moments et d'épreuves venues du passé. A la fois si loin et si proches, Rémy et Mélanie sauront-ils se trouver et se retrouver eux-mêmes ? Sauront-ils trouver leur chemin, dans la grande ville ?

Par instants, Cédric Klapisch évoque, peut-être malgré lui, ses premières tentatives, notamment lorsque chacun cherche son chat, ou que les deux protagonistes se croisent sans se voir dans une boutique pleine de la vie et de l'optimisme dont étaient remplis les premiers opus de Cédric Klapisch. La patte du réalisateur, qui porte sur ses personnages un regard tendre, est tangible. Dans ce film simple, qui pourrait être défini comme une comédie romantique pas drôle, souvent mélancolique, celui qui nous ravit autrefois avec "Un air de famille" ou "Le péril jeune" se perd parfois à vouloir expliquer les failles et les faiblesses de ses personnages. En greffant sur ce conte urbain deux quêtes personnelles, personnifiés par les analystes qui suivent Rémy et Mélanie, Klapisch épaissit certes son intrigue, mais rend son film plus convenu et passe-partout que ce à quoi on pouvait s'attendre. 

Heureusement, ce conte moderne, qui montre que les rencontres sont avant tout l'affaire d'êtres humains plus que d'applications, dispose de jolis atouts qui l'empêchent d'échouer. Ce sont tout d'abord ses interprètes qui rendent "Deux moi" intéressant et agréable à suivre : François Civil, très prolifique ces derniers temps (même si ses choix ne sont pas toujours heureux) et Ana Girardot, particulièrement émouvante, incarnent avec sensibilité des personnages taillés sur mesure pour eux. Accompagnés par des seconds rôles savoureux (le grand Zinedine Soualem, fidèle du réalisateur, ou Simon Abkarian, en épicier enthousiaste) ou plus convenus (Camille Cottin ou François Berléand, en thérapeutes), les deux héros de cette romance aux temps des réseaux sociaux méritent à eux seuls le visionnage du film. La bande originale, comme souvent avec Cédric Klapisch, est particulièrement soignée et plaisante à l'oreille, tandis que l'esthétique générale du film réussit à rendre Paris particulièrement beau et cinégènique (on est dans la fiction, donc). 

Voilà un joli petit film, qui n'évite pas certains écueils, mais s'avère plutôt en phase avec son époque. Pour qui apprécie le cinéma de Cédric Klapisch, "Deux moi" est évidemment à voir. Pour les autres, il s'agira d'un moment plaisant de cinéma, même s'il ne sera sans doute guère mémorable. 




3 commentaires:

  1. Hermétique à Klapisch & son cinéma, pareil pour le charismatique Civil ( lui, il me file carrément des boutons tellement je le trouve mauvais ).
    Bon w-e Laurent

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    1. Je savais qu'il n'était pas pour toi, celui-là, Ronnie ;-)
      Très bon week-end !

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  2. Pas été convaincu par ce cru du père Klapisch. Je ne vois même pas trop où il veut en venir au final. C'est au final vraiment insignifiant.

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