vendredi 4 novembre 2016

On voulait tout casser (2015)


Les amis sont une famille que l'on se choisit, paraît-il. L'amitié, thème riche, a bien souvent été traitée par le cinéma, donnant parfois de grands films et souvent de moins bonnes cuvées. Les lecteurs de ce blog ne l'ignorent pas, je suis amateur du film dit "choral". deuxième réalisation de Philippe Guillard après "Le fils à Jo",  "On voulait tout casser" n'a pourtant pas cassé la baraque lors de sa sortie. Penchons-nous sur ce film, histoire de voir s'il valait mieux que cet accueil frileux. 

Ils sont amis depuis des années et ont chacun leur vie, leurs problèmes, leurs défauts. Quand l'un d'entre eux décide de tout plaquer et de se lancer dans un tour du monde à la voile, ses quatre potes s'interrogent, jusqu'à découvrir que Kiki, qui semblait le plus assagi d'entre eux, est atteint d'une maladie incurable et leur a caché la vérité. Autour du condamné, les amis sont là, comme toujours...

J'aurais du me méfier. Philippe Guillard (dont je n'ai pas vu "Le fils à Jo") est, depuis pas mal d'années, le coscénariste de Fabien Onteniente, l'un des coupables à mes yeux du naufrage de la comédie française (je vous rassure, il y a d'autres noms sur ma liste). Malgré le bénéfice du doute, il faut reconnaître, très rapidement que nombre des défauts que portent des films comme "Camping", "Turf" ou "Jet Set" se retrouvent ici, étant même amplifiés par le genre auquel Guillard se frotte sans complexe. Convoquant des thèmes forts et souvent intimes (la maladie, le couple, les enfants), le réalisateur choisit de les aborder avec la délicatesse d'un tractopelle, broyant sur son passage tout début d'émotion qu'il aurait pu générer. 

Au centre d'un film de potes, doivent normalement se trouvent des personnages attachants, humains, avec leurs belles qualités et leurs faiblesses humaines. Dans "On voulait tout casser", les amis en question ne suscitent aucune empathie, parce qu'ils sont des caricatures ambulantes, souvent vulgaires, toujours agaçants, et l'on comprend mal comment ces cinq là ont pu devenir et rester amis. Entre le beauf parvenu cherchant à épater les autres par ce qu'il a et non ce qu'il est, le père divorcé qui a toujours un train de retard ou d'avance (au sens figuré) et la brute de la bande, pour ne citer qu'eux, on n’éprouve jamais le moindre attachement pour ce club des cinq, qui affiche constamment un machisme assez nauséabond. Incarnés par des acteurs en roue libre et peu convaincants, les personnages qui devraient être le principal intérêt du film deviennent vite son défaut majeur. C'est fâcheux.

Et puis, il y a le scénario. Alors que le destin funeste du personnage joué par Kad Merad (qu'on sent à peine concerné par son rôle, d'ailleurs) devrait être l'axe autour duquel se construit ce film choral, il devient presque anecdotique, comparé à ce qui préoccupe ses amis, entre leurs paternités, leurs couples (passés, présents ou futurs), leurs petits ennuis matériels et les comptes qu'ils n'ont pas su ou pu régler entre eux. Là aussi, c'est la maladresse qui l'emporte et donne au résultat final un tour bien peu engageant. 

Là où il aurait fallu de la finesse, c'est l'épaisseur et la lourdeur qui règne. En fin de compte, ce film ne casse pas grand chose, si ce n'est pas l'enthousiasme initial du spectateur. Passez votre chemin, si vous cherchez un film choral digne de ce nom, ce n'est pas encore pour cette fois. 


9 commentaires:

  1. Oui je n'avais pas entendu beaucoup de bien de ce film, je pense effectivement ne pas le regarder !!
    Merci pour cette chronique franche !!
    Bonne journée !!!

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    1. Franchement, tu peux passer ton chemin sans regrets. Merci de ton passage, belle journée, Laura !

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  2. Tu n'as pas vu le fils à Jo, tu n'as rien manqué je te rassure ...
    Onteniente, Guillard, Moscato & consorts, toujours & invariablement le même brouet..... :(
    Bonne journée Laurent.

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    1. Je ne compte pas me faire de séance de rattrapage sur "Le fils à Jo". Marre de ces fossoyeurs du cinéma français.
      Belle journée, Ronnie !

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  3. Sur la foi des photos avec tous ces messieurs attablés, on pourrait jurer y voir un épigone de Sautet. Sur la foi de ton commentaire, ça ressemble plutôt à un sous-Esposito. Me trompe-je énormément ?

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  4. "le réalisateur choisit de les aborder avec la délicatesse d'un tractopelle..." = ahaha j'adore ce passage ! Je ne suis pas étonnée par ta critique, la bande-annonce laissait présager un film hyper louuuurd !

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    1. Merci, Tina. Tu peux éviter ce film... à moins que tu n'aies envie d'y consacrer un billet bien saignant ;-)

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    2. Je ne comprends pas de quoi tu parles :p

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