mardi 18 avril 2017

Small Soldiers (1998)


Encore une fois, ce blog se penche sur un film de Joe Dante, dont on pourrait penser qu'il s'agit d'un cinéaste maudit, alors que ses talents sont aujourd'hui célébrés par nombre de cinéphiles. "Small soldiers", vilipendé lors de sa sortie, mais gagnant avec les années ses galons, méritait-il l'accueil qui fut le sien lors de sa sortie ? La question vaut d'être posée et, suite au récent et passionnant dossier qu'a consacré l'ami Borat à Joe Dante, j'ai attaqué le visionnage de ce film, depuis longtemps sur ma pile. 

GloboTech, géant de l'armement, vient de racheter les jouets Heartland et le nouveau grand patron veut que son investissement lui rapporte. Pour cela, ses ingénieurs lancent une gamme de figurines interactives ; les Gorgonites et leur ennemi juré, le Commando Elite. Propulsés par une puce dédiée à l'armement, les deux clans vont prendre vie et s'affronter, sous les yeux d'Alan Abernathy, dont le père tient un magasin de jouets. Entre Gorgonites et Commandos, la guerre commence.

On peut voir en "Small Soldiers" un "Toy Story" du côté obscur. C'est vrai que Joe Dante pousse le curseur du cynisme plus loin qu'il ne l'avait fait pour "Gremlins 2", par exemple. L'attaque, souvent frontale, envers la société de consommation et le capitalisme (qui n’épargne pas les les studios), est violente, mais souvent intelligente et efficace. Cela n'a rien d'étonnant, quand on connait un peu Joe Dante, qui laisse ici entrevoir sa férocité.

Les grands thèmes classiques de Joe Dante sont présents, comme toujours. Son héros est, une nouvelle fois, un jeune garçon vivant à l'écart des autres, souffre-douleur de ses camarades de classe, mal aimé de ses parents et se réfugiant dans l'imaginaire. Une fois encore, Dante injecte beaucoup de lui-même dans son héros, même si cela est moins visible que dans "Panic sur Florida Beach", par exemple. 

On pourra tiquer sur les effets spéciaux, qui ont bien mal vieilli, mais qui furent créés quasiment au jour le jour, ou sur les défauts du scénario, parfois modifié juste avant le tournage. Il n'empêche que le message est là, virulent et jouissif, et que Dante s'en prend avec délectation à Holluywood et à l'industrie du divertissement en général. Réalisé dans des conditions qui auraient rendu fou plus d'un metteur en scène, charcuté lors de son montage et balancé sur les écrans dans des conditions plus que discutables, "Small Soldiers" pouvait-il être un succès ? Vendu comme un film pour enfants, mais rempli d'un contenu acerbe et critique, ce film sans concession est inclassable.

"Les jouets, c'est l'enfer", proclame l'un des personnages à la fin du film. La part d'enfant chez Joe Dante aurait pu faire sienne cette maxime et l'appliquer à l'industrie cinématographique, qui laisse bien peu de place à la part d'enfance, dès lors qu'elle sort des sentiers battus et rebattus. On ne peut cependant qu'être admiratif devant la passion persistante de ce grand enfant pour le cinéma.


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film que je dois voir depuis des années".


8 commentaires:

  1. UN des chefs d'œuvre de Joe Dante, remis récemment à l'honneur dans l'excellent dossier que lui a consacré Borat (bourré d'infos sur les films, à lire absolument pour tout ceux qui aiment ce réalisateur). La verve dantesque bat son plein, aussi corrosif qu'un starship troopers croisé avec Toy Story. On aura beau chercher, il n'est pas sorti un film pareil destiné à un (plus ou moins) jeune public depuis... sans doute celui-là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue lui préférer "Panic sur Florida Beach", mais ce film est un des films majeurs de Joe Dante. Et je salue encore Boprat pour son excellent dossier sur ce réalisateur majeur.

      Supprimer
  2. Déjà merci pour la pub, ça me va droit au coeur et je suis content que cela t'as donné envie de le voir. Idem pour Prince.
    Pour le reste, c'est probablement le film de Dante le plus acide et pourtant il en a fait. En comparaison, on dira plutôt que La seconde guerre de sécession est un film visionnaire et malheureusement bien triste. Là on est plutôt face à un film qui dézingue à peu près tout le monde: les sociétés privées, les studios hollywoodiens, l'armée, Barbie... Dante perverti particulièrement ces derniers en montrant qu'un GI Joe peut être plus menaçant qu'un personnage bizarre et que l'image proprette des Barbies peut être modifiés et les rendre de parfaites psychopathes ultra sexuées! Une d'entre elles est même une poupée Jackie Kennedy! :D Puis il y a Kirsten Dunst dedans et elle écoute du Led Zep. Le rêve. ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Malgré ses défauts de fabrication (en grande partie dus à sa production chaotique et quasiment au jour le jour), ce film vaut le détour, parce qu'il tient un discours féroce et assez jubilatoire.
      Merci de ton passage, Borat.

      Supprimer
  3. Je l'ai vu il y a trèèès longtemps. J'imagine qu'il a dû vieillir visuellement

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh bien, j'ai trouvé que les années ne pesaient pas trop lourd sur ce film, figure-toi !

      Supprimer
  4. Ca me donne envie d'y rejeter un coup d'oeil. Je n'avais pas été très emballée, mais au vu des commentaires, j'ai peut-être loupé quelque chose ! (il y a beaucoup de films que j'ai vus malade, en 2006/2007, mes avis étaient donc sûrement faussés par la fatigue.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est possible : récemment, vus du fond du lit, certains films essuyèrent mon courroux, peut-être en partie à tort...

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.