samedi 16 mars 2019

Maestro (2014)


Mort en 2009, Jocelyn Quivrin avait vécu une expérience professionnelle qui le marqua : jusque là amateur de films d'action, il avait été choisi par Eric Rohmer pour jouer dans "Les amours d'Estrée et Céladon". Suite à ce qui avait changé sa vision du métier d'acteur, il écrivit, avec Léa Frazer, un synopsis relatant ce tournage pas comme les autres. Peu après le décès de l'acteur (suivi de celui d'Eric Rohmer), Léa Frazer décida de concrétiser ce projet étrange et très personnel : elle réalisa donc "Maestro", film sorti en 2014. Hélas, le succès public ne fut pas au rendez-vous.

Alors qu'il est plus intéressé par les films d'action que par le cinéma d'auteur,Henri, jeune acteur ambitieux mais sans le sou obtient un rendez-vous avec Cédric Rovère, un vieux réalisateur aux antipodes de ses aspirations. Quand il obtient le premier rôle du prochain film de ce grand monsieur du cinéma, il ne sait pas encore qu'il va découvrir tout un monde qui lui était jusqu'alors étranger. Sur le plateau de tournage, l'équipe est réduite et les moyens tout autant. Mais Henri apprend un autre cinéma, qui pourrait bien lui plaire, finalement.

Doté d'un joli casting, "Maestro" est un drôle de film. On pourrait tout d'abord penser qu'il se moque du cinéma d'auteur, tant il pointe les travers de ce registre du septième art. Mais la critique est adroite et, surtout, jamais déplacée. Les films parlant de cinéma ont souvent été maladroits parce que trop flatteurs ou trop critiques. Étonnamment, "Maestro" réussit à se maintenir en équilibre entre les deux approches et pose sur le cinéma d'auteur un regard tendre.

C'est un film léger, que ce "Maestro", mais c'est aussi un film agréable, bien qu'ayant vu le jour suite à des circonstances dramatiques. Il est difficile, en le visionnant, de chasser de ses pensées son créateur original, Jocelyn Quivrin. On se réjouit évidemment de la prestation de l'immense Michael Lonsdale, autour duquel gravitent quelques belles jeunes pousses du cinéma français. En tête, Pio Marmaï, Deborah François et Alice Belaïdi, pour ne citer que ces trois-là.

Empli de bienveillance sur un cinéma souvent méprisé du grand public, "Maestro" mérite plus que le peu de chaleur qu'il reçut lors de sa sortie. Parce qu'il est le fruit d'une belle rencontre et aussi d'un grand drame, ce film qui regarde le cinéma se faire, pour mineur qu'il soit, est une friandise plutôt agréable.



4 commentaires:

  1. Quel bel hommage ! Ca m'a donné envie d'une rétrospective ;)

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    1. Ce fut pour moi une agréable surprise : je lirai la rétrospective avec plaisir, Selenie :)

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  2. Je découvre en ce moment le cinéma de Rohmer (quasiment fini ses contes), ton billet tombe à pic, ce film m'intéresse !

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    1. Ravi d'avoir éveillé ton intérêt pour ce film, Tina !

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