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mardi 7 janvier 2020

Budapest (2018)


Il semblerait que la recette, jadis imparable, de la comédie française se soit perdue. Certes, il se peut qu'avec le temps, on regarde avec plus de tendresse des films mineurs et qu'on leur trouve des vertus comiques impossibles à attribuer à des œuvres plus récentes. Mais, pour une "Grande vadrouille", combien de "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?", combien de "Supercondriaque" ? La faute en revient-elle à l'époque ou à l'absence d'inspiration de ceux qui nous proposent d'aller au cinéma ? Une des grandes tendances actuelles de la comédie semble être l'outrance. Depuis "Very bad trip", on ne compte plus les films dont les protagonistes sont victimes ou coupables de gags "hénaurmes", comme disait l'autre. Plus c'est gros, plus ça passe, dit l'adage. Ou pas, parce que dans le cas de "Budapest", énième film dont les héros sont dépassés par les événements, ça n'a pas pris auprès du public. 

Parce qu'ils n'ont pas réussi à fonder leur start-up, à l'instar de leurs compagnons d'études, deux amis, Vincent et Arnaud, choisissent de lancer un business inattendu : celui des enterrements de vie de célibataire à Budapest. Là-bas, paraît-il, tout est permis : l'alcool coule à flots, dans des boîtes de nuit pharaoniques où les strip-teaseuses  valent leurs consœurs de Las Vegas.
Leur business démarre sur les chapeaux de roue, tant et si bien qu'il finit par les dépasser et leur échapper. 


En quelques séquences, "Budapest" réussit à accumuler un nombre invraisemblable de clichés sur la capitale hongroise. Si les excès décrits dans ces scènes sont authentiques (après tout, plus rien ne m'étonne), leur entassement n'en fait pas pour autant un film. Autrement dit, ce n'est pas en reliant, tant bien que mal, des scènes cocasses (et pas toujours drôles) qu'on raconte une histoire. C'est plutôt le procédé inverse qu'il faut utiliser, si vous voulez mon avis. Du coup, "Budapest" ne fonctionne jamais, en tant que film.

Et ce n'est pas la réalisation, souvent frénétique et qui empêche de suivre clairement ce qui se passe, tant elle met en valeur les excès susdits, aux dépens de la pseudo-histoire et des personnages. Ces derniers, incarnés par des acteurs en roue libre ou en retrait, mais jamais dans le juste milieu, ne sont jamais sympathiques et, même lorsqu'ils sont en proie aux pires ennuis, on ne peut s'empêcher de penser qu'ils l'ont bien cherché. Qu'il s'agisse de Jonathan Cohen, de Monsieur Poulpe ou de Manu Payet, ils auraient mieux fait de s'abstenir de participer à cette vaine pochade. 

Copie à peine voilée de "Very Bad Trip", "Budapest" arrive (hélas pour lui) après la bataille. Ceux qui se sont gondolés devant l'original ne le trouveront pas au niveau de son prédécesseur et ceux qui n'ont pas goûté l'outrance de la ballade à Las Vegas passeront leur chemin.




mardi 12 novembre 2019

Père Fils Thérapie (2016)


Oh, un remake, un de plus ! Dans cette catégorie, qui me fait régulièrement pester, "Père Fils Thérapie" a un signe particulier : celui qui réalisa son remake, Emile Gaudreault, était déjà aux commandes de l'original, le film québecois "De père en flic", plusieurs fois récompensé dans son pays d'origine (ce qui explique probablement la mise en oeuvre du dit remake). Cela dit, la réussite (publique) de l'original ne fut pas contagieuse, puis que "Père Fils Thérapie" passa sous les radars des spectateurs. 

Flic de choc et d'élite, Jacques Laroche ne s'entend pas avec son fils Marc. Alors que l'un de ses collègues est retenu en otage par un parrain mafieux, Jacques et Marc intègrent un stage de réconciliation entre père et fils, auquel participent aussi l'avocat du dit parrain et son rejeton, entre lesquels ça ne va pas très fort non plus. 
En gagnant la confiance de l'avocat, les policiers espèrent sauver leur collègue...et réparer leur relation père-fils. 

En matière de mise en place de son intrigue (ou, si vous préférez, de prétexte à la situation comique), "Thérapie Père-Fils" se montre laborieux, comme vous avez pu le deviner dans le pitch que je viens de vous faire. Il y avait sans doute plus simple et moins consommateur de temps et d'énergie. Arrivés au fameux stage, les protagonistes peuvent enfin apprendre à se connaître et à s'apprécier, jusqu'à la conclusion sans surprise aucune. 

La situation de base, laborieusement exposée, et utilisant un contexte de thriller, est vite laissée de côté pour céder le pas aux relations entre pères et fils. A coups de situations incongrues et de répliques qui font parfois mouche, la comédie déroule alors son fil, tant bien que mal. Mais, si le matériau de base était sans doute viable (j'avoue n'avoir pas vu le film original), "Père Fils thérapie" donne l'impression d'un objet bancal, qui ne fonctionne que rarement. 
Souffrant dès le début d'un déséquilibre entre ses personnages (puisqu'il consacre de longues scènes au duo Richard Berry - Waly Dia), le film ne se redresse jamais complètement, faute d'un traitement équitable entre ses protagonistes et entre les thèmes qu'il exploite. 

On aurait pu espérer que le film soit sauvé par ses interprètes, mais là aussi, c'est le déséquilibre qui est flagrant : Richard Berry, surjouant, n'est jamais drôle, tandis qu'on est souvent gêné pour Jacques Gamblin, embarqué dans une galère qu'il ne méritait pas. C'est du côté de la jeune génération (Waly Dia en tête) que vient la seule note de fraîcheur du film, à coups de dialogues piquants, mais insuffisants à relever l'ensemble. 

Poussif, rarement drôle, "Père-Fils Thérapie" est une comédie laborieuse, singeant maladroitement des modèles pas forcément recommandables venus d'outre-Atlantique. Encore un remake pour rien. 




lundi 28 octobre 2019

Les tribulations d'une caissière (2011)


 
A peine visibles, souvent méprisées, parfois insultées, les caissières (oh, pardon, les hôtesses de caisse) sont le dernier maillon de la chaîne de la grande distribution. Rémunérées au ras des pâquerettes et devant souvent affronter des conditions de travail épouvantables, celles d'entre elles qui ne sont pas encore remplacées par des caisses automatiques, sont souvent regardées de haut, quand elles ont la chance d'être remarquées. En 2011, le roman, en partie autobiographie d'Anna Sam, "Les tribulations d'une caissière" (alimenté par le blog qu'elle tenait) fut porté à l'écran. Mais, si tout le monde ou presque utilise leurs services, ils furent peu nombreux, ceux qui allèrent voir ce long métrage. 
Solveig est caissière chez Parody. Elle n'a pas choisi ce métier, loin s'en faut, mais il faut bien gagner sa vie. En secret, Solveig alimente un blog où elle raconte sa vie de caissière. Ses articles font grand bruit dans la profession. Quand Solveig croise, sous la neige, le regard du beau Charles, elle se prend à rêver à des jours meilleurs et à un monde où les caissières seraient mieux considérées. 

Avec pareil matériau de base, on était en droit de s'attendre à un film social, porteur de revendications ou, au moins, de témoignages sur le métier ingrat des caissières. Plusieurs approches s'offraient au réalisateur (Pierre Rambaldi, dont c'est le premier film) et au scénariste, Michel Siksik (qui joue également un petit rôle) : l'angle documentaire ou celui, plus fréquent, de la comédie porteuse d'un message. Mais, comme vous avez pu le lire dans le pitch, le choix fut fait de glisser dans l'histoire de Solveig une composante romantique. A posteriori, ce qui pouvait paraître une bonne idée est le ver dans le fruit.

Qui trop embrasse, mal étreint, dit l'adage populaire. Cela est vrai aussi pour les films : "Les tribulations d'une caissière", à vouloir exploiter plusieurs registres avec un matériau qui n'en demandait pas tant, est un film bancal, qui ne remplit finalement aucune des missions qu'il s'est donné. Malgré l'évident enthousiasme de Deborah François, sur qui le film tout entier repose, la mécanique tourne vite à vide et génère au mieux un ennui poli, au pire l'envie de passer à autre chose. Le casting, assez inégal : les personnages campés par Marc Lavoine et Elsa Zylberstein sont caricaturaux et desservent l'entreprise plus qu'ils ne la servent, pour ne citer qu'eux. 

Pour atteindre son but, "Les tribulations d'une caissière" aurait du choisir une voie : à osciller entre drame social et comédie romantique, le film n'aboutit à rien. C'est regrettable, car le sujet méritait mieux que cela. Évoqué dans le très chouette "Discount", le sort des caissières est de ces causes qui valent un film. Avant qu'elles ne soient remplacées par ces horribles caisses automatisées (où bon nombre de clients se pressent malgré tout), ce n'est pas en visionnant ce film qu'on changera quoi que ce soit. Si vous voulez mon avis, il suffit d'un sourire et de quelques mots aimables. Ceux qui cherchent à passer leurs nerfs dans les grandes surfaces n'ont qu'à aller insulter les bornes automatiques (et ceux qui les mettent en place).




samedi 16 mars 2019

Maestro (2014)


Mort en 2009, Jocelyn Quivrin avait vécu une expérience professionnelle qui le marqua : jusque là amateur de films d'action, il avait été choisi par Eric Rohmer pour jouer dans "Les amours d'Estrée et Céladon". Suite à ce qui avait changé sa vision du métier d'acteur, il écrivit, avec Léa Frazer, un synopsis relatant ce tournage pas comme les autres. Peu après le décès de l'acteur (suivi de celui d'Eric Rohmer), Léa Frazer décida de concrétiser ce projet étrange et très personnel : elle réalisa donc "Maestro", film sorti en 2014. Hélas, le succès public ne fut pas au rendez-vous.

Alors qu'il est plus intéressé par les films d'action que par le cinéma d'auteur,Henri, jeune acteur ambitieux mais sans le sou obtient un rendez-vous avec Cédric Rovère, un vieux réalisateur aux antipodes de ses aspirations. Quand il obtient le premier rôle du prochain film de ce grand monsieur du cinéma, il ne sait pas encore qu'il va découvrir tout un monde qui lui était jusqu'alors étranger. Sur le plateau de tournage, l'équipe est réduite et les moyens tout autant. Mais Henri apprend un autre cinéma, qui pourrait bien lui plaire, finalement.

Doté d'un joli casting, "Maestro" est un drôle de film. On pourrait tout d'abord penser qu'il se moque du cinéma d'auteur, tant il pointe les travers de ce registre du septième art. Mais la critique est adroite et, surtout, jamais déplacée. Les films parlant de cinéma ont souvent été maladroits parce que trop flatteurs ou trop critiques. Étonnamment, "Maestro" réussit à se maintenir en équilibre entre les deux approches et pose sur le cinéma d'auteur un regard tendre.

C'est un film léger, que ce "Maestro", mais c'est aussi un film agréable, bien qu'ayant vu le jour suite à des circonstances dramatiques. Il est difficile, en le visionnant, de chasser de ses pensées son créateur original, Jocelyn Quivrin. On se réjouit évidemment de la prestation de l'immense Michael Lonsdale, autour duquel gravitent quelques belles jeunes pousses du cinéma français. En tête, Pio Marmaï, Deborah François et Alice Belaïdi, pour ne citer que ces trois-là.

Empli de bienveillance sur un cinéma souvent méprisé du grand public, "Maestro" mérite plus que le peu de chaleur qu'il reçut lors de sa sortie. Parce qu'il est le fruit d'une belle rencontre et aussi d'un grand drame, ce film qui regarde le cinéma se faire, pour mineur qu'il soit, est une friandise plutôt agréable.



samedi 28 janvier 2017

Un petit boulot (2015)


Pascal Chaumeil, réalisateur de "L'arnacoeur" et de "Un plan parfait" nous a quittés il y a peu, juste après la réalisation de "Un petit boulot". Son dernier film, oscillant entre policier et comédie noire, ne rencontra pas le même succès que sa précédente collaboration avec Romain Duris. Ce cocktail, trop rare dans le paysage cinématographique hexagonal, méritait-il un accueil si frileux ?

Comme tous ses copains et collègues, Jacques s'est retrouvé au chômage lorsque l'usine qui faisait vivre la région a fermé. Abandonné par sa compagne et endetté jusqu'au cou, le jeune homme se voit proposer un petit boulot par un des parrains locaux : tuer la femme de celui-ci. D'abord réticent, Jacques finit par accepter et remplit le contrat avec facilité. C'est le début d'une drôle d'histoire, pour Jacques, et peut-être d'une nouvelle vie...

En signant pour ce "Petit boulot", le spectateur est rapidement mis dans le bain : d'abord social, le ton du film prend des allures de comédie, en grande partie grâce aux dialogues (signés par Michel Blanc, auquel ce talent ne sera jamais assez reconnu), avant d'opérer un virage vers le polar, le tout mâtiné d'un brin de romance sur la fin (mais je n'en dirai pas plus, le spoiler est banni de ces colonnes). L'exercice est donc risqué, de vouloir jouer sur plusieurs tableaux, on en conviendra. Là où le film français se contente d'exploiter confortablement un seul thème, quitte à l'user jusqu'à la corde (voire plus), le regretté Pascal Chaumeil ose, avec l'adaptation du roman de Iain Levinson, une audace que l'on n'attendait plus.

Si l'exercice n'est pas totalement réussi, il faut avouer que ce film se regarde avec un vrai plaisir, du début à la fin, ce qui n'était pas arrivé depuis belle lurette dans le cinéma français populaire (non, je ne vise personne...ou presque). Certes, le mélange des genres n'est pas toujours heureux et réussi, et engendre quelques maladresses nuisant à la cohésion de l'ensemble, mais l'ensemble tient mieux qu'on ne pouvait l’espérer. Cette réussite est essentiellement due à un scénario sans temps mort alimenté par des dialogues souvent savoureux et à des interprètes très en forme, surtout en ce qui concerne les seconds rôles. 

Si la prestation de Romain Duris est efficace à défaut d'être remarquable, ceux qui le secondent apportent le supplément d'âme qui donne tout son intérêt au film. Qu'il s'agisse de Gustave Kervern, en débonnaire au bord du gouffre, de la délicieuse Alice Belaïdi, pleine de vie, d'Alex Lutz, en inspecteur sans âme, et bien évidemment du trop rare Michel Blanc, qui nous rappelle ici ses talents de scénariste et de dialoguiste au passage, ce sont eux qui permettent au film de dépasser les espoirs fondés en lui. Au passage, on regrettera la présence de la voix-off, artifice inutile et pesant, puisqu'il assiste le spectateur là où la mise en scène et le montage devraient suffire. 

C'est une agréable surprise que ce "Petit boulot" peut réserver aux amateurs de comédie noire. On est encore à plusieurs coudées sous le niveau des experts en la matière (comme les frères Coen, par exemple), mais ce film, sans être inoubliable, est très au-dessus de la moyenne du cinéma français. Certes, ce n'était pas excessivement difficile.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, catégorie "Film français".



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