mercredi 10 avril 2019

Madame Hyde (2017)



Il est des classiques de la littérature qui font régulièrement l'objet d'une nouvelle relecture au cinéma. On ne compte plus les avatars de Dracula, par exemple. Le romande Robert Louis Stevenson, "Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde", également au nombre de ces classiques, a fait récemment l'objet d'une nouvelle adaptation, en toute discrétion. Serge Bozon, qui m'avait déjà laissé perplexe avec "Tip top", retrouve ici Isabelle Huppert, lui offrant le rôle titre de "Madame Hyde". Cela ne suffit pas à assurer le succès du film. 

Madame Géquill, timide et peu sûre d'elle, est professeur de physique dans un lycée professionnel et n'a aucune autorité sur ses élèves, qui ne la ménagent pas. Si son mari la soutient, son encadrement professionnel ne lui est d'aucune aide et chaque cours est pour elle un échec. Lors d'une expérience, la pauvre est frappée par un éclair. Dès lors, va se développer chez elle une nouvelle personnalité, tandis que rôde alentour une étrange femme de lumière.

Point n'est besoin d'être expert en littérature pour comprendre que "Madame Hyde" est une énième adaptation du roman de Robert Louis Stevenson, qui fit les beaux jours du cinéma fantastique (souvenons-nous de Spencer Tracy dans ce rôle mémorable, pour n'en citer qu'un exemple). En l'occurrence, c'est plutôt avec de gros sabots que Serge Bozon y va. La frêle Madame Géquill, effacée et timorée, s'illumine lorsqu'elle devient Madame Hyde, quitte à provoquer le pire.
So what, comme disait l'autre ?
Que nous raconte le film de Serge Bozon, que les autres n'ont pas dit ? En s'aventurant sur le terrain social (puisqu'il évoque le parcours scolaire de jeunes en difficulté), on pouvait penser qu'il apporterait une pointe de nouveauté et qu'il ferait de ce matériau quelque chose de neuf. Il n'en est rien, hélas : l'assemblage ne fonctionne pas. Si la faute en incombe essentiellement à un scénario qui tourne en rond et est souvent plein de vide, la mise en scène est aussi à pointer du doigt. 
Quelque chose sonne "faux" chez "Madame Hyde", tant dans la réalisation que dans l'interprétation. Cette impression, plutôt désagréable, d'artificialité laisse le spectateur sur le côté et l'empêche d'embarquer dans l'histoire proposée. Les comédiens donnent l'étrange impression d'être livrés à eux-mêmes, et de ne pas adhérer à l'histoire qu'ils interprètent. Malgré son immense talent, j'avoue avoir été surpris qu'Isabelle Huppert soit récompensée à Locarno pour ce rôle, tant il en est d'autres ou elle fut brillante. Derrière elle, il faut se rabattre sur les plus jeunes acteurs de la distribution pour trouver un (petit) motif de satisfaction, tant les seconds rôles sont peu crédibles (la palme du jeu "à côté de la plaque" revient sans conteste à Romain Duris, pour le coup).

Errant entre le désarroi d'une professeure en détresse, les difficultés de la cité et la touche de fantastique (qui finalement n'apporte pas grand chose), "Madame Hyde" est un film bancal, auquel on ne croit guère. Ce n'est pas avec lui que je vais me réconcilier avec le cinéma de Serge Bozon. D'ailleurs, je ne suis pas sûr d'en avoir envie.






2 commentaires:

  1. Si je peux me permettre, c'est à Locarno et non Berlin (dieu merci quelque part vu ce que tu dis sur le film...).

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