vendredi 17 mai 2013

Renoir (2012)



La dynastie des Renoir est riche d'artistes. Les cinéphiles songent bien évidemment à Jean Renoir, metteur en scène de "La grande illusion", mais on peut également se souvenir de son père, le peintre Auguste Renoir, dont certaines toiles sont passées à la postérité (par exemple, "Le moulin de la galette") et qui fut également sculpteur. A l'instar de Van Gogh, ce grand peintre a eu récemment droit à un film, consacré à ses dernières années. Ce film ne reçut pas, cependant, le même succès public que celui consacré au tourmenté Vincent Van Gogh et dans lequel Jacques Dutronc incarnait le peintre, devant la caméra de Georges Pialat.

Alors qu'il approche de la fin de sa vie et que son corps lui fait rudement sentir le poids des années, le peintre  Auguste Renoir, sur la Côte d'Azur, voit revenir du front son fils Jean, blessé lors des combats. Autour du peintre gravitent des femmes qui l'ont aimé et continuent de le servir, ainsi que la troublante Andrée , son dernier modèle. Elle va faire chavirer le cœur du jeune soldat et bouleverser l'équilibre du petit univers des Renoir.

Une chose est sûre : ce film regorge d'images sublimes et la photographie met diablement en valeur tant les paysages du Sud-Est de la France que le corps d'Andrée, rousse flamboyante inspirant à Renoir ses dernières toiles. Cela dit, on l'a déjà dit et répété : des images, aussi splendides soient-elles, ne suffisent pas à faire un bon film. Il faut pour cela une ossature solide : un scénario avec un début, un milieu et une fin. Au visionnage de "Renoir", il faut reconnaître que cette colonne vertébrale est le maillon faible de l'ensemble. Il n'est ici question que de l'affrontement entre deux Renoir, l'un à la fin de son remarquable parcours, l'autre ne faisant qu'entrevoir son avenir, tandis qu'une bourrasque rousse va de l'un à l'autre, bouleversant tout sur son passage.

Du côté des acteurs, le bilan est plus que mitigé. Michel Bouquet est bien évidemment impérial, mais il est difficile d'en dire autant des jeunes interprètes. Entre le "trop" de Christa Théret et le "trop peu" de Vincent Rottiers (déjà aperçu dans le très beau "A l'origine"), la jeune génération peine à s'inscrire dans les très belles images offertes par Gilles Bourdos, déjà réalisateur du "Et après..." (tiré du roman de Musso).

C'est du côté de la forme qu'il faut chercher pour identifier ce que "Renoir" a de plus réussi : des plans sublimes, des couleurs dignes des grands peintres, une bande originale à l'avenant (Alexandre Desplat est à la baguette). Mais, une fois passée la contemplation de cette beauté formelle, il faut bien reconnaître que, sur le fond, "Renoir" souffre d'un vide cruel. Il se passe peu de choses et l'introduction de nouveaux personnages (comme celui de Romane Bohringer), sans doute afin d'épaissir le film, n'y fait rien.

Au final, si "Renoir" regorge de splendides images, c'est un film qui ne tient pas ses nombreuses promesses. C'est fort dommage, car le patronyme donna au septième Art l'un de ses plus grands artisans : à ce titre, il aurait pu s'agir d'un bel hommage.


2 commentaires:

  1. Le biopic, quelle que soit la personne qui l'inspire, est toujours délicat. Il faut bien choisir la personnalité dont on raconte la vie et surtout il faut un angle d'approche. Malheureusement, de trop nombreux films se contentent d'aligner des faits qui n'ont aucun intérêt et au final, c'est chiant (oui il faut le dire, chiant).

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    1. Effectivement, c'est le cas pour celui-là. Tout beau qu'il soit, il lui manque une histoire.
      Merci de ta fidélité à ce blog !

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