mercredi 29 avril 2015

Words and Pictures (2013)


Sous des dehors de simplicité, la comédie romantique, genre à part entière, obéit à des règles auxquelles il ne faut pas déroger. Il suffit d'un écart, d'une fausse note et c'est toute la jolie mélodie qui devient cacophonie. Maintes fois, furent évoquées en ces colonnes des exemples de films ayant échoué (ou pas) dans cet exercice dont nombre de cinéphiles sont friands. Fred Schepisi, vétéran du septième art (on lui doit "Créatures Féroces" et "La maison Russie", dans deux registres très différents ) s'est attaqué à ce genre avec "Words and Pictures", qui mettait en scène un duo inattendu mais pourtant très bankable. La présence sur l'affiche de notre Juliette Binoche nationale et de Clive Owen n'a pourtant pas suffi. Avec des recettes américaines à peine suffisantes pour boucler son budget cantine, le film n'est pas sorti dans les salles hexagonales...

Jack Marcus, professeur de littérature dans un lycée huppé, est sur la sellette. Son penchant pour l'alcool l'a mis plus d'une fois dans de délicates situations. L'arrivée dans son établissement de Dina Delsanto, une peintre qui officiera en tant que professeur d'arts plastiques, vient bouleverser son existence. 
Bien décidée à ne pas s'en laisser conter par ce vieux râleur, l'artiste-peintre se lance tout comme lui dans une bataille. Des mots ou des images, qui l'emportera ? Et si l'amour venait mettre son grain de sel dans tout cela ?

Comme vous l'aurez compris à la lecture du petit résumé que je viens de vous faire, nous avons droit avec "Words and Pictures" à un schéma traditionnel, partant de la rencontre entre deux êtres que tout semble opposer mais qui vont se rapprocher au fur et à mesure du film, avant de devoir subir une ultime épreuve qui conduira au happy-end bien mérité pour tous. Pour enrichir cette base trop souvent servie au public, Fred Schepisi et son scénariste, Gerald Di Pego (connu pour le navrant "Phénomène" ou le très mélodramatique "Une bouteille à la mer"), utilisent un autre affrontement, celui de la littérature et de la peinture. Pourquoi pas, me direz-vous ? 

Dans le décor d'un lycée comme il n'en existe probablement nulle part sur terre, les deux héros, dotés d'élèves qui redonneraient espoir à tout membre de l'Education Nationale, se lancent dans une guerre à grands coups de pinceaux et de mots, profitant de l'occasion pour élever l'esprit de leurs étudiants et régler leurs psychoses personnelles, qu'il s'agisse d'alcool ou d'estime de soi. Qui trop embrasse, mal étreint, dit la sagesse populaire, qui bien souvent est dans le vrai. A force d'ajouter des couches de romance et de pathos, Schepisi finit par faire déborder le vase. Trop, c'est trop, et l'on n'y croit plus : on a beau être dans le registre de la romcom, il faut que tout cela reste crédible. La comédie romantique, même si elle projette un rêve, se doit de garder les pieds sur terre pour fonctionner.

Le scénario excessif qui torpille "Words and Pictures" est d'autant plus regrettable que ce film possède cependant quelques atouts, à commencer par ses interprètes. Juliette Binoche excelle une fois de plus (on profitera de l'occasion pour admirer ses toiles et rager de voir que certaines personnes ont décidément tous les talents), face à un Clive Owen lui aussi remarquable. On leur pardonnera donc d'avoir cédé à la tentation de jouer dans ce film oubliable, mais c'est bien parce que c'est eux.




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