jeudi 17 mars 2016

A la poursuite de demain (2015)


Qui pourrait croire qu'en parcourant (ou plutôt en subissant, les parents lisant ces lignes me comprendront) l'attraction "It's a small world" du parc d'attractions le plus célèbre du monde, on puisse voyager dans le temps ? Blague à part, le récent "A la poursuite de demain", sorti l'an dernier, a engendré des pertes catastrophiques pour Disney. Pourtant, sur le papier, il avait bon nombre d'atouts.

Chaque individu a sa vision du futur, qu'il soit empli de rêves ou territoire de cauchemar. Quand Casey Newton, une adolescente géniale et rebelle, trouve par hasard un étrange badge, sa vie change du tout au tout. L'objet la propulse dans la vision d'un autre monde, semblant n'exister que dans un futur hypothétique. Avec l'aide de l'étrange Athena et d'un inventeur reclus, Frank Walker, elle va découvrir que le futur n'est pas ce qu'elle rêve, mais pourrait bien le devenir.

Alternant vision spectaculaire d'un futur dystopique et scènes d'action, "A la poursuite de demain", réalisé par le remarquable Brad Bird (issu de Pixar, et qui l'on doit des bijoux tels que "Les indestructibles" ou "Ratatouille") a connu une genèse difficile et douloureuse. Entre multiples interventions sur le scénario (à la base écrit par Damon Lindelof, l'un des showrunners les plus en vue du moment), changements de casting (Dwayne Johnson fut finalement remplacé par George Clooney, par exemple). Après l'expérience catastrophique de "John Carter", on était donc en droit de se demander si Disney avait bien fait de se lancer dans des productions ambitieuses, au vu des piètres résultats obtenus (en terme de retour sur investissement, comme on dit dans les hautes sphères).

Pourtant, lorsqu'on visionne "A la poursuite de demain", on est agréablement surpris, voire emporté par le tourbillon que représente ce film. Certes, son intrigue n'a rien de surprenant (on est chez Disney et le happy-end fait partie du cahier des charges), mais le traitement de l'histoire et l'approche esthétique montrent une vraie démarche artistique, bien loin des sentiers habituellement balisés des productions de chez Mickey. A mille années-lumière de "  La reine des neiges" (et avec une audience aux antipodes), "A la poursuite de demain", commencée comme une attraction de Disneyland, vire rapidement au thriller futuriste, doté d'un véritable discours de fond (avec un propos presque politique, ce qui est plus qu'inattendu). A plusieurs reprises, on peut songer au célèbre "No fate, but what we make for ourselves", le credo de Sarah Connor. La noirceur et le pessimisme pointent leur nez plus d'une fois, brisant sans peine la couche de sucre glace qui est pourtant la norme chez les héritiers de Walt.

Alors, oui, "A la poursuite de demain" (malgré son titre français) avait moult qualités, dont une réalisation remarquable, une esthétique inédite, un scénario moins primaire que celui du premier blockbuster venu et une interprétation sans faille. Mais, visiblement, cela ne suffit pas à attirer les spectateurs dans les foules. A en croire certaines critiques, l'intrigue de "A la poursuite de demain" était de nature à perdre les spectateurs. Il aurait déjà fallu que Disney réussisse à les faire entrer dans les salles obscures. On peut s'interroger (surtout après l'autre monumental bide que fut "John Carter") sur la capacité du studio aux grandes oreilles à vendre autre chose que son produit standard : le dessin animé ponctué de chansons pleines de mélasse.

Tout porte à croire que l'immense succès (mérité) du dernier opus de la franchise "Star Wars", tombée dans le giron de Disney, n'ait finalement rien à devoir à sa maison de production, mais qu'au contraire, cette dernière lui doive beaucoup.




14 commentaires:

  1. Hello Laurent !

    Je n'avais pas adoré ce Disney, mais j'y avais vu certaines choses originales, comme tu l'as souligné, et je regrette qu'il n'ait pas eu plus de succès. J'ai l'impression aussi qu'il n'a pas été très bien promu. Comme si Mickey lui-même n'avait pas cru à cet opus un peu décalé de ses "produits" habituels. Dommage !

    Franchement, ça nous change des films à suite et des franchises infinies, aussi. Je n'en fais pas un incontournable, mais j'en garde d'assez bons souvenirs et le plaisir de l'avoir vu sur grand écran.

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    1. Bonsoir Martin...on est d'accord, le problème majeur de ce film pourtant doté d'atouts, c'est Disney. C'est bien fâcheux.

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  2. Je ne suis pas hyper fan de ce film. Il y a de belles choses visuellement, de bonnes intentions, un message optimiste, la gamine Athéna assez attachante mais pour être honnête, je me suis fait chier devant, j'ai trouvé la musique envahissante et la fin d'une niaiserie sans nom...

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    1. Visuellement intéressant, ce film pêche par son scénario pas assez pêchu, c'est vrai. C'est dommage, il avait un vrai potentiel. Merci de ta fidélité, Tina.

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  3. Un film foutu en l'air par son studio qui vraisemblablement n'en avait rien à foutre. Comme John Carter. Comme Lone Ranger. A croire que dès qu'un film un tant soi peu inventif, ils en ont rien à foutre. La promo de Tomorrowland n'a même pas le quart de celle d'un Marvel alors que c'est une production purement maison. Bien sinistre quand on voit le niveau de cette production. Un pur bijou de science fiction, mettant en avant des personnages féminins top, des effets spéciaux superbes et un Brad Bird donnant un sens rétro savoureux. Ce qui n'est pas sans rappeler le monumental Géant de fer qu'il a réalisé en 1999.

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    1. Ce film pose question, comme on dit, sur la capacité (et/ou la volonté) de Disney de produire dignement des films et de n'être pas seulement une machine à cash.
      Je ferai prochainement un article sur "John Carter", je crois qu'il le mérite amplement.

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    2. Un film qui a gagné en réputation avec sa sortie vidéo. Tant mieux.

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    3. Oui, j'ai l'impression qu'il a effectivement droit à sa deuxième chance. J'en suis ravi.

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  4. Je n'ai pas vu ce film et, pour tout dire, le visuel promis par la bande-annonce ne me faisait pas particulièrement envie. Mais voilà, Brad Bird est tout de même à la manœuvre, et si j'en crois ton excellente défense et l'appui argumentaire de Borat, il vaut mieux que ce que veulent bien nous laisser entrevoir les communicants de chez Disney. Je crois bien que j'irai y faire un tour à "Tomorrowland" dans un futur plus ou moins proche.

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    1. Je serai lecteur de ton retour sur ce film hybride, entre intéressante vision, esthétique ébouriffante et promotion calamiteuse, Prince.
      Merci d'être passé.

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  5. Comme toi, j'ai été agréablement surpris par le film dont je n'attendais pas grand-chose. Malgré la touch Disney très présente, il y a vraiment une ambiance très particulière et réussie au final.

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    1. Ravi de voir que mon opinion générale est partagée (et aussi l'incompréhension face à la démarche de Disney).
      Merci d'être passé !

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  6. Un film que j'avais complétement loupé.
    Pourtant parfait pour le cours de seconde sur les femmes dans la SF : il nous sort des stéréotypes habituels et passe haut la main le test de la schtroumpfette & le test de Bechdel. Merci de me l'avoir fait découvrir ! ;-)

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    1. Voici donc un argument supplémentaire en faveur de ce film.
      Merci d'être passé dans le coin, Caracalla ;-)

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