Pour nombre de cinéphiles, "La ligue des gentlemen extraordinaires" est le film qui précipita la retraite de Sean Connery, acteur principal et producteur du film. Pour les amateurs de bande dessinée, ce film est l'une des pires adaptations d'une oeuvre d'Alan Moore. Le fait est que la majorité se range à un avis : c'est un mauvais film. Alors, maintenant que le temps a passé et qu'il aurait pu donner une patine de respectabilité ou un certain charme à "La ligue des gentlemen extraordinaires" mérite-t-il son sort ?
1899 : alors qu'entre les grandes puissances, les bruits de guerre se font plus forts, l'Angleterre recrute quelques-uns des plus grands héros de l'époque, pour lutter contre le Fantôme, un terroriste cherchant à monter les nations les unes contre les autres. Sous la houlette de M, Allan Quatermain, le Capitaine Nemo, l'homme invisible, Tom Sawyer, Mina Harker, le Docteur Jekyll et Dorian Gray vont œuvrer de concert pour sauver la paix. Mais de sombres machinations sont en marche, à leur insu...
1899 : alors qu'entre les grandes puissances, les bruits de guerre se font plus forts, l'Angleterre recrute quelques-uns des plus grands héros de l'époque, pour lutter contre le Fantôme, un terroriste cherchant à monter les nations les unes contre les autres. Sous la houlette de M, Allan Quatermain, le Capitaine Nemo, l'homme invisible, Tom Sawyer, Mina Harker, le Docteur Jekyll et Dorian Gray vont œuvrer de concert pour sauver la paix. Mais de sombres machinations sont en marche, à leur insu...
S'il a remboursé son budget, "La ligue des gentlemen extraordinaires" fut descendu en flammes de façon quasiment unanime. Et, malgré le temps passé, il faut reconnaître que ce traitement reste mérité. Oublions donc la séance de rattrapage pour ce film qui a (en plus) mal vieilli. Stephen Norrington, visiblement sous l'inspiration néfaste de Roland Emmerich et de Michael Bay, cherche à en mettre plein la vue au spectateur, sans se soucier de la cohérence de l'histoire qu'il était censé narrer. Le réalisateur, essentiellement connu pour son "Blade" (que j'avais trouvé efficace à l'époque, mais mériterait peut-être un revisionnage), se fait plaisir en usant et abusant des effets spéciaux (une de ses spécialités, mais force est d'avouer que les effets sont ici plutôt moches) mais oublie qu'il est là pour raconter une histoire et qu'elle doit tenir debout.
Malgré un matériau de base richissime, qui pourrait alimenter sans peine quelques saisons d'une série télévisée, Norrington expédie les séquences d'introduction des héros et oublie de les doter de la moindre personnalité, comptant sur le charisme des acteurs pour leur conférer l'épaisseur indispensable. Si Sean Connery est évidemment crédible, on n'en dira pas tant de ses comparses, en particulier de Stuart Townsend (déjà éjecté du rôle d'Aragorn dans "Le Seigneur des Anneaux"). Chargés de sauver un film dont l'intrigue part dans tous les sens au mépris de la crédibilité, les interprètes sont finalement condamnés à assister au naufrage du navire sur lequel ils ont embarqué (et nous avec eux).
Malgré un matériau de base richissime, qui pourrait alimenter sans peine quelques saisons d'une série télévisée, Norrington expédie les séquences d'introduction des héros et oublie de les doter de la moindre personnalité, comptant sur le charisme des acteurs pour leur conférer l'épaisseur indispensable. Si Sean Connery est évidemment crédible, on n'en dira pas tant de ses comparses, en particulier de Stuart Townsend (déjà éjecté du rôle d'Aragorn dans "Le Seigneur des Anneaux"). Chargés de sauver un film dont l'intrigue part dans tous les sens au mépris de la crédibilité, les interprètes sont finalement condamnés à assister au naufrage du navire sur lequel ils ont embarqué (et nous avec eux).
Alan Moore a un jour déclaré au sujet des films tirés de son oeuvre "Ce sont des films idiots, sans la moindre qualité, une insulte à tous les réalisateurs qui ont fait du cinéma ce qu'il est, des magiciens qui n'avaient pas besoin d'effets spéciaux et d'images informatiques pour suggérer l'invisible. Je refuse que mon nom serve à cautionner d'une quelconque manière ces entreprises obscènes, où l'on dépense l'équivalent du PNB d'un pays en voie de développement pour permettre à des ados ayant du mal à lire de passer deux heures de leur vie blasée. La majorité de la production est minable, quel que soit le support. Il y a des films merdiques, des disques merdiques, et des BD merdiques. La seule différence, c'est que si je fais une BD merdique, cela ne coûte pas cent millions de dollars." (D-Side n°29). En visionnant "La ligue des gentlemen extraordinaires" il est difficile de lui donner tort.
Ahah sacré Moore ! Et on ne peut même pas lui donner tort... Très mauvaise adaptation, effectivement. Tiens, cela me donne plutôt envie de relire la BD. Je me demande d'ailleurs si j'ai la série complète ? A vérifier.
RépondreSupprimerC'est un personnage, cet Alan Moore, effectivement. Merci du passage, Sentinelle !
SupprimerEn soi le film n'est pas une totale bouse, il y a quelques idées visuelles, il essaye des trucs (même si globalement les cgi sont voyants à 20 kilomètres notamment le "pourfendeur des mers") et Sean Connery est pas mal (bien meilleur que dans Chapeau melon et bottes de cuir) comme Jason Flemyng.
RépondreSupprimerMais bon sang on est à mille lieues de la bd, dont il adapte très librement le premier opus. Mina est une vampire. Quatermain devient le leader, au revoir l'alcoolisme et la drogue. L'homme invisible est un connard pas bien méchant. Hyde est très gentillet. On rajoute des personnages à l'utilité franchement limité. Moriarty devient un bel homme et exit toutes allusions à Sherlock Holmes. Ça fait malheureusement beaucoup de libertés pour un film bien trop lisse.
Toutefois il y a une petite précision notable. Norrington s'est fait emmerdé durant toute la production. De ce que j'ai compris, il n'a même pas eu le final cut et s'est fait dégager de la salle de montage. Le patron de la Fox Tom Rothman (qui a aussi envoyé chier Bryan Singer pour X Men 3, ne voulant pas attendre un éventuel retour après Superman returns) l'a littéralement dégoûté du cinéma, au point qu'il n'a rien réalisé depuis. A mon sens, le vrai responsable de ce fiasco est avant tout Rothman et ses exécutifs. Je ne dis pas que le film aurait été meilleur, mais quand le réalisateur en vient à te dire que ça a tué sa carrière, ce n'est pas pour rien.
Merci pour ce commentaire, Borat et ce plaidoyer (efficace !) en faveur de Norrington. J'adore ce genre de précisions, merci !
SupprimerD'ailleurs rien d'étonnant à ce qu'il se soit vite échappé du reboot de The crow. Il a vu que ça ne marchait pas, que ça ne suivait pas, il s'est barré avant de finir comme sur La ligue. D'ailleurs le projet est toujours au point mort! Un coup c'est le réal qui se tire, un coup c'est l'acteur choisi, parfois les deux!
SupprimerJe crois d'ailleurs qu'ils'agit de la dernière apparition de Sean Connery au cinéma, quel dommage de terminer une carrière là-dessus (d'autant qu'il est un des rares éléments satisfaisant du film)...
RépondreSupprimerC'est ce que je dis dans mon introduction ;-)
SupprimerEn tout cas, on est d'accord : triste fin de carrière pour ce grand acteur.
Bonsoir Laurent, je confirme que j'avais trouvé ce film nullissime. Pauvre Sean! Bonne fin de soirée.
RépondreSupprimerBonjour Dasola, c'est vrai qu'on a l'impression d'un immense gâchis (en partie explicable par les éléments apportés par Borat, quelques commentaires plus haut). Triste clap de fin pour Sean Connery, effectivement.
SupprimerCoucou,
RépondreSupprimerEt bien... à l'époque j'avais beaucoup aimé ce film (calmez-vous, je n'avais que 14 ans !). Je ne connais pas la BD d'origine et pour moi c'était la découverte de nombreux personnages incroyables : une vampire, un mec invulnérable, un capitaine, un docteur-hulk, un super tireur.
J'étais plutôt ravie de cette aventure.
Maintenant, j'avoue ne pas l'avoir revu depuis plusieurs années, je ne sais pas si je serai toujours autant émerveillée. Je suppose que si je garde mes yeux d'enfants ça ira, sinon, vu toutes les mauvaises critiques que j'ai pu lire, pas sûr que j'apprécie encore son visionnage...
Franchement pas top en effet ces "gentlemen", et comment ne pas abonder dans le sens du toujours très mesuré Mr Moore.
RépondreSupprimerD'ailleurs, pour ne plus qu'on lui pique ses idées, il a carrément arrêté la BD maintenant.
Espérons que ses romans (puisqu'il exploite maintenant cet autre de ses talents) soient inadaptables...ou bien protégés contre le passage à l'écran.
SupprimerLe film dont la production à dégoûter Sean Connery du cinéma. Quand, à la première du film, un journaliste lui a demandé où était le réalisateur (il n'était pas venu) Connery lui a répondu "visiter l'asile du coin". Clairement ils ne se sont pas entendu et cela s'est tellement mal passé avec les studios que le comédien ne supportait plus l'industrie.
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