jeudi 5 octobre 2017

Les fous du roi (2006)


Un fabuleux casting devrait faciliter le succès d'un film. En général, c'est le cas et j'imagine que c'est une équation logique dans la tête des producteurs et du public. Mais il est des films pour lesquels, malgré la présence d'acteurs célèbres, le succès n'est pas au rendez-vous. "Les fous du roi" fait figure de modèle du genre. Les têtes d'affiches étaient pourtant nombreuses (pensez donc : Sean Penn, Jude Law, Anthony Hopkins, Kate Winslet, James Gandolfini et Mark Ruffalo, pour ne citer qu'eux) et l'on aurait pu penser que le succès du film était assuré, ainsi que la moisson de récompenses académiques à laquelle il aurait pu prétendre. Il n'en fut rien.

Etats-Unis, années 50 : Jeune politicien idéaliste, Willie Stark n'a de cesse de dénoncer la corruption de ceux qui gouvernent la Louisiane, son état. Alors, quand on lui suggère de s'engager en politique et de se lancer dans la course aux suffrages en vue d'en devenir gouverneur, Stark se sent investi d'une mission. Avec son franc-parler, il séduit vite le petit peuple et commence une ascension rapide, sous les yeux incrédules de son entourage. Mais, bientôt, lui aussi va devenir la proie de ce qu'il reprochait aux politiciens en place...

En évoquant la trajectoire de Willie Stark, Steven Zaillian (déjà réalisateur de "Préjudice" et de "A la recherche de Bobby Fisher") choisit de narrer l'ascension et la chute d'un idéaliste corrompu par sa propre ambition. Au passage, notons que ce film est un remake du film du même nom de 1949 (qui rafala quelques Oscar), lui-même adapté d'un roman (couronné du prix Pulitzer), ce dernier inspiré de la trajectoire du gouverneur Henry P. Long. Les plus fins connaisseurs des rouages d'Hollywood verront dans "Les fous du roi" le prototype même du film à Oscar. 

Malheureusement, et dès le début du film, "Les fous du roi" échoue à exposer ses enjeux, à présenter ses protagonistes et les intérêts qui les motivent. Pourtant scénariste avant (et après) d'être metteur en scène, Steven Zaillian, qui avait fait un travail plus qu'honorable en collaborant aux scripts de films tels que "La liste de Schindler"  ou "Mission : impossible" (celui de Brian de Palma), livre une adaptation pas très lisible et surtout sans relief ni ambition.

Caricaturant ses personnages plus que les mettant en scène, le scénario ne parvient jamais à captiver le spectateur, qui se contente d'admirer (ou pas) le jeu des acteurs. Parmi les gâchettes convoquées pour être ces "Fous du roi", tous ne sont pas hélas au meilleur de leur forme. Sean Penn, par exemple, est souvent dans l'excès, optant pour une gesticulation qui fatigue plus qu'elle ne convainc (et la version française aggrave encore son cas), tandis que Jude Law se contente de poser. Il faut se tourner vers les seconds rôles pour trouver un tant soit peu de conviction (on appréciera de revoir le regretté James Gandolfini, pour ne citer que lui). 

L'impression de confusion et, surtout, le manque total de curiosité, voire d'intérêt que suscite ce film est la cause majeure de son échec. Avec un scénario digne de ce nom, il aurait pu s'agir d'une belle fresque. Faute de cet élément indispensable, ce n'est qu'un film médiocre et oubliable.



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