Bienvenue sur "Deuxième Séance", blog consacré au cinéma, et plus précisément aux films n'ayant pas connu le succès (critique ou public) lors de leur sortie (à tort ou à raison)...
Une fois n'est pas coutume, plongeons aujourd'hui dans le cinéma français du millénaire passé pour exhumer un film oublié de tous ou presque. Réalisé par Serge Leroy, "La Traque" présentait un casting remarquable, mais ne fut pas pour autant le succès espéré. Comment se fait-il qu'un film où se côtoyaient Jean-Pierre Marielle, Michael Lonsdale et Jean-Luc Bideau, pour ne citer qu'eux, n'ait marqué personne ou presque ? Sorti en 1975, ce film n'a bénéficié d'une sortie vidéo que cette année : en matière de visibilité, il y a de quoi s'interroger.
Jeune universitaire nommée à Caen, Helen Wells vient visiter une maison qui l'intéresse, dans la campagne normande. Le destin va vouloir qu'elle croise le chemin d'une bande d'amis, partis à la chasse au sanglier dans les bois qu'ils connaissent bien : il y a là toutes les couches de la société, ou presque. Quand l'un d'eux la viole, Helen se venge en lui tirant dessus. Ses compagnons vont alors tout faire pour empêcher Helen de raconter ce qui s'est passé. Commence une traque éprouvante pour la jeune femme.
Sur une trame classique, celle du rape and revenge, et avec une esthétique proche du documentaire, Serge Leroy, issu de la télévision, propose ici un film rare, dérangeant, âpre et sans doute en avance sur son temps. On pourrait sans mal classer "La traque" dans la catégorie des "films de genre" ou le comparer à des monuments du même registre (comme "Les chiens de paille", par exemple). Tout en tension, ce long métrage est éprouvant à plus d'un titre et fait partie des films qu'on n'oublie pas. En le visionnant, quarante-cinq ans après sa sortie, on se demande comment pareil film n'est pas devenu culte.
En empruntant maintes fois au style documentaire, dans lequel il avait fait ses armes et où il puisa une partie de son inspiration pour "La traque", Serge Leroy, cinéaste français méconnu, livre sans doute ici son opus le plus percutant. Le portrait qu'il dresse des hommes, dans une activité à haute teneur en testostérone, n'épargne personne, mais n'est pas pour autant primaire. Face aux monstres ordinaires joués par des acteurs au diapason, il dresse la formidable et fragile Mimsy Farmer, brandissant bien des années en avance, l'étendard féministe. La meute derrière la proie, incarnée par une brochette d'acteurs au meilleur de leur forme, fera frémir, dans sa cruauté autant que son humanité. Face à l'étrangère, ces locaux, au statut de notables, n'ont rien à voir avec ceux de "Delivrance", mais ne s'avèrent pas meilleurs, finalement.
Il est dommage que "La traque", malgré un casting épatant, soit tombé dans l'oubli. Sa récente (après quarante ans dans les limbes) sortie en vidéo est l'occasion de (re)découvrir ce film audacieux, sans doute trop pour son époque. Il ne serait que justice qu'il accède enfin à la reconnaissance qui lui est due.
Parmi les réalisateurs français, Patrice Leconte fait partie de ceux dont les films ont réuni des millions de spectateurs. Ne serait-ce qu'avec les comédies qu'il réalisa pour l'équipe du Splendid, chaque diffusion est synonyme de forte audience. Pourtant, lorsqu'il fit un virage serré vers le drame, notamment avec "Tandem" ou "Le mari de la coiffeuse", Patrice Leconte prit des risques et échoua parfois. Après le triomphe public et critique de "Ridicule", la comédie "Les grands ducs" fut boudée par le public, et dut attendre des années avant d'être véritablement considéré. Drôle de destin, que celui de ce film...
Has-been, ringards, dépassés : voilà ce que sont Georges Cox, Victor Vialat et Eddie Charpentier, des comédiens de théâtre rattrapés par l'âge. Mais ils ont l'amour de la comédie chevillée au corps et quand se présente à eux l'occasion de jouer les seconds rôles dans une pièce de boulevard, ils sautent sur l'occasion. Les voilà partis en tournée, comme au bon vieux temps. Mais c'est sans compter le producteur du spectacle, ruiné, et qui compte saboter le show pour toucher la prime d'assurance.
Plus de vingt après "Que la fête commence", Patrice Leconte organisa les retrouvailles de trois monstres sacrés du cinéma hexagonal : Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. C'est peu de dire qu'on a droit, dans ce film à des acteurs de talent, dont le moindre geste pourrait faire rougir de honte de jeunes prétentieux souvent en tête d'affiche. Avec de pareilles têtes d'affiche, on comprend mal, a posteriori, comment "Les grands ducs" a pu ne pas drainer les foules dans les salles obscures. Sous couvert d'une comédie s'aventurant dans un territoire où le kitsch est revendiqué, c'est pourtant un vrai regard porté sur le métier de comédien, de saltimbanque, pourrait-on dire.
Malgré leur statut, les trois compères prennent visiblement un plaisir un peu canaille à fouler les planches et à déclamer (souvent mal, mais c'est voulu) des textes que d'aucuns qualifieraient de médiocres. Ils n'ont pas oublié ce par quoi ils ont commencé et rendent, au travers de ce film, hommage à leurs débuts, qui les mena si haut.
On appréciera d'autant plus la performance de ces trois merveilleux comédiens qu'elle pose un regard à la fois tendre et caustique sur le métier et le statut d'acteur. Et puis, maintenant qu'ils ne sont plus là, on mesure d'autant plus le talent de Jean Rochefort et Philippe Noiret, chacun dans un registre différent (l'un en acteur liquéfié par le trac, mais qui continue d'y aller, l'autre en charmeur au regard et à la moustache qui frise). Le troisième larron, le dernier qui nous reste, Jean-Pierre Marielle, est remarquable en vieille gloire colérique, mais est-il utile de le préciser.
Face à eux, Catherine Jacob et Michel Blanc paraissent forcément en retrait, malgré des rôles indispensables à l'intrigue improbable de ce joli hommage à l'univers de ceux qu'on pourrait qualifier de "cachetonneurs".
Ce n'est sûrement pas le plus célèbre, ni le plus réussi des films de Patrice Leconte, mais "Les grands ducs", sous ses dehors de comédie désuète, porte une immense sincérité et un véritable amour pour les acteurs et le public. Rien que pour eux, cette tendre friandise mérite d'être (re)vue.
Non content d'être la première cause de divorce, le mariage est aussi prétexte à quantité de films, pas toujours mémorables. On citera, en vrac et sans préférence, des œuvres aussi variées que "Mariages !", "Quatre mariages et un enterrements" ou "Un grand mariage". Cet événement majeur dans la vie de nombreux de nos semblables peut servir de cristallisoir : en y mettant en exergue les participants à ce jour particulier, on peut obtenir une farce cynique, une belle histoire ou une mise en abyme des travers humains, selon le traitement (et la liste n'est pas exhaustive). C'est la dernière option qu'a choisi Denys Granier-Deferre pour "Pièce Montée", nous promettant un mariage explosif. La déflagration attendue n'eut pas lieu, et ce film bouche désormais les grilles horaires de la TNT.
Le grand jour est arrivé : Bérengère et Vincent vont enfin se dire "oui" devant Monsieur le Curé. En cette belle journée de printemps, leurs familles (issues d'une certaine bourgeoisie) vont se rencontrer et se confronter, toutes générations confondues. Entre un prêtre extrêmement troublé, un beau-frère d'une incroyable muflerie et j'en passe, la journée va forcément être inattendue, parce que vont se révéler nombre de travers des invités à la fête. Ce jour pas comme les autres restera dans les mémoires...
Denys Granier-Deferre, fils du grand Pierre Granier-Deferre, adapte ici le roman éponyme de Blandine Le Callet, avec l'aide de Jérôme Soubeyrand. Le fait est que le duo de scénaristes es à blâmer, au vu du résultat (même si l'on peut se douter que le matériau d'origine n'était pas de celui dont on pouvait tirer un film miraculeux). Le scénario, outrancièrement prévisible et dont chaque acte semble téléphoné et sans la moindre surprise, est le gros défaut de ce film français. Soyons brefs : "Pièce montée", à l'instar du dessert éponyme, ne surprend personne et, persuadé de pouvoir plaire à tout le monde, est assez insipide
On notera également que la photographie est particulièrement pauvre et que le rendu de l'image est souvent plus moche que celui du premier téléfilm venu, sans avoir d'ailleurs plus d'atouts que lui.
Au vu du résultat, on ne peut que se lamenter de voir la distribution king-size de "Pièce montée" tenter de maintenir à flot un navire qui prend l'eau de toutes parts. Malgré la présence du grand Jean-Pierre Marielle et de la merveilleuse Danielle Darrieux (sans doute les deux qui se sortent le mieux du gâchis), on a pitié des acteurs engagés dans cette pénible entreprise, comme souvent dans les productions françaises, ces dernières années.
Les acteurs jouent poliment la partition médiocre qui leur a été confiée, sans cependant se faire quelque illusion que ce soit sur le résultat final. Quel gâchis que cette indigeste pièce montée : pareil casting ne se rencontre pas deux fois, dans la carrière d'un réalisateur.
Faire se croiser deux arts est une belle démarche, ambitieuse et louable. Souvent, l'un prend le pas sur l'autre et il faut dire que les réussites sont rares dans ce type d'exercice. Laurent de Bartillat, surtout connu pour sa collaboration au scénario de "L'homme qui voulait vivre sa vie", a, avant cela, réalisé un unique film, se basant sur ses études d'histoire de l'Art et sa passion pour le peintre Watteau. Malgré des sélections dans quelques festivals, "Ce que mes yeux ont vu", dont les premiers rôles étaient tenus par Sylvie Testud et Jean-Pierre Marielle, n'eut qu'une diffusion confidentielle lors de sa sortie.
Etudiante en art fauchée, Lucie est fascinée par l'oeuvre de Watteau. Elle est persuadée qu'il existe dans ses toiles (et en particulier celles où se trouve une femme figurant toujours de dos) un mystère sur la vie de cet artiste. En rencontrant Vincent, étrange artiste sourd-muet, ses recherches vont prendre un tour nouveau, quitte à l'obliger à affronter le grand Jean Dussart, expert incontesté du peintre, tolérant mal qu'on remette en question ce qu'il enseigne depuis des années...
La démarche était prometteuse : construire une intrigue prenant racine deux cents ans plus tôt et la donner en pâture à un personnage opiniâtre.Il y avait là matière à un thriller riche de sens. La voie choisie par Laurent de Bartillat est cependant tout autre. On ne frissonne guère devant "Ce que mes yeux ont vu", on s'interroge. Et les questions que se pose le spectateur restent souvent sans réponse, tant le déroulement de l'intrigue est confus et maladroit. Sans être labyrinthique, le scénario donne souvent l'impression d'être peu étayé et de ne tenir debout que par miracle. Les motivations des personnages (en particulier celui de Vincent, magistralement interprété par James Thierrée) sont souvent peu claires.
Ajoutons à cela une réalisation qui alterne les scènes particulièrement réussies et d'autres plus brouillonnes (surtout celles réalisées caméra à l'épaule) et l'on est vite déstabilisé. Rien de plus efficace pour perdre l'intérêt du public.
Heureusement, il y a les acteurs : le trio de tête est tout simplement remarquable, en dépit d'un script qui peut souvent paraître sans queue ni tête. Sylvie Testud, toute en tension et nervosité, tient la dragée haute face à un Jean-Pierre Marielle comme toujours impérial, tandis que, dans un rôle qui peut paraître parachuté, James Thierrée (le petit-fils d'un certain Charlie Chaplin) impressionne par sa maîtrise d'un personnage peu évident à aborder sans sombrer dans la caricature...
Partant d'une démarche intéressante et qui aurait pu donner bien plus que le résultat final, "Ce que mes yeux ont vu" ne tient, hélas, pas ses promesses. Ponctué de quelques moments remarquables, il est hélas trop confus et maladroit pour convaincre. Sauvé du naufrage par l'interprétation de ses acteurs, ce film est cependant fort dispensable...
Depuis "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" et son triomphe inattendu, Jean-Pierre Jeunet n'a jamais pu renouveler le miracle consistant à rallier à la fois le public et la critique (ou la majorité de celle-ci). Son film suivant, "Un long dimanche de fiancailles", malgré toutes ses qualités, n'a pas déchaîné les passions autant que l'on pouvait s'y attendre. Son film suivant ne fit que confirmer la tendance. Je n'ai pas fait de calculs de rentabilité pour ce film, mais une chose est sûre : les tickets d'entrée pour "Micmacs à Tire-Larigot" se vendirent moins que ce qu'en espéraient ses producteurs.
Le héros de "Micmacs à Tire-Larigot", Bazil, a vu sa vie détruite par les armes. Son père a perdu la vie lors d'un travail de déminage, et lui-même a reçu une balle dans la tête. Après avoir perdu son travail, il est recueilli par une bande d'hurluberlus qui vont l'aider à prendre sa revanche sur les fabricants d'armes qui lui firent tant de mal.
On l'aura compris à la lecture de ce court résumé, ce film est extrêmement manichéen. Les gentils sont les habitants de "Tire-Larigot", galerie de personnages tous plus typiques et barrés les uns que les autres. Les méchants sont les marchands d'armes, évidemment. Sous couvert de fantaisie burlesque, Jean-Pierre Jeunet aborde à sa façon les thèmes de l'armement (comme le fit le plus sérieusement du monde Andrew Niccol avec "Lord of War"), mais aussi de la célèbre "fracture sociale". En effet, ceux qui viennent en aide à Bazil vivent dans la précarité, se débrouillant tant bien que mal pour survivre tandis que les nantis évoluent dans le luxe.
C'est malheureusement le traitement de l'histoire qui nuit au film. Choisissant délibérement d'en faire une fable, voire une farce, Jean-Pierre Jeunet ne fait ici que raconter une énième fois comment les bons finissent par l'emporter sur les méchants, sans pousser le spectateur à réfléchir. On a affaire là à un pur film de divertissement, alors qu'il y aurait eu matière à un peu plus.
Alors, certes, ce parti pris fut revendiqué par l'équipe du film, mais il eut fallu (à mon humble avis) épaissir un peu le tout pour en faire une comédie consistante. Le scénario est en effet bien maigre et les seules surprises qu'il réserve au spectateur sont visuelles plutôt que narratives.
Au chapitre des points positifs à porter au crédit de "Micmacs à Tire-larigot", il y a avant tout l'esthétique du film. Encore une fois, comme il le fit depuis le formidable "Delicatessen", Jean-Pierre Jeunet impose sa marque de fabrique, qu'il s'agisse des décors, des cadrages ou de la photographie. N'en déplaise à ses détracteurs, ce metteur en scène possède une "patte" qui lui est propre et, si l'on peut s'agacer du filtre jaunâtre qu'il utilise systématiquement, il faut bien reconnaître qu'il est sacrément doué.
L'interprétation est également remarquable. Tous les interprètes, qu'ils soient familiers de l'univers de Jeunet (comme Dominique Pinon ou André Dussolier) ou nouveaux dans cette sphère (à l'instar de Dany Boon ou de Jean-Pierre Marielle) prennent un plaisir visible à jouer les branquignols.
Cet enthousiasme est communicatif : dans son fauteuil, le spectateur sourit, et rit parfois. Mais, au sortir de la projection, il ne reste pas grand-chose du film, hormis quelques plans amusants.
"Micmacs à Tire-Larigot" est enthousiasmant sur la forme, mais terriblement vide quant au fond. En lui donnant plus d'épaisseur, Jean-Pierre Jeunet aurait sans doute pu en faire un film plus mémorable. Il s'agit là d'une oeuvre mineure dans la carrière de son réalisateur, bien qu'on l'ait vendu comme un blockbuster.
Gageons que le prochain film de Jean-Pierre Jeunet ("L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet", qui sortira en 2013) inversera la tendance.
On pourrait disserter à l'infini, ou presque, sur le bien-fondé et la réussite des adaptations de roman au cinéma. Se nourrissant parfois sans vergogne des oeuvres littéraires, le septième art ne rend pas toujours justice aux livres dont il s'inspire. Combien de « Frankenstein » massacrés, de « Gentlemen extraordinaires » bâclés, pour un « L.A. Confidential » réussi ? Le romancier Philippe Claudel, auteur des remarquables « La petite fille de M. Linh » et du « Rapport de Brodeck », a vu, en 2004, son roman le plus connu, « Les âmes grises », transposé au cinéma par Yves Angelo (réalisateur du « Colonel Chabert », entre autres). Quand on connaît l'intensité des romans de Claudel, la force avec laquelle il fouaille l'âme humaine, ses bassesses et ses tourments, on pouvait douter de la pertinence d'une adaptation au cinéma de ce roman. Cependant, la dite adaptation étant l'œuvre conjointe du romancier et du réalisateur, on pouvait espérer un grand film, grave et humain, d'autant plus que le casting était à la hauteur. Pensez donc : Jacques Villeret (dans un de ses derniers rôles), Jean-Pierre Marielle, Marina Hands, Michel Wuillermoz, Denis Podalydès, et quantité de seconds rôles épatants...
Difficile de résumer en peu de mots le scénario du film (relativement fidèle au roman, soulignons-le). L'histoire des « Ames grises » se déroule sur fond de Première Guerre Mondiale. Suite à la découverte du corps sans vie d'une fillette, alors que l'enquête officielle est vite bouclée, un gendarme local en vient vite à soupçonner certains des notables du village.
Malheureusement, force est d'avouer que la subtile alchimie nécessaire à la réussite d'un film (et, bien souvent, à son succès) ne fonctionne pas. Où est passée l'intensité, la force poignante du roman ? Etait-il donc impossible transposer au grand écran l'épaisseur, l'humanité des « Ames grises » de Claudel ?
A mon humble avis (mais je reste ouvert tout débat), la faute en incombe en partie à la réalisation (dont certains choix, notamment l'utilisation ponctuelle de la caméra à l'épaule, m'ont semblé mal adaptés), mais surtout au fait que ce roman était difficile, voire impossible à adapter. En effet, dans le livre originel, la majeure partie de l'action (si l'on peut se risquer à employer ce terme) se déroule dans l'esprit et l'âme des personnages. Leurs tourments, leurs chagrins, leurs colères, pour intenses qu'elles soient, sont décrites de façon subtile et éloquente sur le papier, mais tenter de les retranscrire au grand écran est chose impossible ou presque. Et Yves Angelo s'est cassé les dents sur cette adaptation (comme bien d'autres l'auraient fait d'ailleurs, n'allez pas croire que je l'accable). Malgré de superbes décors et une distribution fabuleuse, il ne parvient qu'à livrer un film auquel il manque l'essentiel du roman : l'âme (un comble !).
Beau, mais sans ce quelque chose qui vous empoignait le coeur à la lecture du roman (déjà couvert de récompenses), ce film offre cependant un spectacle appréciable à ceux qui ont aimé le livre, tant il lui est fidèle, esthétiquement parlant. Je ne le conseille donc qu'à ceux qui ont déjà lu le roman (que je conseille à tous, d'ailleurs, comme tous les livres de Philippe Claudel), s'ils souhaitent voir ces âmes prendre (un tout petit peu) vie.