Curieux destin que celui de "The Highwaymen", film initialement envisagé pour Paul Newman et Robert Redford. Lâché par Universal, c'est finalement chez Netflix qu'il fut produit, marquant du coup un drôle de signe des temps. En tête d'affiche de ce film, on retrouve Kevin Costner et Woody Harrelson, endossant les rôles de deux ex-Texas Rangers sur le retour. Sans passer par les salles obscures, "The Highwayme" méritait-il cependant mieux que son sort parallèle ? Sur la prescription du bon docteur Ronnie, je me suis penché sur ce film.
Alors que Bonnie et Clyde parcourent les Etats-Unis dans une cavale sanglante, les autorités sont prêtes à tout pour arrêter le couple de bandits. Quand tout semble avoir échoué, Miriam Ferguson, gouverneure de l'état du Texas. choisit de faire appel à Frank Hamer et Maney Vault, deux Texas Rangers en retraite. Commence alors une longue traque où les deux chasseurs vont suivre Bonnie et Clyde, adulés par nombre d'Américains de la Grande Dépression.
John Lee Hancock, réalisateur de "The Highwaymen", est plus connu pour son activité de scénariste. Dans le cadre de celle-ci, on lui doit quelques scripts majeurs, dont certains mis en images par Clint Eastwood. On se souviendra, par exemple, de "Minuit dans le jardin du bien et du mal" ou du très beau "Un monde parfait", où Kevin Costner avait eu l'un de ses plus beaux rôles.
La boucle est bouclée, puisque c'est ce dernier qui est la plus belle raison de voir "The highwaymen" : le duo qu'il forme avec Woody Harrelson est simplement parfait. Plus ça va, plus je trouve que ces acteurs se bonifient avec l'âge. Le cas de Costner est exemplaire : propulsé en quelques films au rang de star numéro un, puis chutant brutalement de son piédestal, on le retrouve régulièrement dans des rôles, parfois secondaires, où il peut montrer toute l'étendue de son talent, quitte à prendre des risques (et je ne parle pas d'erreurs comme "3 days to kill"). Aux côtés de Costner, Woody Harrelson est lui aussi remarquable, dans son rôle d'homme dépassé par son époque. On notera également quelques jolies prestations dans les seconds rôles, dont celui de Kathy Bates, trop rare au cinéma.
Mais c'est surtout la peinture de l'époque qui est impressionnante dans "The highwaymen" : les Etats-Unis d'après le krach de 1929 sont décrits ici avec une minutie remarquable. Utilisant une lumière souvent froide, Hancock livre le portrait d'années de misère, plongeant ses héros au milieu de ceux qui vécurent la Grande Dépression de l'intérieur. La réalisation, sobre et efficace, est elle aussi de très haut niveau. Le budget conséquent du film (pas loin de 50 millions de dollars) fut utilisé avec intelligence : ce film n'a rien à envier à bon nombre de blockbusters.
A n'en pas douter, "The Highwaymen" aurait mérité de sortir dans les salles obscures, tant son thème, son décor, sa réalisation et (surtout) son interprétation en faisaient un film intéressant. On peut s'interroger sur le sort de ce long métrage, quand d'autres films, de bien moindre épaisseur, ont droit à plus d'égards.
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RépondreSupprimer'Ronnie and Clyde', ravi que ça t'ai plu.
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Je te remercie pour cette bonne came, Ronnie !
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