jeudi 11 juin 2020

Mister Showman (2006)


Quand le cinéma se penche sur le monde du spectacle et sur ses acteurs, cela peut donner un tableau touchant ou agaçant, glorieux ou pathétique. En produisant "Mister Showman", qui s'inspirait de la fin de carrière de Kreskin, dont il fut l'assistant, le réalisateur Sean Mc Ginly regardait dans le rétroviseur, avec un succès mitigé. Si ce film fut le premier des siens à sortir en salles en France, il eut une audience très limitée, y compris dans son pays d'origine, malgré la présence dans le rôle-titre de John Malkovitch.

Etudiant en droit, Troy Gable décide du jour au lendemain de plaquer ses études, au grand dam de son père. Voulant devenir écrivain, il commence par trouver un travail pour vivre : assistant personnel du grand Buck Howard, mentaliste. Ce dernier, dont la carrière est à son crépuscule, persiste à parcourir les Etats-Unis, dans des salles souvent peu remplies. D'abord réticent, Troy finit par découvrir que ce job pourrait bien changer sa vie, à coup de rencontres et de remises en question.

Le cinéma est plein de ringards magnifiques, de ceux qui continuent à jouer, fût-ce devant des salles vides. Le film "Mister Showman" suit le parcours (ou plutôt la fin du parcours) d'un de ceux-là, qui se glorifie d'être passé dans des shows télévisés (mais c'était il y a longtemps) et prépare son grand come-back. Incarné par John Malkovitch, portant perruque et cabotinant plus que de raison, celui qui fut le grand Buck Howard est de ces étoiles éteintes, comme le show-business, surtout étasunien, en compte des dizaines. C'est d'ailleurs un film très ancré dans la culture populaire des Etats-Unis que ce "Mister Showman", qui écume les petites villes du moindre des cinquante états avec le même enthousiasme. 

Pour accompagner la tournée de ce mentaliste dépassé par son époque, Sean Mc Ginly s'attache à son assistant (personnage très autobiographique), incarné par Colin Hanks (le fils de Tom, coproducteur du film et qui fait quelques apparitions dans le film). Le procédé est classique et permet d'avoir un regard extérieur, mais pas trop, sur l'étoile en déclin incarnée par John Malkovitch. L'idée était bonne, en soi, si elle n'était pas plombée par une réalisation sans ambition (on se croirait dans un téléfilm, la plupart du temps) et si certains personnages n'étaient pas de telles caricatures (je songe notamment à celui incarné par Steve Zahn).  

Il y a pourtant de nombreux points positifs, dans "Mister Showman", dont un générique plein d'énergie (mais vite démenti par le film lui-même), l'interprétation pleine de fraîcheur d'Emily Blunt (mais je suis faible) et les passages émouvants de nombreuses célébrités fanées. Cependant, ces quelques éléments ne suffisent hélas pas à faire un beau film. "Mister Showman" laisse à son spectateur un sentiment d'inaccompli, de léger ratage, à l'image sans doute de la carrière de son personnage principal.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.