mardi 16 juin 2020

J'invente rien (2005)



Ce n'est un secret pour aucun des lecteurs de ce blog : j'aime beaucoup le cinéma de Michel Leclerc. Plusieurs de ses films ont (dommage pour eux) eu droit à une chronique dans ces colonnes, mais souvent avec un regard bienveillant de ma part. Pourtant, il restait l'un de ses longs métrages que je n'avais pas encore vu : "J'invente rien", tout premier opus d'une jolie carrière (cependant pas couronnée du succès mérité, à mes yeux). Quinze après sa sortie, donnons donc un coup de projecteur à ce film, dont Kad Merad (depuis devenu un acteur incontournable du cinéma comique hexagonal) et Elsa Zylberstein partageaient l'affiche. 

Depuis qu'ils se sont rencontrés, Paul et Mathilde s'aiment et entretiennent toute une gamme de petits rituels qui n'appartiennent qu'à eux. Pourtant, Mathilde aimerait bien que Paul se mette à travailler et l'aide dans la vie quotidienne. Malgré ses réticences, le nonchalant Paul décide de se lancer : il sera inventeur ! Il ne lui reste qu'à trouver, sans trop se fatiguer si possible, l'idée qui fera de lui un homme riche et célèbre, que Mathilde continuera d'aimer. 
Ce sera la poignette. 

Pour son premier long métrage, Michel Leclerc, qui ne travaillait pas encore avec Baya Kasmi, à l'époque, marque déjà son territoire. Mélangeant légèreté et gravité, fantaisie et réalisme social, il jette ici les bases d'un cinéma humain et humaniste. Ses personnages sont bourrés de défauts, mais on ne peut s'empêcher de les aimer. A l'instar de ceux qui donneront vie au "Nom des gens" ou à "La lutte des classes", les protagonistes de "J'invente rien", qui pourraient d'ailleurs être des voisins des précédents, ont un paquet de défauts, mais on s'attache à eux parce qu'ils sont comme nous, humains. Quitte à me répéter, nombre de scénaristes et réalisateurs de comédie pourraient en prendre de la graine : l'empathie attire la bienveillance, envers un personnage autant qu'envers un film. 

Ancré dans son décor habituel (Leclerc est un fidèle de Ménilmontant), "J'invente rien", filmé au plus
près de ses personnages, avec une économie de moyens flagrante, n'est pas pour autant exempt de défauts, mais on aura pour eux l'indulgence inhérente aux premières fois. Si quelques scènes donnent parfois l'impression que le scénario fait du sur-place et que d'autres souffrent du manque de moyens dont disposa le film, l'énergie apportée par les interprètes est pour beaucoup dans le charme que dégage "J'invente rien". Pas encore devenu star de comédies populaires (ni éminence grise de série télévisée), Kad Merad est étonnamment convaincant dans le rôle de Paul, enfant refusant de grandir et de se laisser mettre au travail. Face à lui, Elsa Zylberstein montre la meilleure facette de son talent, en incarnant Mathilde, figure à la fois féminine et maternelle. Enfin, on saluera la très jolie prestation de Claude Brasseur, en beau-père baratineur, ou de Liliane Rovère, dont le personnage permet à l'histoire de basculer joliment et de trouver un bel épilogue (mais je n'en dirai pas plus). 

Après ce premier film, couronné de peu de succès, Michel Leclerc mettra en scène "Le nom des gens", son plus gros succès (mérité !) à ce jour. C'est une raison supplémentaire pour jeter un œil à "J'invente rien", coup d'essai précédant le coup de maître. 


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