Parmi les films à la sinistre réputation, "L'île aux pirates" pourrait faire figure de mètre-étalon. De sa production à sa réalisation, toute l'entreprise a laissé de mauvais souvenirs à ceux qui y participèrent et, à l'arrivée, ses pertes furent telles que ce film causa la faillite de Carolco, l'une des maisons de productions les plus florissantes de l'époque. Le renouveau du genre arriva plus tard, avec la saga "Pirates des Caraïbes". Pour autant, le film de Renny Harlin méritait-il l'enfer qui fut le sien ?
Tout porte à croire que Renny Harlin voulut, avec "L'île aux pirates", rendre hommage à un genre qui avait connu son heure de gloire longtemps auparavant. Une chasse au trésor, des adversaires retors, des voiles qui claquent au vent et des duels à la rapière : tous les ingrédients étaient réunis pour convoquer le genre. L'entreprise était louable, mais il eut fallu, pour que le succès soit au rendez-vous, que le réalisateur ne se comporte pas comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C'est que ça canarde et que ça explose dans tous les sens, souvent en dépit du bon sens (le budget du département pyrotechnie ont du dépasser celui alloué au scénario, si vous voulez mon avis). La crédibilité de l'histoire que tente de nous narrer Harlin (encore qu'il semble plus attaché à nous en mettre plein la vue) est mise à mal à de nombreuses reprises.
On peut tenter de se consoler avec le casting, mais force est de constater que ni Geena Davis (pourtant brillante dans certains de ses rôles), ni Matthew Modine n'arrivent à se montrer convaincants. Les mauvaises langues feront remarquer que la première était à l'époque l'épouse du réalisateur qui insista pour qu'elle obtienne le rôle et que le second hérita du sien parce que tout le monde (ou presque) avait décliné l'offre. Frank Langella, en méchant (quoique finalement peu présent, parce que le scénario a cru bon de multiplier les antagonistes, rendant l'intrigue encore plus brouillonne), est peut-être celui qui s'en sort le mieux.
Le film de pirates aurait pu faire son retour gagnant avec ce film, s'il avait été conçu et réalisé avec un tant soit peu de respect pour le genre et pour le spectateur. Avec "L'île aux pirates", l'autrefois efficace (à défaut d'être talentueux) réalisateur de "58 minutes pour vivre", rate totalement ce rendez-vous. On pourra en tirer une morale simple : les gros moyens ne suffisent pas à assurer la réussite d'un projet. Je doute cependant que l'industrie du cinéma en ait tiré une leçon.
Concernant la faillite de Carolco Pictures, Cutthroat Island a bien été aidé par le Showgirls de Verhoeven.
RépondreSupprimerDommage collatéral,la carrière de Geena Davis s'est quasi arrêtée net.
Rien en effet à sauver, un naufrage complet pour tout dire.
Ah..."Showgirls", il faudrait que je lui consacre un billet. Il est sur ma liste depuis un bout de temps, mais je recule devant la tâche. Pour ce "Cutthroat Island" (fort mal traduit en "L'île aux pirates", cela dit), il coule à pic très vite, les cales étant sans doute trop chargées.
SupprimerBon week-end, Ronnie !
J'aime tellement ce film ! Malgré les défauts que je lui reconnais maintenant que je suis adulte (mais ça ne m'empêche pas de le regarder quand j'ai pas le moral) mais je l'ai vu pour la première fois quand j'avais 9 ou 10 ans, pas plus. A ce moment-là, voir une nana aussi cool et badass que Morgan Adams n'était pas courant (je n'étais pas le genre disney princesses donc les rôles modèles qui me correspondaient étaient rares) et je lui vouais une admiration absolue (et par extension à Geena Davis). Je le connais toujours par coeur XD
RépondreSupprimerJe pousserai même le vice jusqu'à dire que je préfère toujours L'ile aux pirates à Pirates des Caraibes.
Mais c'est très bien, ce genre de petit plaisir coupable (ou pas, d'ailleurs). Je crois qu'on a tous quelques films qu'on aime, envers et contre tout, malgré leurs défauts. Merci pour ce plaidoyer, Mélissa !
SupprimerOuais... je te trouve un peu sévère, sur ce coup-là. J'en garde un assez bon souvenir. Il faudrait peut-être que je le revoie.
RépondreSupprimerLes aventures de Jack Sparrow ont fini par me lasser, alors que le premier épisode m'avait fait forte impression pour le (vrai) retour du genre au cinéma.
Figure-toi que, dans mon souvenir, il me semblait bien meilleur que ce que j'en ai redécouvert. Parfois, mieux vaut ne pas fouiller dans les tiroirs.
SupprimerMais je suis ravi que tu sois plus indulgent que moi, Martin.
Je n'ai jamais été conquis par cette "île aux pirates" qui, visiblement, ne brille pas davantage les années passant. Il faut dire que Renny Harlin n'est pas un réalisateur pour lequel j'ai beaucoup d'estime.
RépondreSupprimerQuant à "Showgirls", qui a longtemps joui d'une réputation peut-être pire que celui-ci, a depuis trouvé les grâces de certains critiques. Je serais curieux d'avoir ton avis. ;-)
Il est clair que Renny Harlin n'est pas John McTiernan ;-)
SupprimerJe vais vraiment devoir revoir "Showgirls", moi.