Le roman de Roy Lewis "Pourquoi j'ai mangé mon père" fait partie des classiques, aux yeux de bien des lecteurs (je vous le recommande au passage). Aussi, quand Djamel Debbouze l'utilisa comme matière de base pour un film en motion-capture, on aurait pu s'attendre à ce qu'il connaisse un succès d'audience. Ce fut loin d'être le cas et le film ne rentra qu'à peine dans ses frais. Innovant (en utilisant notamment des scènes jouées par Louis de Funès, tout de même) et ambitieux (pour une production en partie hexagonale), aurait-il pu faire mieux ?
Malgré son titre, "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" n'est pas une adaptation du roman de Roy Lewis, loin s'en faut. Il s'agit plutôt d'une appropriation par Djamel Debbouze du matériau (qui mériterait sans doute un vrai passage à l'écran), qui en modifie notablement le message. Là où Roy Lewis moquait ses contemporains et son monde, ce film met en vedette le petit malin face à la majorité et, usant d'une recette habituelle, nous montre que la gentillesse peut triompher (c'est une fiction, je vous le rappelle).
Derrière la caméra, Djamel Debbouze s'offre aussi le rôle principal, en incarnant Edouard, petit simien ayant beaucoup (trop, peut-être) de points communs avec son interprète. On a parfois le sentiment d'assister à un show donné par l'humoriste, au point que l'histoire s'efface souvent derrière la prestation et les vannes. Comme pour renforcer le positionnement de son film dans le registre de la comédie, Djamel Debbouze s'offre un guest de luxe en la présence du vénérable Louis de Funès, dont la gestuelle a été captée numériquement. Le résultat est troublant et pourra ravir autant que gêner les spectateurs.
Ambitieux mais turbulent, cette fausse adaptation comporte de jolis moments, mais aussi beaucoup d'agitation et de bruit. Trop, peut-être, pour revendiquer la paternité du roman, parce qu'on a souvent l'impression d'assister à une démonstration d'effets comiques (la plupart du temps efficaces, mais pas toujours, hélas). Utilisant un terrain de jeu pas forcément vendeur et revendiquant la filiation avec un classique qu'il ne respecte finalement pas, "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" s'avère une tentative intéressante, mais bancale.
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