dimanche 5 août 2012

Never let me go (2011)



Il est des thèmes qui, selon le traitement qu'ils subissent, peuvent donner des films radicalement différents. A titre d'exemple, je pourrais citer "Armageddon" (de Michael "Bulldozzer" Bay) et "Deep Impact" (réalisé par Mimi Leder) : partant du même pitch de base, les deux films n'ont, au final, que peu en commun, l'un (devinez lequel) accumulant les effets spectaculaires, tandis que l'autre réussit à garder une dimension humaine. 

En visionnant "Never let me go", on ne peut s'empêcher de faire la même comparaison, son pendant "hollywoodien" étant cette fois "The Island" (de Michael "char Panzer" Bay, encore !). En effet, il est question, dans ce film de science-fiction, de clones "élevés" pour servir de donneurs d'organes, en vue de prolonger l'existence des nantis leur ayant servi de modèle.
Même si le décor a changé (nous ne sommes plus sur une île, mais en Angleterre), nul n'est besoin d'être devin pour voir les similarités entre les deux films. Le parallèle entre "The Island" et "Never let me go" est l'occasion de mesurer la différence de traitement entre deux réalisateurs (j'irais même jusqu'à parler de deux conceptions du cinéma). D'un point de vue "business", le verdict fut sans appel : "The Island" fut couronné de succès, tandis que son pendant britannique est passé aux oubliettes. Faites le test autour de vous, vous constaterez sans peine, j'en ai peur, que peu de gens connaissent "Never let me go", tandis que le film de Michael "Caterpillar" Bay jouit d'une relative notoriété. 

Pour résumer le film, sachez que, dans "Never let me go" (tiré du roman "Auprès de moi toujours" de Kazuo Ishiguro), les "clones" futurs donneurs d'organes sont élevés dans une institution coupée du monde vouée, semble-t-il, à leur apporter le meilleur. Quand ils arrivent en âge d'accomplir leur mission, ils quittent cette école pour remplir leur mission, consciencieusement, puisque théoriquement dépourvus d'âme. Le seul espoir d'un sursis réside dans l'existence entre eux de l'amour, qu'ils doivent néanmoins prouver. 
 
Entre science-fiction et tragédie romantique, "Never let me go" est réalisé par Mark Romanek, sur un scénario de Alex Garland, collaborateur régulier de Danny Boyle. Son casting compte les jeunes (et excellents) Andrew Garfield (tête d'affiche du récent reboot de "Spiderman"), Keira Knightley et Carey Mulligan, mais aussi Charlotte Rampling, impériale de sobriété. Sur un rythme lent, le film éblouit par sa beauté plastique. Mais, surtout, il est de ces films qui font réfléchir, une fois leur visionnage terminé. L'un des buts de la science-fiction est de servir de miroir à notre monde, et à y projeter ses travers. "Never let me go" excelle dans cette utilisation d'un genre si souvent décrié. 

A ce titre, comme à celui de la réussite cinématographique, l'échec commercial de ce film est foncièrement injuste (surtout au regard du succès du blockbuster de Michael Bay, dont vous aurez tous compris à quel point j'ai peu d'estime). Il mérite amplement une deuxième séance...

5 commentaires:

  1. Un film bien plus profond que cette bouzasse de The Island. Un film assez froid certes mais qui ne laisse pas indifférent. Knightley est pour une fois intéressante à mes yeux bien plus que dans Reviens moi. J'ai un petit faible pour Mulligan et son petit sourire! :)

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    1. Il est clair que "Never let me go" ne s'oublie pas et vous remue l'âme. Et puis, Carey Mulligan, évidemment ;-)

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    2. Mignonne et bonne actrice. C'est tellement rare de nos jours!

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  2. Ce film m'a laissée assez perplexe. Rien à dire sur les acteurs, les paysages etc et l'histoire est très intéressante mais il manque quelque chose qui le rendrait plus convaincant (et qui explique peut être son échec au cinéma). En fait, Never Let Me Go est long et il m'a perdue en route. Et puis j'ai détesté la résignation des personnages.

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    1. Le rythme de "Never let me go" joue en sa défaveur, sans doute. Quant à la résignation des personnages, c'est elle qui en fait un drame, parce que leur sort est inéluctable et donc tragique : ça ne m'a pas gêné outre mesure.

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