lundi 22 octobre 2012

Babylon AD (2008)

Au nombre des films sortis dans le chaos et symptomatiques des tournages ayant viré à la catastrophe, on peut citer le cas d'école qu'est "Babylon AD". Tentative audacieuse d'une adaptation d'un roman de Maurice G. Dantec ("Babylon Babies") par Matthieu Kassovitz, avec en tête d'affiche Vin Diesel, ce film produit par la 20th Century Fox connut à sa sortie un échec mémorable. Il est depuis diffusé très régulièrement sur les chaînes de la TNT, souvent en seconde partie de soirée.

Dans un futur proche, la civilisation s'étant effondrée sur elle-même, un mercenaire nommé Toorop est chargé par la mafia qui règne sur l'Europe de convoyer Aurora, une jeune fille, du couvent russe où elle a vécu, jusqu'à New York. Bien entendu, nombreux seront les obstacles : Aurora attire bien des convoitises.

Le roman d'origine était dense et complexe, comme le sont souvent les oeuvres de Dantec (révélé au grand public avec "Les racines du mal"). L'adaptation de "Babylon babies" était une gageure dont il faut reconnaître d'emblée qu'elle déboucha sur un fiasco.

C'est un curieux objet que ce film, tenant à peine debout, et alignant scènes d'action filmées à la Matrix, se référant à Blade Runner sans en avoir la profondeur. Si Matthieu Kassovitz avait l'intention, en commençant le gigantesque chantier que fut ce film, d'y insuffler un sens et un message pour en faire un blockbuster intelligent, il faut reconnaître qu'à l'arrivée, ce voeu pieux a fondu comme neige au soleil.

On connait l'histoire : le tournage tourna vite au cauchemar, l'entente entre le réalisateur et Vin Diesel vira à l'orage, et le film échappa rapidement à Matthieu Kassovitz. Ce dernier s'est d'ailleurs récemment expliqué dans un making-of au nom évocateur ("Fucking Kassovitz"). A la lumière de ces déclarations, on mesure mieux l'ampleur du gâchis, et l'amertume n'en est que plus intense. Même si ce point de vue est loin d'être impartial, il apporte cependant un éclairage certain sur les conditions du naufrage.

Dans la liste des points positifs du film, on notera l'esthétique qui est pour beaucoup dans l'immersion, et l'immense charme de Mélanie Thierry, seule membre du casting tirant son épingle du jeu, avec Michelle Yeoh. Vin Diesel, marmoréen, (et sa voix en version française ne fait rien pour arranger cela !) traverse le film sans aucun talent. Quant aux seconds rôles, on pourrait épiloguer longement sur le rôle ridicule de Lambert Wilson (qui accumule décidément les apparitions médiocres, après les séquelles de "Matrix", pour ne citer qu'elles)..

Bide magistral, "Babylon AD" sonna le glas de la carrière américaine de Kassovitz (déjà pas mal amochée par le médiocre "Gothika"), et continua d'amocher sérieusement le statut qu'il avait pourtant acquis avec les très beaux "Métisse" et "La haine". Espérons qu'un jour, il retrouve la réussite qui fut la sienne, derrière la caméra. A défaut, il reste son indéniable talent d'acteur (il suffit de revoir "Amen", par exemple, pour s'en persuader).

9 commentaires:

  1. Moi j'ai bien aimé ! Pas un chef d'oeuvre, mais beaucoup de points positifs : http://encyclocinema.over-blog.com/article-babylon-a-d-7-10-95788608.html

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    1. Je n'ai pas du tout adhéré et le regrette bien. Content que tu aies apprécié ce film...

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  2. Donc il faut que tu vois L'ordre et la morale, film qui a toutes ses chances à être ici vu qu'il a bien besoin d'une deuxième séance!lol Parce que s'arrêtait sur Babylon AD ouch! Une vraie daube pas aidé par tout ses problèmes de tournage et un acteur principal pour le moins casse-couille.

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    1. "L'ordre et la morale" est sur ma liste. J'aime beaucoup Matthieu Kassovitz, malgré ses choix parfois discutables.

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    2. Gothika en était un beau, il est vrai.

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  3. Un véritable désastre, et ce, à tous les niveaux. Même le réal lui-même rejette ce film. Comme on le comprend...

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    1. Tout à fait : un naufrage, à tous les sens du terme !

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  4. D'accord avec ton analyse. Un film trop ambitieux et non maîtrisé pour un réalisateur sûrement de qualité mais qui a du mal à confirmer depuis "Métisse".

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    1. Sur ce projet, Kassovitz a clairement été dépassé. Dommage.
      Merci d'être passé !

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