vendredi 7 juin 2013

Touristes (2012)


Depuis quelques années, le cinéma britannique, en plus de sa traditionnelle veine "sociale" (chère à Ken Loach et Mike Leigh, pour ne citer qu'eux), voit émerger une certaine forme d'humour. Tête de file de cette nouvelle vague, Edgar Wright, réalisateur des excellents "Shaun of the dead", "Hot Fuzz" ou "Scott Pilgrim vs the world", fait figure de pivot, même si ses films n'ont pas toujours le succès qu'ils mériteraient (1). Parmi les films témoignant de cette nouvelle vitalité du cinéma britannique, "Touristes" (produit par le susdit Wright), sorti l'an dernier et ayant pourtant été sélectionné dans la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, n'a pas reçu le succès qu'on pouvait attendre de lui. 

Après avoir toujours vécu sous la coupe de sa mère possessive et malade, Tina a enfin rencontré un homme. Ce dernier, Chris, l'entraîne avec lui dans un périple touristique en Grande-Bretagne. Tirant leur caravane, les deux tourtereaux vont devoir affronter leurs semblables, quitte à en venir au meurtre quand ceux-ci leur paraissent trop insupportables.

A en lire le pitch, on comprend vite que "Touristes" ("Sightseers", en version originale) est une farce macabre, comme le cinéma en produit parfois. Filmé avec un petit budget, le voyage (initiatique, mais pas seulement) de Tina et de Chris est parsemé de cadavres, sous le ciel souvent gris et pluvieux d'outre-Manche. A l'origine du film, Alice Lowe et Steve Oram, les deux acteurs principaux (également scénaristes) développent ici des personnages qu'ils avaient créé sur scène. Tous les deux prennent un vrai plaisir à incarner ces touristes aux mains ensanglantées, ne reculant devant rien pour tracer leur route.

Aux manettes, Ben Wheatley, déjà remarqué avec "Kill list" explore une nouvelle fois le côté sombre de ses
(anti)héros. Filmant leur voyage à hauteur d'homme et laissant au spectateur le soin de prendre le recul nécessaire, le réalisateur adopte un ton qui peut heurter, tant la farce est habile.
Il y a un petit goût d'humour trash et provocateur chez ces touristes, qui rappellera à certains le mémorable "C'est arrivé près de chez vous". La descente aux enfers des personnages, festival d'humour grinçant et d'irrévérence quasi-punk, ne laissera sans doute personne indifférent. A l'instar de cet auguste ancêtre, "Touristes" est à réserver à un public averti (et désireux de se plonger dans cette ambiance bien particulière). 

Comédie acide et acerbe, "Touristes", malgré ses maigres moyens, mérite plus que le peu d'éclairage qu'on lui porta lors de sa sortie confidentielle. Pour peu que vous soyez amateur d'humour noir (voire très noir), je vous engage donc à y jeter un oeil. Sans être un grand film, c'est une comédie macabre, assumant son propos jusqu'au bout qui vous fera passer un bon moment. 




(1) le très bon "Scott Pilgrim vs the World" fera prochainement l'objet d'un billet sur ce blog, d'ailleurs.

10 commentaires:

  1. Un film de dingos comme je les aime :-)
    http://base64.canalblog.com/archives/2013/05/07/27098612.html

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  2. Comédie anglaise + humour noir... Mmm je pense que je vais certainement me laisser tenter! J'en avais jamais entendu parler, heureusement que tu es là.

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    1. Je te préviens, c'est plutôt noir foncé ;-)
      Et je serai ravi d'avoir ton avis sur ce petit film, sitôt que tu l'auras visionné.

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    2. Vu cet aprem. La scène finale est juste géniale. Bon film, quelques longueurs malgré tout. L'actrice principale est excellente. Et encore une fois, les paysages british sont splendides, j'irais bien y faire un tour en camping car! (peut être sans tuer personne quand même)

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    3. Je suis content que tu aies apprécié ce film (malgré ses quelques défauts) et son ton extrêmement noir.

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  3. Pas été plus emballé par son Kill List. Je trouve qu'au niveau du ton, Wheatley ne sait pas trop où se mettre: on passe du film social à la Loach (mec au chômage) à un drame familial (le couple qui se déchire) à un film d'action (deux tueurs à gage) qui va parfois dans le hard boiled (la torture du mec sur la chaise, puis le final). Un gros bordel pas déplaisant mais bon je m'attendais à beaucoup moins foutraque.

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    1. C'est vrai que c'est un "joyeux" (les guillemets ne sont pas de trop) bazar, ce film et que le réalisateur frôle plusieurs genres. Ce mélange m'a semblé intéressant, parce qu'il sort des sentiers (re)battus, justement.

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    2. Certes mais je n'ai jamais l'impression que Wheatley trouve un juste milieu dans son histoire. Or, ici cela semble déjà mieux.

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    3. Le mélange assez hétéroclite des thèmes fonctionne plutôt bien, ici...enfin, j'ai apprécié, comme tu as pu le lire.

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