Les radios dites "libres", avant d'être quasiment toutes absorbées par de grands groupes (et, du coup, perdre leur liberté d'expression) ont laissé dans le souvenir de beaucoup un goût de nostalgie. Il fut également quelques télévisions, plus ou moins pirates, qui tentèrent l'aventure des ondes. Par exemple, la célèbre Télé Bocal, dans ses débuts, inspira le réalisateur Michel Leclerc, qui fut partie prenante dans cette entreprise, avant de passer derrière la caméra avec "Le nom des gens", au point d'en faire un film. Ce dernier, "Télé Gaucho", connut moins de succès que son précédent opus.
Années 1990 : Victor a toujours rêvé de faire du cinéma et voue un culte aux grands réalisateurs de la catégorie "art et essai", comme on dit. Le hasard veut qu'il décroche un poste de stagiaire à HT1, la grande chaîne commerciale et qu'il rencontre l'équipe de Télé Gaucho, une chaîne pirate, toutes deux aux antipodes l'une de l'autre.
Alors, caméra à l'épaule d'un côté et porteur de cafés de l'autre, Victor se lance dans l'aventure de la télévision, et y trouvera des causes à défendre et des gens à aimer.
C'est un sacré bazar que ce film, qui comporte, on le devine au visionnage, des pans entiers de la vie de son réalisateur. On pardonnera donc à ce dernier le ton parfois brouillon du film qui part parfois dans tous les sens, mais ne renie jamais son engagement ; à gauche, toute ! Fidèle à la ligne qu'il avait déjà tracé dans son précédent film, Michel Leclerc livre ici une chronique, vue de l'intérieur, de la vie d'une télévision comme on en voit rarement, faite de bouts de ficelle et d'ingéniosité, de militantisme et d'engueulades. Ça s'agite, ça crie, ça se dispute, ça rit aussi, ça s'aime. Ce cinéma plein de vie peut faire du bien, à condition de se laisser porter par le courant.
Ceux qui, par contre, sont réfractaires à ce genre de cinéma, rejetteront sans doute d'un bloc ce petit film bouillonnant et souvent maladroit (l'un allant rarement sans l'autre).
Une fois encore, Michel Leclerc s'est entouré d'actrices et d'acteurs débordants de vie et d'énergie, qui insufflent au film l'oxygène qui parfois lui manque. En tête, Félix Moati, tout en fraîcheur, incarne un Victor plus vrai que nature. Sara Forestier, déjà épatante dans "Le nom des gens", dans un rôle de fausse idiote, confirme les espoirs qu'on avait pu fonder en elle. L'autre couple de l'histoire, composé par Eric Elmosnino et Maïwenn, m'a semblé moins convaincant. On appréciera également la prestation des seconds rôles, et le passage remarqué d'Emmanuelle Béart, en grande prêtresse de l'audimat, cible privilégiée (et facile !) des Robins des bois des ondes.
Alors, certes, "Télé Gaucho" est souvent bancal et n'est pas toujours aussi réussi qu'on pouvait l'espérer. Mais ce film porte une belle énergie, en grande partie grâce à ses interprètes. Si vous avez envie de cette énergie-là, n'hésitez pas.
Je suis d'accord ! Ce petit film fut une excellent surprise.
RépondreSupprimerTrès content qu'il t'ait plu, Chonchon. Merci de ton passage.
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