vendredi 9 novembre 2018

L'extraordinaire voyage du fakir (2018)



C'est presque inévitable : lorsqu'un roman rencontre un joli succès en librairie, son adaptation au grand écran suit, dans la foulée, sa déferlante littéraire. Le livre de Romain Puertolas, "L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea" n'échappa pas à la règle. Mais, comme cela arrive régulièrement, le film ne rencontra pas le même engouement que l'oeuvre originelle, lors de sa récente sortie. La faute à qui, à quoi ? En ces temps où une pincée de bienveillance est la bienvenue, penchons-nous sur ce film, réalisé par Ken Scott, déjà remarqué pour son "Starbuck" (dont le remake français, "Fonzy", eut l'honneur de ces colonnes).

A la mort de sa mère, Aja, jeune Indien un peu magicien, un peu voleur, décide de partir pour Paris, en quête de son père, qu'il n'a jamais connu. Bien décidé à devenir riche et heureux, il ne sait pas encore qu'il commence un drôle de périple. Tout commence par une visite dans une célèbre enseigne suédoise, qui le fait rêver depuis tout petit, et où il rencontre l'amour, mais aussi l'aventure, et de nombreuses rencontres...
Et si la vraie richesse était celle qu'on trouve dans chaque rencontre, après tout ? 


On se doute bien, même sans avoir lu le roman dont le film est tiré (en perdant au passage une partie de son titre), que le voyage en question est un prétexte et qu'on est ici en présence d'une fable, humaniste et positive. N'est cependant pas Capra qui veut et, dans ce registre, il est très facile de s'engluer dans la guimauve et le pontifiant. La méfiance était donc de mise, mais, à quelques réserves près, force est de reconnaître que Ken Scott réussit son coup. 

C'est d'abord parce qu'il évite d'angéliser son héros que le réalisateur de "L'extraordinaire voyage du fakir" donne à son film tous les atouts nécessaires. Et, ensuite, parce que ses interprètes donnent vie à cette fable avec un bel enthousiasme. En tête, on signalera évidemment, Dhanush, star du cinéma tamoul, emporte le spectateur dans son périple et il est difficile de lui résister, même lorsque son personnage mériterait quelques claques. 
Le voyage du héros, pour initiatique qu'il soit, va lui faire voir du pays et, surtout, l'amener à rencontrer quantité de personnes différentes : on citera les passages de Bérénice Béjo, de Gérard Jugnot (pas le plus convaincant, surtout en version originale, il faut bien l'avouer) ou d'Erin Moriarty. 

L'autre gros atout de ce film de voyage est la façon dont ses décors sont filmés. N'évitant pas toujours les clichés (un air d'accordéon dès que le héros pose le pied en France, c'était dispensable), Ken Scott fait voyager son spectateur dans de jolis décors, sans oublier d'en montrer l'envers du décor, lorsque c'est nécessaire. Qu'il s'agisse de Rome, de Paris, de Mumbai ou de la Lybie, le film traverse l'espace (et le temps) pour livrer son histoire. Certes, celle-ci est parfois naïve, mais comme toute fable, elle contient un message qu'on aurait aimé plus entendu. 

Pas exempt de défauts, "L'extraordinaire voyage du fakir" peut être l'occasion d'un joli voyage. S'il ne surprendra guère son spectateur, ce film peut cependant faire du bien. Une fois de temps en temps, il est bon de s'offrir une petite bulle de ce genre.




2 commentaires:

  1. J'ai dû lire le livre, mais je n'ai pas très envie de voir le film, que tu défends bien, cependant. "Starbuck" était bien, aussi, et je crois que Ken Scott trouve le bon dosage entre l'émotion et les aspects peu réalistes. Il mérite notre respect pour cela.

    Évidemment, Frank Capra, c'est un bon gros cran au-dessus, pour ce que j'en connais. Mais ça n'enlève rien à ce genre de petits films que, comme toi, j'appelle "bulles de savon".

    Bon week-end, Laurent.

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    1. Ce film est une "bulle de savon" (j'aime beaucoup le concept). Une fois de temps en temps, si c'est bien fait, pourquoi pas ?
      En l'occurrence, c'est ici plutôt bien fait...même si la comparaison avec Capra est évidemment au désavantage de Ken Scott.
      Merci d'être passé, Martin. Bon dimanche !

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