Sans pouvoir être qualifié d'échec, "Outsiders", sorti dans l'ombre de "Rusty James" du même Francis Ford Coppola, a longtemps été oublié et mal aimé, avant de se voir réhabilité par certains critiques et d'accéder à une vraie reconnaissance. L'ayant découvert il y a peu, je vous propose de lui consacrer ce billet. Après celui dédié à "Tucker", ce sera le second film de l'auteur du "Parrain" (entre autres) traité dans ces colonnes. Adaptant pour l'occasion un roman de T.E. Hinton et se lançant dans ce projet à la demande de jeunes lecteurs l'ayant choisi, Francis Ford Coppola débarqua à Tulsa avec ses "Outsiders", en 1983.
Il y a quelque chose de touchant, quand on découvre dans ce film les débuts d'acteurs ayant fait du chemin depuis. Mais le traitement habituel qui consiste à évoquer avec "Rusty James" les jeunes Tom Cruise, Rob Lowe et Patrick Swayze (pour ne nommer qu'eux) est au mieux maladroit, au pire malhonnête. Ceux qui connurent des destins inégaux ne sont ici, que des seconds rôles. S'il est amusant de voir Tom Cruise incarner un loubard plutôt bas de plafond, on peut trouver injuste de se voir présenter "Outsiders" comme la pépinière de talents parfois vendue. Les véritables héros de ce film sont deux jeunes acteurs qui ne connurent pas la même trajectoire que ceux cités plus haut : Thomas Howell et Ralph Macchio (le futur "Karaté Kid") donnent vie avec talent à Pony Boy et Johnny, deux enfants perdus loin de la cité.
Dans la foulée, Francis Ford Coppola tourna, toujours à Tulsa et toujours en s'inspirant des romans de S.E. Hinton, "Rusty James", où l'on retrouva Matt Dillon, entre autres. Guère éloigné d'un film comme "Stand by me", "Outsiders" traite du passage à l'âge adulte et de la perte de l'innocence, dans un univers souvent dur. Ce film ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé et mérite d'être revu, d'abord pour son thème, finalement toujours d'actualité, et aussi parce qu'il s'agit d'une des œuvres les moins connues d'un réalisateur majeur.
Une énième oeuvre douce-amère pour l'ami Francis, qui n'a jamais été aussi bon que pour croquer cette jeunesse en perdition et ne parvenant pas à trouver son juste milieu. Puis quel casting phénoménal. Si tous n'ont pas percé au delà de l'adolescence, certains signent des prestations incroyables ici à commencer par Dillon et Swayze.
RépondreSupprimerUn film a (re)découvrir, en effet. Merci du passage, Borat !
SupprimerJ'aime beaucoup ce film et je le montre parfois à mes élèves de 3e en fin d'année, quand on a le temps. Je regrette seulement que des personnages comme Dallas ne soient pas plus exploités (même si on perçoit bien que tout n'est que façade chez lui).
RépondreSupprimerLe casting est fou, c'est aussi ce qui me fait apprécier ce film ! (la dégaine des Greasers leur donne pas mal de charisme, ils sont une version moins proprette que John Travolta en Danny)
Je serais curieux de connaître le ressenti de tes élèves face à ce film. Leur fais-tu étudier le roman dont il est tiré ?
SupprimerEn tout cas, merci d'être passée dans le coin (ça fait plaisir de t'y revoir)
J'ai rarement le temps de faire un véritable travail dessus (si je le montre, ce sont vraiment les dernières heures de cours donc il n'y a pas de retour possible) mais je leur donne un questionnaire pour leur permettre de réfléchir à certaines situations. Mais bon, souvent la réaction des élèves consiste à remarquer que le film est vieux et ils ne reconnaissent même pas Tom Cruise !
Supprimer(cette période de couvre feu est idéale pour revenir lire des blogs !)
Il est vrai qu'il a pris une certaine patine, avec les années (oups... les décennies, même) mais il garde un certain charme.
SupprimerExcellent, un des meilleurs sur le sujet et quel casting !
RépondreSupprimerTout à fait, quoique les noms dont on se souvient le plus ne sont pas ceux des premiers rôles. Mais c'est un très bon film de Coppola (en est-il de mauvais, d'ailleurs ?)
SupprimerDe réellement mauvais ?! Non, je ne pense pas en effet, il y a toujours quelque chose qui émeut ou interpelle...
SupprimerJe suis heureux de lire ces quelques lignes plutôt positives sur ce film. C'est un Coppola pour lequel j'ai une certaine affection. Oh sans doute pas un de ses meilleurs, mais tout de même, on sent l'envie de renouer avec l'énergie de Robert Wise et ses West Side Stories, ou raviver "la fureur de vivre" selon Nic Ray. En tout cas, je le préfère au très arty "Rusty James" (et son poisson rouge).
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