samedi 7 novembre 2020

Damien veut changer le monde (2019)

Délit de solidarité : voilà une drôle de formule, complètement antinomique, et pourtant bien révélatrice de notre sale époque. C'est autour de cette notion que Xavier de Choudens, réalisateur ayant essentiellement œuvré au petit écran (notamment pour "Scènes de ménage") a construit "Damien veut changer le monde". Passé sous les radars de pas mal de monde, ce petit film mettait en vedette Franck Gastambide, pourtant bankable dans d'autres registres. 

Si ses parents furent d'ardents militants de toutes les causes qui leur semblaient justes, Damien n'a pas la même foi. Pourtant, lorsqu'il découvre qu'un des enfants qu'il surveille, dans son établissement scolaire de banlieue, est sur le point d'être expulsé avec sa mère, parce qu'il est sans papiers, Damien a une illumination. Il va reconnaître le petit garçon, en partie parce qu'il veut empêcher son expulsion, en partie parce qu'il n'est pas insensible au charme de sa maman. L'air de rien, Damien s'engage dans quelque chose qui va vite le dépasser...


Il plane sur ce film l'ombre de ceux de Michel Leclerc (on pense évidemment au "Nom des gens", petit bijou du cinéma français), l'ambition d'aller marcher sur les plates-bandes toutes britanniques du cinéma social et l'intention du militantisme. L'intention est là, généreuse et humaine, et elle est tout à l'honneur du réalisateur, Xavier de Choudens, qui tente sa première comédie sociale. Pourtant, après visionnage, il faut se rendre à l'évidence : "Damien veut changer le monde" n'a ni l'épaisseur, ni l'impact que peuvent avoir certains fleurons du genre. C'est un bilan bien léger qui est à porter au crédit de ce film. Faute d'explorer totalement ses thématiques et préférant souvent se diriger vers la comédie que vers le film social, le scénario de "Damien veut changer le monde" ne fait qu'affleurer son thème et ne le creuse jamais. 

C'est d'autant plus dommage qu'il y avait matière à raconter, tant il y a d'humain derrière ces drames qui se jouent quotidiennement. Faute de faire de vrais choix de thèmes, Xavier de Choudens ne convainc pas, malgré un casting plutôt réussi. Si je dois reconnaître, malgré mes réticences initiales, que Franck Gastambide se glisse sans mal dans le rôle de cet engagé malgré lui, c'est un vrai plaisir de retrouver à l'écran la divine Melisa Sözen (déjà remarquée dans "Le bureau des légendes"), ainsi que le surprenant Gringe, dans le rôle comique du film. 

S'il ne s'était efforcé de faire de son film un feel-good movie, denrée pourtant fort appréciable en ces temps troublés, Xavier de Choudens aurait pu réussir un joli film social à la française, de ceux qui font sourire et donnent à réfléchir. Dans le cas de "Damien veut changer le monde", il ne crie pas assez fort son message pour que celui-ci porte. 



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