Au palmarès des œuvres littéraires les plus souvent adaptées au cinéma, "Frankenstein" est assez bien placé. Le roman gothique de Mary Shelley eut droit à des traitements hétéroclites, affrontant aussi bien le Professeur Van Helsing que des Chimpmunks. On peut donc légitimement frissonner quand un long métrage s'empare une nouvelle fois du sujet. Affublé d'un "Docteur", histoire qu'on comprenne une fois pour toutes que le Frankenstein du titre est le savant et non sa créature, "Docteur Frankenstein" peina à rembourser son budget lors de sa sortie.
Ce qui saute aux yeux, au visionnage de "Docteur Frankenstein", c'est l'esthétique, quelque part entre steampunk et réalisme. C'est aussi la frénésie de la mise en scène, qui va crescendo, comme si la folie qui dévorait le Docteur Frankenstein grignotait aussi le film tout entier.
Paul McGuigan, repéré avec "Slevin" et "Push", a un parcours taillé pour le cinéma qui va vite et pour des histoires de gangsters modernes. L'avoir choisi pour "Docteur Frankenstein" peut sembler une erreur de casting ou (si l'on reste optimiste) un sacré défi. Hélas, il apparaît rapidement que ce challenge est relevé d'une drôle de manière, et que ce film est sans doute à ranger aux côtés d'un "Van Helsing", de par son traitement. Pour s'emparer d'un sujet déjà traité de maintes manières, souvent dévoyé, et dont on se demande si c'est bien la peine de s'acharner, Paul McGuigan cède aux sirènes de l'entertainment. Le fond le cède à la forme et, si celle-ci est réussie, elle ne parvient pas à cacher la vacuité de l'ensemble.
Une direction d'acteurs défaillante, voire absente, alliée à une réalisation pas toujours maîtrisée et qui fait la part (trop) belle aux effets spéciaux et aux scènes d'action. Par moments, le film se prend même à être plus lyrique que la tentative de Brannagh, qui poussait le curseur du baroque un peu loin par moments. McGuigan, le pied à fond sur l'accélérateur, fait traverser à ses personnages leur époque sans prendre le temps de regarder le paysage, ni de s'interroger sur leurs motivations profondes.
Les fameuses sirènes de l'entertainment ! Si certains avaient la force d'y résister, peut-être qu'on retrouverait enfin des films grand public de qualité. Je sais que j'ai vu ce film parce que McAvoy et Radcliffe font partie de mes acteurs chouchous mais je n'en garde aucun souvenir (ce qui est triste. Ce n'est ni assez bon ou assez mauvais pour être mémorable).
RépondreSupprimerJ'imagine qu'un remake, un reboot ou une nouvelle adaptation verra bientôt le jour pour nous proposer une nouvelle version. Peut-être que cette fois, le réalisateur lira le livre et aura à coeur de lui être fidèle.
J'ai trouvé, sur ce film, Daniel Radcliffe plus convaincant que James McAvoy. Mais force est de constater qu'il ne m'a pas laissé un grand souvenir (et sera probablement bientôt oublié). Merci du passage, Melissa !
SupprimerJe te rejoins sur bien des points mais je te trouve sévère. Oui, énième adaptation et McGuigan tente de moderniser l'oeuvre ce qui est tout à fait louable tant on connaît déjà tout de l'histoire. Gros bémol par contre sur la partie rencontre entre Igor et Frankenstein.
RépondreSupprimerTu as raison, je suis sévère en ce moment, avec bien des films, d'ailleurs. Heureusement que certains avis sont plus positifs, ça me rassure toujours. Merci, Selenie !
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