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samedi 3 novembre 2012

Mission évasion (2002)



Sorti sur les écrans en 2002, "Mission évasion" fait partie de ces films dont le titre français est diablement trompeur. Dans sa version originale, ce long métrage s'appelait "Hart's war" (la guerre de Hart) et ce titre avait le mérite de recadrer l'histoire, en la plaçant du point de vue du lieutenant Hart (joué par Colin Farell). Réalisé par Gregory Hoblit (dont j'ai précédemment chroniqué le très agréable "Fréquence interdite"), "Mission évasion" fut surtout vendu sur le fait qu'il était interprété par Bruce Willis, quittant pour un temps le registre "action-movie" qui fit sa gloire. Il faut croire que cet argument ne fut pas des plus convaincants, puisqu'à l'arrivée, le film ne rentabilisa pas sa mise de départ. Il hante depuis les grilles de la TNT, à défaut d'avoir rencontré le succès à sa sortie.

Hiver 1944-45: en pleine bataille des Ardennes, le Capitaine Tommy Hart (Colin Farell), jeune officier jusque là épargné par les horreurs de la guerre, est fait prisonnier et est envoyé dans le stalag commandé par le Colonel Wisser. Les prisonniers de guerre américains y sont commandés par le Colonel McNamara (Bruce Willis). Quand deux pilotes noirs américains font leur entrée au sein des prisonniers, les tensions vont s'exacerber.

Immanquablement, si l'on évoque le thème des prisonniers de guerre, on songe au grand classique qu'est "La grande évasion". Il faut bien avouer que "Mission évasion" pâtit de la comparaison avec son illustre aîné. C'est dommage, car l'approche choisie était pour le moins inédite : peu de longs métrages se sont penchés sur la terrible bataille des Ardennes (sa meilleure retranscription est sans aucun doute celle faite dans la série "Band of Brothers") et il y avait là matière à un film historique solide.

La partie du film consacrée au jugement du Capitaine Lincoln est particulièrement longue et casse le rythme du film. J'avoue ne pas être adepte des films judiciaires, mais tout jugement personnel mis à part, "Mission évasion" aurait gagné à ce que ce chapitre soit raccourci. De même, de nombreuses intrigues secondaires viennent embrouiller le récit et rendent le film inutilement plus long qu'il ne devrait être. Sachant que ce film est adapté du roman "Hart"s war" (lui-même partiellement inspiré de faits réels), se repose la question maintes fois débattue du passage du livre à l'écran. Sans doute aurait-il fallu se permettre plus de "coupes" dans l'adaptation, à la manière de "L.A. Confidential". La densité du récit et les nombreux fils narratifs différents nuisent à la lisibilité du film.

Les multiples longueurs du film lui nuisent énormément, et c'est dommage car à plusieurs reprises, Gregory Hoblit nous gratifie de scènes marquantes (je songe notamment à celle où le train de prisonniers croise un autre train, rempli de déportés). On admirera également l'excellent travail fait au niveau des décors et de la photographie, ainsi que la sobriété fort à propos de l'interprétation. Le plus grand défaut de "Mission évasion" réside dans son scénario qui emprunte trop de voies différentes pour avoir une direction claire. Au final, il perd son spectateur. C'est fort regrettable.



vendredi 12 octobre 2012

Fréquence interdite (2000)


Quand on joue avec le temps, ça peut donner des effets désastreux. Ce n'est pas Marty McFly qui me contredira. Blague à part, nombreux sont les films qui ont utilisé le thème du voyage temporel, avec plus ou moins de bonheur, comme je le disais dans mon billet consacré au décevant "Prisonniers du temps".

Sorti en 2000, "Fréquence interdite" met en scène deux hommes. Le premier, Frank, est un pompier héroïque, père et mari modèle, vivant dans le Queens en 1969. Le second, John, vit en 1999 et est un policier de la brigade criminelle, qui ne s'est jamais remis de la mort de son père, pompier, dans un incendie, trente ans auparavant. Un soir d'aurore boréale, John met la main sur le vieil émetteur radio de son père et entre en communication avec un certain Frank. Ils ne tarderont pas à découvrir qu'ils dialoguent à trente ans de distance et peuvent modifier le cours des événements, ce qui n'est pas sans conséquence...

Le thème du voyage dans le temps, fût-il virtuel comme c'est le cas ici, est éminemment casse-gueule. "Fréquence interdite" se sort plutôt bien de l'exercice de style, si on le regarde avec indulgence (comme ce devrait toujours être le cas pour ce genre de film, où l'on trouve forcément moult paradoxes).

Certes, sa réalisation est d'un absolu classicisme : ne vous attendez pas à des plans audacieux, ou des partis-pris révolutionnaires. Gregory Hoblit, le réalisateur (dont on a vu récemment "La faille" et "Intraçable" sur les écrans) est issu de la télévision et sa façon de conter une histoire s'en ressent. Certaines scènes sont un peu brouillonnes, notamment celles où Frank Sullivan doit affronter un impressionnant incendie.

Cette mise en scène tiède n'honore pas autant qu'il le faudrait le scénario de Toby Emmerich, désormais connu en tant que producteur, et frère de Noah Emmerich, qui joue ici le meilleur ami de John (après avoir joué celui de Truman Burbank, dans "The Truman show"). Le script de "Fréquence interdite" est la bonne surprise de ce film, pourtant mal accueilli lors de sa sortie en salles. En effet, à mi-course, alors qu'on aurait pu craindre un essoufflement de l'intrigue, vient se greffer sur l'étrange échange entre le fils et son père une enquête policière qui, elle aussi, traverse les décennies.

Alors qu'elle aurait pu caler, la machine est relancée et le spectateur est happé jusqu'à la fin. Si on ajoute à cela des interprètes remarquables (Dennis Quaid et Jim Caviezel ont rarement été aussi bons), on obtient finalement un divertissement honnête et plutôt futé.

En dehors de la réserve que j'émettais plus haut quant à la mise en scène de Gregory Hoblit, une des raisons de l'échec de ce film dans l'Hexagone tient aussi à son profond ancrage dans la culture américaine. Il y est fait maintes fois référence au base-ball, par exemple, et l'on sait le peu de résonance que ce sport a dans nos contrées.

Cela dit, son peu de succès public outre-Atlantique montre bien la difficulté à faire avaler un scénario plus complexe que la normale aux spectateurs lambda. En l'occurrence, et même s'il fut couronné par quelques récompenses (dont un Saturn Award du meilleur film fantastique), "Fréquence interdite" aurait mérité de rencontrer un plus large public. Sans être un chef d'oeuvre inoubliable, c'est un honorable divertissement. Ca n'est déjà pas si mal...