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lundi 2 novembre 2020

Le vélo de Ghislain Lambert (2000)

Un film sur un cycliste, pourquoi pas ? Bien des sportifs, réels ou imaginaires, ont été au centre de films. Philippe Harel, cinéaste français dont on connaît surtout "Les randonneurs" retrouvait, il y a déjà une vingtaine d'années, Benoît Poelvoorde pour lui offrir le rôle principal du "Vélo de Ghislain Lambert", qui retraçait la carrière (fictive) d'un cycliste belge. La petite reine n'était alors pas encore revenue en grâce et ce film n'eut pas le même succès que celui qu'il consacra à la randonnée. Grimpons sur nos vélos pour suivre Ghislain Lambert dans son drôle de parcours. 

Dans les années 1970, en Belgique, Ghislain Lambert est passionné de vélo et rêve de devenir champion cycliste, à l'image d'Eddy Merckx, son idole. A force d'entraînement, il parvient à intégrer la modeste équipe Magicrème où il est contraint de rester dans l'ombre du leader. Mais Ghislain ne compte pas en rester là et, quitte à user de produits dopants, il espère bien gravir lui aussi les marches du podium. La route est longue vers la victoire. Longue et douloureuse, parfois.

L'équilibre entre comédie et drame était déjà l'une des caractéristiques des "Randonneurs", où Benoît Poelvoorde s'en donnait à cœur-joie. Dans "Le vélo de Ghislain Lambert", c'est à nouveau sur cette ligne fine qu'il s'engage. Si vous vous attendez à rire aux aventures, voire aux dépens, de Ghislain Lambert, vous risquez fort de ne pas y retrouver votre compte. C'est d'un de ces losers entêtés qu'il est question, dans le film de Philippe Harel, d'un de ces hommes à qui la réussite échappe, quoi qu'il fasse, sans doute parce qu'il n'est pas né du bon côté de la réussite et qu'il semble s'acharner à faire les mauvais choix. 

Ces perdants, souvent magnifiques, ont inspiré bon nombre de films, attirant sur eux la sympathie du public. Mais, dans le cas de Ghislain Lambert, on a du mal à s'attacher à ce cycliste condamné à jouer les porteurs d'eau. Les rares moments où il fait montre d'un peu d'empathie envers ses semblables et oublie son fichu vélo ne suffisent pas à l'humaniser et à le rendre sympathique. Dans le rôle de ce sportif maudit (mais qui fait tout pour), Benoît Poelvoorde livre une prestation honnête, évitant les éclats dont il parfois abusé, mais cela ne suffit pas à faire du film une réussite. Les interprétations de José Garcia et de Daniel Ceccaldi, pour ne mentionner que les plus célèbres du casting, ne compensent pas, elles non plus, l'impression que ce film pédale dans le vide. 

Il aurait sans doute fallu un peu plus que ce que délaie "Le vélo de Ghislain Lambert" sur tout son parcours pour qu'il soit réussi. Trop long, au point qu'il aurait sans doute gagné à être amputé d'une bonne demi-heure, "Le vélo de Ghislain Lambert" peine à trouver sa voie et son rythme. Tournant souvent sur lui-même, le film peut laisser sur le bord de la route nombre de ses spectateurs. Dans le cas d'un critérium, c'est logique. Mais quand il s'agit d'un long métrage, c'est dommage.



samedi 20 octobre 2018

Les marchands de sable (2000)


Pierre Salvadori, de qui l'on connaît essentiellement le très chouette "Les apprentis" a déjà eu le droit dans ces colonnes à plusieurs billets, pour des films qui n'avaient pas reçu le succès mérité. Souvent peuplé de personnages attachants mais un peu délabrés, ses films (ayant essentiellement pour décor Paris et ses quartiers, d'ailleurs) sont à hauteur d'homme ou de femme. L'un de ses longs métrages les moins remarqués est un vrai film noir, et je suis prêt à parier que la majorité du public n'a jamais entendu parler des "Marchands de sable". A l'origine de ce film se trouve un téléfilm, produit pour Arte, dont Pierre Salvadori a choisi de faire un long métrage. 

Sortant de prison, Marie retrouve son frère Antoine, qui l'héberge et souhaite lui offrir une vie meilleure. Antoine, mêlé au trafic de drogue de son quartier, choisit un jour de garder l'argent d'une transaction pour lui. En voulant doubler ceux qui le fournissent en drogue pour fuir avec Marie, sa sœur aimée, il est rattrapé par ceux qu'il voulait voler et meurt.
Ravagée, Marie cherche ceux qui l'ont tué, avec l'aide d'Alain, le patron du bar "Le détour", autour duquel tout gravite et tient plus ou moins en équilibre : les trafics, ceux qui en vivent, ceux qui le subissent, et ceux qui en meurent...

Noir, c'est noir, disait l'autre. Avec "Les marchands de sable", Pierre Salvadori bascule aux antipodes des "Apprentis" où ses héros s'en sortaient par des petites combines et où le soleil finissait par se lever sur leurs galères. Ici, dès le début, c'est fichu. La scène d'ouverture est d'ailleurs implacable, puisqu'elle annonce la fin et que celle-ci est terrible. L'espoir est donc torpillé dès le début : ceux qui comptaient sourire devront choisir un autre film (ça tombe bien, Salvadori en a de beaux dans sa filmographie). Ceux qui, par contre, s'intéressent au côté obscur de l'homme et sont prêts à une plongée dans un univers réaliste seront gâtés.

En effet, l'un des atouts des "Marchands de sable" est le réalisme de l'histoire, des décors et des personnages. Ici, point de poursuites de voitures à travers un Paris fantasmé, point de fusillades au cours desquels les explosions irradient à l'écran. Non, l'intrigue du film se déroule près de nous : c'est dans un quartier ordinaire qu'on magouille, qu'on se drogue et que, finalement, on perd sa vie. "Les marchands de sable" se déroule dans la rue d'à côté et, en cela, fait bien plus froid dans le dos que nombre de films sur le même sujet (je suis sûr que vous avez des exemples en tête). 

Et il y a les acteurs, tous formidables, comme souvent dans les films de Pierre Salvadori. Pour incarner ces humains à la dérive, dont aucun ne peut porter le titre de héros, mais qui sont finalement tous terriblement crédibles, le réalisateur a fait appel à un casting impeccable. Mathieu Demy trouve ici l'un de ses meilleurs rôles, face à un Guillaume Depardieu, plus incandescent que jamais, dont on ne peut que regretter la trop courte carrière. Entre eux, Marina Golovine paraît sans doute moins convaincante. Et puis, il y a l'immense Serge Riaboukine, fidèle de Pierre Salvadori, autour de qui l'histoire gravite, avant de le percuter violemment. Enfin, Robert Castel, éternel pied-noir des comédies franchouillardes, est remarquable en parrain du voisinage (personnage d'ailleurs mille fois plus crédible que nombre de chefs de gangs cinématographiques).

Sans doute à ranger parmi les meilleurs films noirs français, "Les Marchands de sable" force le respect, par son réalisme et sa réalisation en prise directe avec son univers. A déconseiller si vous n'avez déjà pas le moral, cet opus, sans doute le plus noir de Pierre Salvadori, mérite de s'y attarder, pour peu qu'on soit amateur du genre.


Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2018, pour la catégorie 
"Un film dont le titre contient une couleur"

samedi 19 novembre 2016

Vatel (2000)


Le film historique est souvent un exercice périlleux et il ne suffit pas de disposer de beaux décors et de jolis costumes pour raconter une histoire dans l'Histoire. Nombreux sont ceux qui échouèrent dans cet exercice. Roland Joffé, qui pourtant avait, avec "Mission", récolté maintes récompenses et louanges, échoua à séduire avec son "Vatel", qui racontait l'histoire tragique d'un des plus grands cuisiniers français, à la cour du Roi Soleil.

Maître des plaisirs au service du Grand Condé, qui cherche à retrouver les faveurs du Roi-Soleil, François Vatel a fort à faire en organisant les festivités accompagnant le séjour de Louis XIV au château de Chantilly. Entre les intrigues de cour, les exigences des courtisans et l'ambition de la tâche que lui a confié Condé, Vatel a fort à faire, d'autant plus qu'il considère son oeuvre comme un art. 

On connait tous, ou presque, la tragique destinée de Vatel, qui alla jusqu'à se donner la mort parce que la livraison indispensable à son prochain service n'arrivait pas. Mettre en scène la destinée d'un homme d'honneur, non noble de surcroît, lâché au milieu d'une faune cultivant l'intrigue, l'arrogance et les apparences, voilà qui avait de quoi réjouir l'amateur de films historiques. Une époque riche, des personnages hauts en couleurs, et un destin particulier, les ingrédients étaient réunis pour un grand film. Hélas, alors qu'il avait réussi à mettre en images le combat perdu d'avance des missionnaires en Amérique du Sud, Roland Joffé échoue à orchestrer le bal des hypocrites et de l'honnête homme.

Les décors sont somptueux, les costumes le sont tout autant, la partition d'Ennio Morriconne (qui retrouve le réalisateur après sa sublime partition pour "Mission") est remarquable, mais le flacon n'est pas synonyme d'ivresse, hélas, tant le pauvre Vatel semble perdu dans un tourbillon contre lequel il ne peut rien faire, et où il entraîne le spectateur, souvent perdu dans la tempête, fût-elle esthétiquement remarquable.

Doté d'un casting royal (pardonnez-moi le mot), "Vatel" ne fait hélas pas honneur à sa distribution, tant il est confus. On pardonnera cependant à ses interprètes, qui font de leur mieux, mais voient leur performance diluée dans les méandres d'un scénario qui donne envie d'un nouveau montage. Qu'il s'agisse de Gérard Depardieu (alors très en vue de l'autre côté de l'Atlantique, mais cela ne dura pas), d'Uma Thurman ou de Julian Glover, on ne peut que saluer la performance de ceux qui incarnent les personnages de cette fresque souvent brouillonne. J'émettrais quelques réserves quant à celle de Tim Roth, qu'on sent parfois peu concerné par son rôle d'intrigant. 

Alors qu'il avait fait montre d'un immense talent avec "Mission" ou "La déchirure", Roland Joffé semble s'être emmêlé les pinceaux en s'attaquant à l'histoire de François Vatel, maître des plaisirs au service du Grand Condé. En revisionnant ce film qui ne laissa pas de grandes traces dans la mémoire collective des cinéphiles, on ne peut qu'avoir des regrets. Pareil destin méritait tout de même mieux...




dimanche 30 octobre 2016

Un monde meilleur (2000)


Une oeuvre peut-elle changer le monde ? Ou, au moins, instiller une idée qui ferait de notre planète un monde meilleur ? Il est permis d'en douter. Néanmoins, il est quelques films qui, par les thèmes qu'ils évoquent et les actions qu'ils suggèrent, pourraient prétendre à cela. Le roman "Pay it forward", de Catherine Ryan Hyde, adapté sous le même titre au cinéma par Mimi Leder (et dont le titre français était "Un monde meilleur") m'avait, lors de sa sortie, laissé un joli souvenir. Il ne changea pas le monde, cependant, ni ne marqua les mémoires, malgré une belle ambition.

Dans la banlieue de Las Vegas, le jeune Trevor découvre son nouveau professeur de civilisation. Celui-ci, un homme mystérieux au visage partiellement brûlé, donne à ses élèves un étrange devoir : trouver une idée qui rendrait le monde meilleur. 
Ce jeune garçon, dont la mère célibataire tente de survivre entre petits boulots et alcoolisme, va prendre ce devoir très à cœur et mettre son idée en application. Il ne sait pas encore que cette initiative va avoir d'immenses conséquences, même si son plan ambitieux se heurte à la réalité.


Mimi Leder, après "Le pacificateur" et "Deep Impact", sorte de contrepoint parfois mal équilibré au tonitruant et outrancier "Armageddon", livre ici l'adaptation d'un roman plein d'humanité, souvent naïf, mais qui plaira aux rêveurs et aux utopistes. Attention, cependant : on ne sombre jamais dans la candeur et l'angélisme. La réalité à laquelle les protagonistes de cette histoire sont confrontés est dure et ressemble à celle de bien des gens sur la Terre. 

Encore une fois, la réalisation de Leder est assez académique et sans audace. Cependant, il faut reconnaître qu'elle sert l'histoire plus qu'elle ne la dessert, même si on aurait apprécié un peu d'inventivité. A défaut, force est de reconnaître que l'on n'est jamais perdu dans les différents arcs narratifs qui s'ouvrent, et que la narration reste fluide. C'est un bon point auquel certains longs métrages ne peuvent pas toujours prétendre. 

Cependant, c'est surtout la très belle interprétation donnée par le grand Kevin Spacey, la gracieuse (malgré une coiffure parfois improbable) Helen Hunt et le remarquable Haley Joel Osment, tout juste sorti du "Sixième sens" qui donne à "Un monde meilleur" son humanité et, finalement, tout son intérêt. Insufflant aux héros du roman leur immense talent, et croyant en leur rôle (cela transparait à l'écran), ce magnifique trio incarne à merveille des personnages brisés par la vie, qui se relèvent, tombent à nouveau, mais continuent à vivre parce qu'une lueur d'espoir est toujours à portée de vue.
Derrière eux, on notera également la belle prestation de Jim Caviezel, Jay Mohr, de la grande Angie Dickinson et même de l'inattendu Jon Bon Jovi. Visiblement dirigés par une réalisatrice aimant ses acteurs, tous se mettent au service d'une histoire à laquelle on a envie de croire. 

L'époque n'est pas à la bienveillance, ni à la naïveté. Il n'empêche que l'utopie portée par le jeune Trevor pourra donner à certains un peu d'espoir. Sans doute trop humaniste pour rencontrer le succès dans les salles, "Un monde meilleur" mérite cependant un autre regard, évidemment bienveillant.


dimanche 16 février 2014

Hollow man, l'homme sans ombre (2000)




Après "Starship Troopers", l'un des plus grands malentendus de l'histoire du cinéma de science-fiction, Paul Verhoeven s'attaqua à sa version des aventures de l'homme invisible. Né de l'imagination du prolifique auteur H.G. Wells, ce personnage mythique du fantastique connut maintes vies, sur papier ou sur pellicule. On se souviendra notamment de la série télévisée qui lui était consacrée (mettant en vedette le jeune David McCallum) ou du film de James Whale (le réalisateur du mythique "Frankenstein" de 1931).

Dans un laboratoire oeuvrant pour le compte de l'armée américaine, et dissimulé aux yeux de tous, le Professeur Sebastian Caine et son équipe travaillent d'arrache-pied sur l'invisibilité. Impulsif malgré son génie, Caine décide de tester sur lui-même la dernière formule mise au point. Il devient donc invisible, mais doit vite s'apercevoir que le procédé est irréversible. Alors que ses collègues cherchent une solution, Caine laisse libre cours à ses instincts, maintenant qu'il bénéficie de son nouveau pouvoir. Très vite, il devient incontrôlable.  

Paul Verhoeven eut son heure de gloire durant les années 1990, en livrant coup sur coup quelques films majeurs de cette décennie : "Robocop", "Total Recall" et "Basic Instinct", pour ne citer que les plus connus. Avant de tomber en disgrâce avec "Showgirls", il a su imposer une façon de filmer parfois brutale et sans ambages. Bousculant les conventions, Verhoeven avait sa touche, faite d'impertinence, de violence, de sexualité. Fable sur les apparences et les limites qu'impose la société, le concept de l'homme invisible aurait pu donner lieu à un film de science-fiction au propos corrosif et pertinent. Il n'en est hélas rien, ou presque. 

Le plus grand défaut du film, et il est majeur, c'est son scénario. Basé sur des personnages à la psychologie maigrelette, ce dernier se réfugie derrière des effets spéciaux remarquables (pour l'époque) et des scènes-choc (Verhoeven se fait clairement plaisir à plusieurs reprises) qui ne suffisent pas à cacher le vide de l'ensemble. La dernière partie du film, qui louche fortement du côté du slasher, donne l'impression d'une conclusion bâclée, comme si cette portion du scénario avait été écrite au moment du tournage et tournée à la va-vite, sans grand souci de réalisme.

Kevin Bacon, dans le rôle principal, joue sur le registre de l'excès, à tel point qu'il en fait souvent "trop". La charmante Elizabeth Shue (remarquée quelques années plus tôt dans les deux derniers volets de "Retour vers le futur"), mais aussi Josh Brolin ou Greg Grunberg (qui aura son heure de gloire dans la série "Heroes"), poussent le curseur un peu loin dans leur interprétation de chercheurs dépassés pas leur créature, n'étant jamais crédibles ou presque.

Il n'y a donc pas grand chose à retenir de ce "Hollow man", mis à part quelques effets spéciaux remarquables pour leur époque. Ce film sonna le glas de la carrière américaine de Paul Verhoeven : on peut aisément le comprendre et le déplorer. Assez étonnamment, malgré des critiques négatives, une suite fut tournée, qui sortit directement en vidéo. Pour un peu, c'est le sort qu'on aurait pu envier au premier volet, malgré toute l'estime qu'on peut avoir pour Paul Verhoeven.








mercredi 17 juillet 2013

Endiablé (2000)


L'intervention du fantastique dans la comédie a donné lieu à de nombreux films, souvent inégaux. Pour un traitement en finesse à la façon de "Un jour sans fin", combien de "Ma vie est un enfer" ? De longue date, les cinéastes ont utilisé le fantastique pour apporter un peu de piment à des comédies qui auraient été bien palotes sans cet ajout, ou pour mettre un peu plus en relief des thèmes qui leur étaient chers (l’incontournable "La vie est belle" de Frank Capra, reste un modèle du genre). "Endiablé" ("Bedazzled", en version originale) est à ranger dans la catégorie des comédies où intervient un élément fantastique, mais n'a pas pour autant marqué les esprits lors de sa sortie. 

Elliott est ce qu'on peut appeler un loser. Mal considéré par tous, ce brave garçon désespérément célibataire rêve de conquérir le coeur d'une jolie collègue qui l'a à peine remarqué.
C'est le moment que choisit Satan en personne pour surgir dans son existence et lui permettre d'exaucer sept de ses voeux. Naturellement, le diable (ou plutôt la diablesse, puisqu'elle a ici les traits et la plastique d'Elizabeth Hurley) va se faire un malin plaisir d'interpréter à sa guise les souhaits du malheureux.

Réalisé par Harold Ramis (le docteur Egon Spengler de "SOS Fantômes"), "Endiablé" est le remake de "Fantasmes", un film de Stanley Donen (surtout connu pour ses comédies musicales, comme "Charade") réalisé en 1967. Si l'original n'a pas marqué les mémoires, la version de Ramis ne le fera pas non plus, il faut bien le reconnaître. Malgré quelques maigres trouvailles scénaristiques et une poignée de gags qui font sourire, cette comédie s'avère au final poussive et assez ennuyeuse. Les coupables, en l’occurrence, sont plusieurs : la réalisation, extrêmement plate et manquant cruellement de rythme (et je ne parle pas des multiples répétitions d'effets se voulant comiques), et les acteurs, manquant cruellement de conviction.

Au premier rang du casting, Brendan Fraser, acteur auquel je n'arrive pas à trouver le moindre talent, traverse ce film avec l'air navré du type qui n'a pas compris ce qui lui arrive. Elisabeth Hurley, quant à elle, a beau être diaboliquement sexy (et n'être pas avare de ses charmes), il lui reste pas mal de chemin pour devenir une grande actrice, qu'on admirera pour autre chose que son physique.

Harold Ramis a réalisé quelques belles comédies (le déjà cité "Un jour sans fin" et, dans une moindre mesure, "Mafia Blues", par exemple), mais "Endiablé" fait pâle figure en comparaison de celles-ci. L'échec commercial (et critique) de ce remake inutile d'un film oublié en dit long sur sa réussite, pour une fois. Ce qui fait défaut à ce dernier réside essentiellement dans une réalisation et une interprétation qui auraient du lui donner le punch et l'intérêt nécessaire. Faute de cela, vous pouvez passer votre chemin sans regret. 





jeudi 11 avril 2013

La plage (2000)


Après avoir fait irruption dans le paysage cinématographique européen, puis mondial, grâce à sa "Money bag trilogy" (dont le troisième volet, "Une vie moins ordinaire", fit l'objet d'une chronique en ces lieux), Danny Boyle était au sommet. Bien qu'ayant reçu un accueil mitigé pour son dernier film, il eut l'opportunité d'adapter au grand écran le roman d'Alex Garland, son complice scénariste, avec en tête d'affiche la star de cette époque : Leonardo di Caprio. Pour ceux qui auraient vécu les vingt dernières années dans une grotte, le jeune Leonardo surfait alors sur la vague "Titanic" et aurait pu rendre rentable n'importe quel nanar, ou presque. C'est du moins ce que pensèrent les producteurs de "La plage", alors que Boyle lui aurait préféré son acteur fétiche, Ewan McGregor. Pour la petite histoire, cette petite trahison fut l'origine de la brouille entre les deux hommes. 

Richard, jeune américain aventureux en séjour en Thaïlande, fait la rencontre de Daffy, un anglais visiblement en proie à un grand désordre mental. Ce dernier lui parle d'une plage idyllique, sur une île cachée : là, vivrait une communauté ayant trouvé le chemin du bonheur. Quand il retrouve Daffy suicidé dans sa chambre d'hôtel, Richard décide de chercher cette plage et, la carte de Daffy en main, entraîne avec lui la jolie Françoise et son compagnon Etienne. Ce qu'ils vont découvrir n'a pas fini de les surprendre et changera leurs existences.

Les thèmes que convoque le scénario de "La plage" sont nombreux et auraient pu donner le meilleur. Entre la quête du paradis perdu et l'ode à la nature, pour n'en citer que deux parmi les principaux, il y avait déjà matière à un film ambitieux. Filmé dans les décors sans pareil de la Thaïlande, ce long métrage ne réussit pourtant pas à pousser son spectateur à une vraie réflexion, mais se contente de le balader dans le sillage de son acteur principal, quitte à partir totalement en vrille.. 

Même si les images sont souvent magnifiques, que Danny Boyle se sert avec brio de son talent indéniable de cinéaste, c'est la platitude extrême du scénario qui l'emporte. Malgré un pitch prometteur et une première moitié loin d'être inintéressante, le film s'ensable sur cette plage, aussi paradisiaque soit-elle. C'est comme si, une fois les protagonistes arrivés dans l'étrange communauté dirigée par Tilda Swinton, le scénariste ne savait qu'en faire. Du coup, il leur assène quelques clichés, beaucoup de banalités, avant de trouver le salut dans la fuite et le n'importe quoi.

Alors, bien sûr, les acteurs sont excellents, les images sont très belles, la réalisation est à la hauteur et je n'évoque même pas la bande originale (un vrai délice pour les oreilles, comme souvent avec Danny Boyle), mais on a plus l'impression d'assister à un long clip vidéo plus qu'à un film. Porteur au départ de thèmes forts et prometteurs, "La plage" semble avoir perdu en chemin son âme. Danny Boyle quittera Hollywood après cet échec. Au vu du reste de sa carrière, ce fut peut-être un mal pour un bien.


vendredi 12 octobre 2012

Fréquence interdite (2000)


Quand on joue avec le temps, ça peut donner des effets désastreux. Ce n'est pas Marty McFly qui me contredira. Blague à part, nombreux sont les films qui ont utilisé le thème du voyage temporel, avec plus ou moins de bonheur, comme je le disais dans mon billet consacré au décevant "Prisonniers du temps".

Sorti en 2000, "Fréquence interdite" met en scène deux hommes. Le premier, Frank, est un pompier héroïque, père et mari modèle, vivant dans le Queens en 1969. Le second, John, vit en 1999 et est un policier de la brigade criminelle, qui ne s'est jamais remis de la mort de son père, pompier, dans un incendie, trente ans auparavant. Un soir d'aurore boréale, John met la main sur le vieil émetteur radio de son père et entre en communication avec un certain Frank. Ils ne tarderont pas à découvrir qu'ils dialoguent à trente ans de distance et peuvent modifier le cours des événements, ce qui n'est pas sans conséquence...

Le thème du voyage dans le temps, fût-il virtuel comme c'est le cas ici, est éminemment casse-gueule. "Fréquence interdite" se sort plutôt bien de l'exercice de style, si on le regarde avec indulgence (comme ce devrait toujours être le cas pour ce genre de film, où l'on trouve forcément moult paradoxes).

Certes, sa réalisation est d'un absolu classicisme : ne vous attendez pas à des plans audacieux, ou des partis-pris révolutionnaires. Gregory Hoblit, le réalisateur (dont on a vu récemment "La faille" et "Intraçable" sur les écrans) est issu de la télévision et sa façon de conter une histoire s'en ressent. Certaines scènes sont un peu brouillonnes, notamment celles où Frank Sullivan doit affronter un impressionnant incendie.

Cette mise en scène tiède n'honore pas autant qu'il le faudrait le scénario de Toby Emmerich, désormais connu en tant que producteur, et frère de Noah Emmerich, qui joue ici le meilleur ami de John (après avoir joué celui de Truman Burbank, dans "The Truman show"). Le script de "Fréquence interdite" est la bonne surprise de ce film, pourtant mal accueilli lors de sa sortie en salles. En effet, à mi-course, alors qu'on aurait pu craindre un essoufflement de l'intrigue, vient se greffer sur l'étrange échange entre le fils et son père une enquête policière qui, elle aussi, traverse les décennies.

Alors qu'elle aurait pu caler, la machine est relancée et le spectateur est happé jusqu'à la fin. Si on ajoute à cela des interprètes remarquables (Dennis Quaid et Jim Caviezel ont rarement été aussi bons), on obtient finalement un divertissement honnête et plutôt futé.

En dehors de la réserve que j'émettais plus haut quant à la mise en scène de Gregory Hoblit, une des raisons de l'échec de ce film dans l'Hexagone tient aussi à son profond ancrage dans la culture américaine. Il y est fait maintes fois référence au base-ball, par exemple, et l'on sait le peu de résonance que ce sport a dans nos contrées.

Cela dit, son peu de succès public outre-Atlantique montre bien la difficulté à faire avaler un scénario plus complexe que la normale aux spectateurs lambda. En l'occurrence, et même s'il fut couronné par quelques récompenses (dont un Saturn Award du meilleur film fantastique), "Fréquence interdite" aurait mérité de rencontrer un plus large public. Sans être un chef d'oeuvre inoubliable, c'est un honorable divertissement. Ca n'est déjà pas si mal...





jeudi 5 juillet 2012

Temptation (2000)



Quand j'ai commencé ce blog, c'était pour une noble cause : tirer de l'oubli certains longs métrages qui n'avaient pas mérité le sort qui fut le leur. J'aurais du m'en douter : si des films connaissent l'échec (sans parler de ceux qui n'ont même pas l'honneur d'une sortie dans les cinémas), certains le méritent. « Temptation » est de ceux-ci.

Réalisé par Lyndon Chubbuck (dont le film le plus célèbre est « Y a-t-il un parrain pour sauver la maffia ? », épouvantable daube où s'était échoué Christopher Walken), « Temptation » dispose pourtant d'un casting honorable : Kiefer Sutherland (qui, à l'époque, surfait sur le succès de « L'expérience interdite» et et de « Génération perdue », depuis devenu une star planétaire depuis le succès de « 24 heures chrono ») et Rebecca de Mornay (qui se fit remarquer notamment dans « La main sur le berceau » mais fut également vue dans la série « Urgences », entre autres). 

Résumons l'histoire, en quelques mots, sans cependant en trahir la fin. Soupçonnant son mari (Kiefer Sutherland) d'être volage, Anthea ( Dana Delany, entrevue dans « Tombstone») engage Derian, une jolie détective privée, (incarnée par Rebecca de Mornay) pour le surveiller, et bientôt tenter de le séduire, afin de mettre sa fidélité à l'épreuve. Mais les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.

Qui manipule qui ? En voilà une question qu'elle est bonne, non ?


Clairement, « Temptation » louche du côté des thrillers complexes, dans la vague initiée (au début des années 1990) par « Basic Instinct », et prolongée par quantité de déclinaisons, pas toujours heureuses. Au menu de ces films, un scénario en trompe-l'œil, un rien de perversité, un soupçon de sexe, quelques scènes chocs sont les ingrédients nécessaires. Seulement, pour réussir un tel cocktail, il faut des scénaristes dignes de ce nom et un réalisateur capable de transposer tout cela à l'écran. 


Je n'irai pas par quatre chemins : dans le cas de « Temptation », la mayonnaise ne prend pas. A aucun moment, le spectateur, fût-il de bonne composition et décidé à être indulgent, ne se laisse prendre. A peine digne d'une diffusion sur Direct8 (et encore, en deuxième partie de soirée), réalisé avec autant de talent qu'un film de vacances, pourvu d'un scénario visiblement écrit par un débile léger, cette oeuvre (terme extrêmement galvaudé, en l'occurrence) n'a pas grand chose à voir avec le septième art.

On pardonnera aux acteurs cette erreur de parcours, sans doute destinée à des fins purement alimentaires. On sera moins indulgent avec le réalisateur et les producteurs de cette infâmie (qui, dans un accès de lucidité, n'osèrent même pas sortir ce film sur les écrans).


Quant à ce film, une seule destination possible pour lui : l'oubli, définitivement.