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mercredi 14 mars 2018

Sous le figuier (2011)



Évoquer la mort n'est jamais facile. Le septième art se frotte parfois à ce thème douloureux mais universel, avec plus ou moins de succès. Les films traitant du trépas peuvent prendre la forme de drames dont on sort les yeux rougis, quand ils affrontent le spectre de face, ou choisir de l'aborder de biais. Dans le cas de "Sous le figuier", Anne-Marie Etienne évoquait la mort prochaine d'une vieille dame, qui choisissait de partir entourée de ceux qu'elle aime, en douceur et sans cérémonie. Porté par l'immense Gisèle Casadesus, alors âgée de 97 ans, ce film n'avait pourtant pas attiré beaucoup de spectateurs dans les salles.

Étrange vieille dame que Selma, un peu cartomancienne à ses heures perdues. A 95 ans, se sachant gravement malade, elle n'a qu'un dernier vœu : partir en douceur, entouré de ceux qu'elle apprécie, dans une maison de vacances. 
Alors, Nathalie, cuisinière en colère, Christophe, père célibataire et Joëlle, jeune femme larguée par la vie, se retrouvent autour de Selma, pour ses derniers jours. 
Et si c'était Selma qui, au crépuscule de la vie, leur donnait les clés de leurs vies ?

Malgré un thème des plus dramatiques, "Sous le figuier" tient surtout du film choral, fût-il à effectif réduit. Pourquoi pas, après tout ? Réunir autour d'un thème et, surtout dans ce cas, d'un personnage central, des protagonistes qui ont tout à gagner les uns des autres et qui s'apprécient, cela pourrait être la clé de la réussite. D'autant qu'on a envie de les apprécier, ces personnages, lorsqu'ils entrent en scène. Qu'il s'agisse de Christophe, en père courage, qui mène de front sa vie professionnelle et celle, plus gourmande sans doute, de papa, ou de Nathalie, la chef remarquée qui envoie balader carrière et cuisine moléculaire d'un seul coup, les héros de "Sous le figuier" ont quelque chose qui donnent envie de s'intéresser à eux.

Cela ne suffit cependant pas, il faut le reconnaître. Sans doute parce que leur réunion autour de Selma est improbable et peu crédible, et aussi parce que le scénario pêche par ses nombreuses lacunes, la tragi-comédie qui se joue autour de Selma ne fonctionne qu'à demi. Plus souvent agaçants que réellement attachants, les trois jeunes gens veillant au bien-être de Selma (mais s'occupant plus souvent de leurs petites personnes) se reconstruisent tandis que la douce vieille dame s'éteint, mais on n'y croit guère. Il aurait fallu à ce film un scénario plus solide et cohérent (ou alors, une bonne séance chez un script-doctor, comme on dit). Nombreux sont les moments où on se demande ce que les personnages font là, pourquoi ils agissent ainsi et s'il ne manquerait pas une séquence de transition pour amener telle ou telle scène.

C'est la grande Gisèle Casadesus qui tire le mieux son épingle du jeu, évidemment. Dans un rôle qui fut sans doute difficile pour elle, au vu de son grand âge, elle magnétise l'écran à chacune de ses apparitions. A ses côtés, Jonathan Zaccai, Anne Consigny et Marie Kremer font souvent pâle figure et on se souvient moins de leurs prestations que de celle de la grande dame qui nous quitta, il y a peu, plus que centenaire...

S'il est une raison de visionner "Sous le figuier", c'est la présence de Gisèle Casadesus, en vieille dame digne et douce, prête à un dernier clin d’œil, malgré la proximité de la faucheuse. Merci, mademoiselle. 





mardi 19 mai 2015

Le plus beau jour de ma vie (2004)


Un mariage, des têtes d'enterrements : voilà comment aurait pu se résumer la bande-annonce qui m'incita, l'autre soir, à jeter mon dévolu sur "Le plus beau jour de ma vie", diffusé sur Arte. La présence de ce film sur la dite chaîne avait de quoi mettre la puce à l'oreille : il ne s'agirait sûrement pas d'une énième comédie romantique, mais plutôt d'un film s'en prenant à ce qui reste une institution pour beaucoup : le mariage (accessoirement la première cause de divorce, soit dit en passant). Réalisé par Julie Lipinski, "Le plus beau jour de ma vie" avait été un bide sévère lors de sa sortie en salles : cela se justifiait-il ?

Lola et Arthur vivent ensemble depuis cinq ans et tout va bien pour eux, malgré leurs caractères souvent dissemblables. Seulement, autour d'eux, il se passe quelque chose : tous leurs amis se marient. Lola n'y tient plus et insiste auprès d'Arthur pour que tous deux passent également devant Monsieur le Maire. Arthur finit par céder, et pose quelques conditions...
Mais rien ne se passera comme prévu : ce qui devait être le plus beau jour de leur vie va-t-il vraiment l'être ?


On en a vu, des comédies plus ou moins romantiques traitant du mariage, réussies ou pas, acclamées par le public ou pas. Premier long métrage de Julie Lipinski, "Le plus beau jour de ma vie" aurait pu rencontrer un vrai succès populaire. Après tout, le récent "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?" a explosé les chiffres du box-office avec moins d'arguments en sa faveur. Ce film catastrophe sur le bonheur (comme annoncé sur l'affiche) est doté d'un vrai ton qui joue en sa faveur. Julie Lipinski, qui est ici également scénariste (avec l'aide de Laurent Tirard), affirme dès son premier film une véritable "patte", en se permettant quelques trouvailles cinématographiques et narratives.

L'autre point fort de "Le plus beau jour de ma vie" est son interprétation : les comédiens qui habitent et traversent cette histoire partant souvent dans tous les sens lui donnent une énergie qui manque à bien des films français. Qu'il s'agisse des deux premiers rôles, tenus par la jolie Hélène de Fougerolles et l'étonnant Jonathan Zaccaï (vu récemment dans "Les âmes de papier"), ou du second rang de l'interprétation (citons, en vrac et sans préférence Elise Larnicol, Alexandre Brasseur, Marisa Berenson, François Berléand, Michel Duchaussoy, Eva Darlan et j'en oublie), tous communiquent au film leur talent.

Hélas, cela ne suffit pas toujours à masquer les baisses de rythme dont souffre "Le plus beau jour de ma vie". Bien que revendiquant un ton caustique, le film ne tient pas toutes ses promesses, n'allant pas assez loin dans l'attaque frontale contre l'institution. Quelques répétitions et, surtout, nombre de passages à vide laissent souvent le spectateur sur le bord de la route, même s'il ré-embarque volontiers dès que la machine redémarre...

Pas assez caustique pour être la comédie féroce qu'on aurait aimé trouver, "Le plus beau jour de ma vie", malgré quelques beaux moments, donne souvent une impression d'inachevé. Néanmoins, les comédiens qui lui donnent vie méritent à eux seuls le déplacement, par l'énergie qu'ils confèrent à ce petit film.






dimanche 1 mars 2015

Les âmes de papier (2013)


En préambule à ce billet, une mise au point s'impose : traiter d'un film dont les acteurs ont été ou sont sous les feux des projecteurs de la presse people signifie pour moi parler d'un film comme un autre. A ceux amateurs de rumeurs, commentaires et autres théories, je prie d'aller faire un tour sur les sites spécialisés, merci.
Maintenant que nous sommes entre nous, amis cinéphiles, et que nous y sommes bien, parlons cinéma, avec un petit film belge qui aurait pu attirer bien plus de monde dans les salles lors de sa sortie. Avec son joli titre, "Les âmes de papier" est passé inaperçu dans nos contrées, avec un box-office de moins de 6.000 entrées en France. 

Drôle de métier que celui de Paul : avec sa plume adroite et acérée, il écrit des oraisons funèbres (qui ne plaisent pas à tous, et lui valent parfois des déconvenues). Emma, une jeune veuve, fait appel à ses services. Son fils de huit ans refuse le décès de son père, et se ferme dès qu'on évoque le sujet. Elle demande à Paul de raconter au petit garçon l'histoire de ce père disparu. Paul, lui aussi veuf depuis cinq ans (et toujours installé dans cette douleur) refuse, avant d'accepter... Entre Emma et Paul, une belle histoire se dessine...mais c'est sans compter avec les fantômes du passé.

A la fois comédie romantique, film légèrement fantastique et conte sur la vie et le deuil, "Les âmes du papier" est passé sous les radars de pas mal de cinéphiles (je confesse n'en avoir pas entendu parler lors de sa sortie). Propulser un petit film sur les écrans le jour de Noël 2013, dans l'ombre du "Loup de Wall Street", n'est sans doute pas l'idée du siècle. C'est bien dommage, si vous voulez mon avis, parce que "Les âmes de papier" aurait mérité de rencontrer plus de public, tout petit film qu'il est. Vincent Lannoo, son réalisateur, affirme ici un vrai savoir-faire, avec un long métrage qui vaut le coup d'oeil.

En effet, sous ses dehors modestes, "Les âmes de papier" (quel joli titre, au passage !) recèle une histoire attachante, qui saura toucher ceux à qui les thèmes du deuil, de la solitude et de la romance sont chers. Son scénario, certes pas exempt de quelques longueurs ou répétitions, est suffisamment fin pour faire passer le procédé qu'il utilise à mi-course pour relancer la machine. Agréablement filmée, cette jolie fable parle finalement de sujets universels : la vie sans ceux qui sont partis, l'acceptation du deuil, la reconstruction de soi. Sans en faire des tonnes, il réussit à sa manière à émouvoir. C'est déjà beaucoup. 

En dehors de son scénario, aux allures de conte finalement assez efficace, le gros atout des "Âmes de papier" est son interprétation. Tous ses acteurs sont remarquables, de l'étonnant Stéphane Guillon (dont on découvre ici un talent supplémentaire, en plus d'une plume acérée), à la charmante Julie Gayet, en passant par le toujours époustouflant Pierre Richard, venu ici "en participation", c'est-à-dire gracieusement (ce qui renforce l'admiration que j'ai pour le bonhomme). Jonathan Zaccai et, surtout, le petit Jules Rotenberg sont, eux aussi épatants.

Alors, oui, "Les âmes de papier" est un petit film, mais il s'agit d'une friandise douce-amère (je pense que je viens d'inventer un concept, là) qui mérite le coup d'oeil, pour peu qu'on soit friand de ce type de gourmandise. Il ne laisse pas un souvenir impérissable, mais permet de passer un bon moment, en grande partie grâce à ses interprètes. Pas mal de longs métrages de gros calibre ne peuvent se vanter d'y parvenir.