mercredi 2 janvier 2013

Je me suis fait tout petit (2012)



Lectrice, lecteur, toi qui passe par ce blog, prends quelques instants pour regarder l'affiche de "Je me suis fait tout petit", qui trône en haut de ce billet. Ne dirait-on pas, aux sourires qui ornent le visage des deux personnages, qu'il s'agit probablement d'une comédie, qui plus est romantique, dont les protagonistes principaux sont la femme et l'homme incarnés par Vanessa Paradis et Denis Ménochet ? Ne jurerait-on pas une énième déclinaison de la rencontre improbable débouchant sur une belle histoire, malgré les embûches qui se présentent ? 
L'affiche est trompeuse, une fois encore, chers lecteurs, puisque ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Ou alors, je n'ai pas vu le même film que la poignée de spectateurs qui se déplacèrent lorsque "Je me suis fait tout petit" sortit en salles. 

Depuis que sa femme l'a quitté, cinq ans auparavant, Yvan s'est muré. Ses deux filles vivent chez sa soeur, une gentille excentrique dont le mari montre des trésors d'empathie, tandis qu'il survit plus qu'il ne vit. Quand le fils de son ex-femme surgit dans sa vie, Yvan va voir sa vie bouleversée par ce petit garçon silencieux, tandis qu'il croise la trajectoire d'une étrange professeure d'arts plastiques, tout en affrontant la rébellion de ses deux adolescentes de filles. 

Le résumé qui précède ne donne probablement pas l'impression que "Je me suis fait tout petit", première réalisation de Cecilia Rouaud, est une comédie romantique. C'est dire à quel point l'affiche (et la bande-annonce) vendirent mal ce film. Il s'agit de l'histoire d'un homme, enfermé dans sa pudeur et ses certitudes, blessé profondément, qui va apprendre à renaître. Alors, certes, il y a dans ce parcours l'étincelle que la rencontre amoureuse peut déclencher, mais "Je me suis fait tout petit", film touchant, sincère, émouvant, n'est en aucun cas une comédie. 

Prodigieusement interprété par Denis Ménochet (déjà remarquable dans le prologue du "Inglorious Basterds" de Quentin Tarantino), le héros de "Je me suis fait tout petit" est entouré de personnages forts mais jamais caricaturaux, tous habités par leurs interprètes. Qu'il s'agisse du trop rare Laurent Lucas, de la délicieuse Léa Drucker ou même de Vanessa Paradis (et je ne cite que les têtes d'affiche, je pourrais allonger la liste, et évoquer au passage le joli travail des plus jeunes interprètes), ce film est un régal pour qui aime les acteurs.

Pour une première réalisation, "Je me suis fait tout petit" ne comporte aucune faute de mise en scène. Visiblement dirigé par une réalisatrice amoureuse de ses acteurs, le film déroule en douceur ses séquences, glissant de temps à autre de jolies scènes, souvent muettes, qui ajoutent à la poésie de l'ensemble. Ayant fait ses premières armes en tant qu'assistante-réalisatrice sur "Une pure affaire", au thème plutôt éloigné de la présente chronique de la vie d'un homme à un tournant capital, Cecilia Rouaud réussit l'épreuve du premier film avec un talent que pourraient lui envier bien des réalisateurs.

Au service d'une histoire ancrée dans son époque et bâtie autour d'un homme prisonnier de ses certitudes, "Je me suis fait tout petit" est de ces films doux-amers, qui font du bien sans faire appel aux ressorts de la comédie, qui touchent parce qu'ils sont sincères. L'échec commercial de ce film est incompréhensible : sa sortie récente en DVD est l'occasion rêvée d'offrir une deuxième chance à "Je me suis fait tout petit". Il le mérite amplement !


2 commentaires:

  1. Bon à savoir, merci ! Les critiques étaient effectivement peu élogieuses.

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    1. Je trouve qu'il a été mal jugé. A mon goût, il vaut mieux que ces critiques.
      Merci d'être passée !

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