mardi 26 février 2019

Une vie meilleure (2012)



Cédric Kahn fait partie de ces cinéastes du "réel" : ses films, à l'instar de ceux de Philippe Lioret, par exemple, sont des histoires à hauteur de femme et d'homme, souvent dramatiques. On se souvient, par exemple, de "Roberto Succo", l'un de ses grands succès. Pour nécessaire qu'il soit, ce cinéma n'est pas toujours couru par le public, même si les critiques le saluent. Malgré la présence à l'écran de Guillaume Canet (récompensé pour sa prestation à Rome), "Une vie meilleure" n'avait pas été un grand succès commercial. Jetons un œil dans le rétroviseur, si vous voulez bien.


Yann et Nadia sont jeunes et s'aiment. Ils ont un rêve simple : ouvrir un restaurant un bord de l'eau, dans un bâtiment qu'ils comptent bien remettre à neuf. Seulement, pour réaliser ce rêve, il faut de l'énergie, du temps, de l'argent. Et c'est ce dernier ingrédient qui leur fait défaut. Alors, ils vont s'endetter et tout risquer pour réaliser leur projet et s'offrir une vie meilleure. Ils sont jeunes, ont la vie devant eux et des rêves plein la tête.
Et qu'importe si la réalité fait figure de mur, contre lequel ils pourraient se fracasser.

Voilà un film à déconseiller à ceux qui, pour lutter contre le marasme, cherchent à s'évader lorsqu'ils vont au cinéma. L'histoire de "Une vie meilleure" (adapté librement du roman "pour une vie plus douce" de Philippe Routier) est sombre, parce que réaliste (et quasiment documentaire). Des rêves brisés, des chutes brutales, notre monde en est plein. Surendettement, violence, les héros de "Une vie meilleure" ne naviguent pas sur un long fleuve tranquille. Ballottés par la vraie vie et parfois contraints d'aller à l'encontre de leurs règles de vie, ils s'accrochent à leurs rêves, à leurs espoirs, envers et contre tout. A vouloir une vie meilleure, Yann et Nadia chutent, se relèvent et chutent plus lourdement encore. 

Il y a de l'urgence, de la fièvre, dans la façon de filmer choisie par Cédric Kahn et il semblerait que cela passe par le jeu de ses acteurs. Guillaume Canet, qui ne m'a pas toujours convaincu, porte ici une incandescence dans chaque plan ou presque, comme si son personnage était doté d'une énergie qu'il ne dompte pas toujours. Malgré tous ses travers, malgré ses erreurs, malgré le fait qu'il entraîne sa compagne (la délicieuse Leila Bekhti) et le fils de celle-ci (remarquablement interprété par le jeune Slimane Khettabi) dans sa descente aux enfers, on se surprend à s'attacher au héros de ce drame social. Malgré les tons souvent froids de la photographie, malgré la crasse, la misère et les cris, brille toujours une étincelle de vie à laquelle les personnages et le spectateur se raccroche.

Si vous êtes allergiques aux films s'attachant à la vie de "vraies gens", passez votre chemin. L'injonction tient aussi envers ceux au moral déjà fragile. Par contre, si vous goûtez le cinéma social et réaliste, penchez-vous sur "Une vie meilleure".


2 commentaires:

  1. Je suis allergique aux films s'attachant à la vie de 'vrais gens' ( sans 'e' à vrais ;-) ), allergique également à Canet, je passe donc mon chemin ....
    ++ Laurent

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    1. Ah oui, deux vraies bonnes raisons d'éviter le choc anaphylactique, donc.
      Et pour le "vrai(e)s", il y a une amusante règle grammaticale (https://fr.wiktionary.org/wiki/gens). On dit donc bien "les vraies gens"...mais "les gens vrais". Ah, la langue française ;-)

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