jeudi 7 novembre 2019

IO (2019)


Signe des temps ou opportunisme ? Les films traitant de la fin du monde se multiplient, en même temps que se posent les questions (légitimes) de la survie des espèces et de l'état (navrant) de notre pauvre planète. Netflix, jamais en retard quand il s'agit d'exploiter un filon juteux, a récemment mis en ligne "IO", réalisé par le français Jonathan Helpert. Ce film aura sans doute échappé à pas mal de spectateurs potentiels. Penchons-nous un instant sur ce qu'il nous proposait. 

Cela devait arriver : la Terre est devenue inhabitable et des vaisseaux ont emmené les survivants en orbite autour de Io, le satellite de Jupiter. Restée sur Terre, Sam explore chaque jour les ruines de la civilisation pour tenter de comprendre comment la vie pourrait reprendre. Alors qu'elle est rejointe par Micah, un autre survivant, et que le dernier transport à destination de l'espace est annoncée, Sam voit sa détermination vaciller : doit-elle rester ? Ou vaut-il mieux fuir, comme le reste de la population ? 

Le pitch du film fait penser à celui des "Survivants", récemment chroniqué dans ces colonnes. Cependant, c'est un tout autre traitement auquel il a le droit. Se concentrant sur ses deux protagonistes principaux et limitant sa part d'effets spéciaux, "IO" cherche à enraciner son intrigue dans un réalisme scientifique et à poser des questions sur le devenir de l'humanité. Pourquoi pas ? Le cinéma (mais Netflix produit-il du cinéma ?) fait partie de ces médias qui peuvent interroger le spectateur en plus de le distraire. 

Le problème de "IO", c'est qu'il n'exploite jamais judicieusement le matériau dont il dispose. Évoquant un instant la survie des derniers habitants de la Terre, le scénario se dirige ensuite vers le sauvetage perdu d'avance de l'atmosphère et de la vie sauvage, avant de s'embarquer dans un pseudo-débat sur les choix s'offrant (ou pas, d'ailleurs) à l'héroïne et son compagnon d'infortune. Cela donne à l'ensemble du film un ton artificiel, parfois prétentieux, mais ne le fait jamais quitter le plancher des vaches (encore qu'il ne doive pas en rester beaucoup, des vaches). 

Pour incarner l'héroïne, Margaret Qualley (récemment appréciée dans "Once upon a time in Hollywood") fait de son mieux, mais on ne peut s'empêcher de penser que "IO" joue de la visibilité toute récente de l'actrice. Face à elle, Anthony Mackie (l'un des Avengers, comme environ la moitié de la population d'Hollywood) paraît parfois désemparé, comme s'il ne savait que faire du rôle qu'on lui a confié : est-il un "bon", un "méchant", ou juste un être humain perdu ? La question reste posée, même après le visionnage du film (qui semble parfois bien long). 

Désespérément plat, alors qu'il convoque les étoiles, "IO" ne décolle jamais. On pourrait incriminer un manque d'ambition ou de budget, mais c'est aussi la faute à un scénario qui cloue ses personnages au sol et ne leur permet jamais de s'élever. 





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