Si on se fie à son affiche, "Pas son genre", de Lucas Belvaux, ressemble fort à une comédie romantique. Ce serait mal connaître ce cinéaste venu du nord, plus habitué à explorer les âmes qu'à se réfugier dans la facilité de la romcom. Avec, en tête d'affiche, la trop rare Emilie Dequenne, ce film eut un succès d'estime (comprenez par là qu'il ne déchaîna pas les foules). Histoire de vérifier que nous ne sommes pas passés à côté d'un joli film, voire d'une grande œuvre, penchons-nous un instant sur "Pas son genre".
Parisien dans l'âme, Clément, professeur de philosophie reconnu est affecté à Arras, où il ne connaît personne. Là-bas, alors qu'il erre, il tombe sous le charme de Jennifer, coiffeuse de profession, dont les affinités sont à mille lieues des siennes. Elle aime le karaoké et les journaux people, il s'intéresse à Kant et participe à des conférences de haut niveau. Les deux amants ont-ils un avenir ensemble ? Ou leurs différences sont-elles trop fortes ?
En adaptant le roman éponyme de Philippe Vilain, Lucas Belvaux n'ambitionnait sans doute pas de répondre à ces questions, mais avait l'immense mérite de les poser. Si "Pas son genre" était une véritable comédie romantique et respectait le cahier des charges du genre, les deux protagonistes finiraient pas vaincre leurs différences, au nom de l'Amour, celui qui met à bas les barrières et vainc tout. Seulement, comme je le disais en exergue, nous ne sommes pas, malgré ce que pourrait laisser penser l'affiche, dans une romcom. Loin de moi l'idée de vouloir déflorer la fin de l'histoire, mais vous aurez peu l'occasion de rire, ni même de sourire, en visionnant "Pas son genre". Lucas Belvaux, l'air de rien, pose de véritables questions, avec ce petit film plus malin qu'il n'y paraît. Peut-on aimer quelqu'un qui n'appartient pas à notre milieu social ? A-t-on un futur quand on vient de milieux diamétralement opposés ?
Questionnant sans torturer (on l'en remercie au passage), le réalisateur belge donne surtout à ses acteurs l'occasion de livrer deux jolis numéros, chacun dans leur style. Avant de la mettre en scène dans le très militant "Chez nous", Lucas Belvaux offre ici un beau rôle, souvent poignant, à Emilie Dequenne, qui n'était pourtant pas le premier choix du réalisateur. On imagine cependant mal le personnage central de "Pas son genre" incarné par une autre interprète, tant elle est spontanée et donne à son rôle l'épaisseur nécessaire. Face à elle, Loïc Corbery, tout en retenue et en intériorité, est également une belle surprise.
On pourra regretter que "Pas son genre" fasse un peu de sur-place dans sa dernière partie, laissant l'impression qu'il s'agit de remplissage. Le film aurait probablement gagné à être un peu plus court, mais produit cependant son petit effet, à base de charme et d'amertume à la fois.
Je n'ai pas vu ce Belvaux-là. Mais tenant ce réalisateur en estime, le très bon écho que tu produit ne me surprend pas, et rappelle à bon entendeur ce titre qui manque à ma culture. Je saurai m'en souvenir.
RépondreSupprimerJe lirai évidemment le billet que tu lui consacreras, Prince. Merci d'être passé !
SupprimerBonjour Laurent, j'avais apprécié cette histoire un peu cruelle. Emilie Dequenne est vraiment bien. Bonne journée.
RépondreSupprimerBonjour Dasola (houla, j'ai du retard dans mes réponses)... tu as raison, cette histoire est un peu cruelle...et Emilie Dequenne a vraiment du talent, c'est vrai.
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