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mercredi 29 mars 2017

Victor (2009)


J'aime Pierre Richard. Son personnage de grand blond lunaire et distrait a accompagné la construction de ma petite culture cinématographique et cet acteur fait partie à part entière de mon paysage. Sans lui, le cinéma français ne sera pas ce qu'il est, à mes yeux. Alors, quand l'occasion se présente de visionner une comédie dans laquelle il joue, je saute sur l'occasion, parce qu'on ne sait jamais : il pourrait être celui qui sauve ce genre, sinistré depuis quelques années. Pour le coup, dans "Victor", Pierre Richard était dirigé par Thomas Gilou, l'homme qui cartonna avec "La vérité si je mens", que je n'avais guère goûté. C'est donc avec un a priori mitigé que je commençai ce visionnage.

Stagiaire dans un magazine people, la jeune Alice se prend d'amitié pour Victor, son voisin de palier, un octogénaire abandonné de tous et sur le point d'être expulsé. Elle a alors l'idée de faire organiser par son magazine un concours, dont les gagnants pourront adopter Victor, et empocher un joli chèque. La famille Saillard, motivée par le gain, emporte le gros lot et voit un beau jour débarquer le vieil homme, qui va bouleverser beaucoup de choses chez ces gens bien tranquilles.
Le coup de l'élément perturbateur venant déranger son petit monde, on nous l'a servi plus d'une fois au cinéma. Et, bien souvent, cela a donné de sympathiques comédies. Mais ce n'est pas pour autant la recette permettant de réussir un film à coup sûr. En adaptant le roman de Michèle Fitoussi, Thomas Gilou pensait sans doute ne pas prendre trop de risques et réussir une comédie capable de triompher au cinéma. 

Il aurait sans doute du faire preuve d'audace et d'innovation, et ne pas se contenter d'aligner des saynètes, pas forcément drôles (et souvent pas drôles du tout, d'ailleurs). Le scénario inepte et truffé de facilités aussi énormes que les clichés qu'il véhicule subit, en plus, l'outrage d'une réalisation à peine digne d'un téléfilm de fin de soirée sur une chaîne cachée tout au fond de la TNT. 
Incarnant des personnages caricaturaux (le pompon revenant dans ce film à Lambert Wilson, décidément bien mal inspiré), les acteurs font presque tous peine à voir. Qu'il s'agisse de Clémentine Célarié, dAntoine Duléry, de Sara Forestier (que pourtant j'apprécie énormément) ou du déjà cité Lambert Wilson, on ne peut que se lamenter pour eux de s'être commis dans pareil gâchis.

Heureusement, il y a Pierre Richard, qui réussit à rendre attachant son personnage de vieille canaille, pour qui on éprouve une tendresse inattendue. C'est sans doute parce qu'il est interprété par l'un des plus grands acteurs comiques français, de ceux qui relèvent à eux seuls le niveau d'un film. C'est lui qui sauve "Victor" du naufrage, et la tâche était colossale. 

Thomas Gilou, sur lequel on avait fondé de beaux espoirs lorsqu'il débarqua avec le chaleureux "Black mic-mac", a hélas rencontré le succès du public avec "La vérité si je mens" et ses séquelles (avis tout personnel encore une fois). L'idée de base de "Victor" aurait pu donner, au choix, une comédie douce-amère ou très caustique. En choisissant la voie de la facilité, celle souvent empruntée par la comédie française dans ses pires travers, il s'embourbe dans une ornière dont jamais il ne réussit à s'extraire. Dommage, surtout pour les acteurs.

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Une comédie".






lundi 16 mars 2015

Amour et turbulences (2013)


Nicolas Bedos ne laisse que peu de monde indifférent, à l'instar de son père, Guy. Ayant commencé sa carrière dans la télévision (en écrivant pour les autres), puis le one-man-show, avant de se frotter à l'écriture, à la radio, puis à la télévision, c'est au cinéma qu'il tente sa chance, notamment avec "Amour et Turbulences", qui ne connut pas le succès escompté. Comme quoi, il ne suffit pas de faire régulièrement le buzz pour drainer les foules dans les salles obscures. Réalisé par Alexandre Castagnetti, l'un des deux membres du groupe "La chanson du dimanche", cette comédie romantique  méritait-elle un accueil si frileux ?

Par le plus grand des hasards, Julie et Antoine se retrouvent assis l'un à côté de l'autre pour le vol qui les ramène de New York à Paris. Le problème, c'est que tous deux ont eu une relation, intense autant que chaotique, il y a quelques années, et que se retrouver pendant sept heures à côté de son ex n'est pas ce qui les réjouit le plus. Elle est idéaliste, perfectionniste, romantique. Lui est dragueur, manipulateur et collectionne les aventures. Durant le vol, ils vont, sous le regard des autres passagers, revivre leur histoire, chacun de leur point de vue.

N'importe quel habitué de ce genre de film aura vu venir de loin le canevas éculé de la comédie romantique. Je ne vous ferai pas l'injure d'en donner une nouvelle fois la recette, l'ayant déjà fait à maintes reprises. Toujours est-il que, dans le cas de "Amour et turbulences", nous ne sommes pas en territoire inconnu. Point de surprises à l'horizon, donc : la fin est connue à l'avance, c'est le chemin pour y parvenir qui intéresse le spectateur (qui, dans ce registre est souvent une spectatrice).

La part de comédie est essentiellement assurée par Jonathan Cohen, dans le rôle de l'ami d'Antoine, prêt à tout pour séduire une femme. C'est sans doute la partie la plus réussie du film, avec les quelques scènes où apparaît Clémentine Célarié, dans le rôle de la mère de Julie. Quelques autres seconds rôles émaillent l'histoire sans cependant réussir à accrocher l'intérêt : Jackie Berroyer ou Michel Vuillermoz, par exemple, sont mal exploités à un point que cela en devient agaçant. 
Pour ce qui est de la part de romance, pour prévisible qu'elle soit, elle est outrageusement centrée sur le personnage joué par Nicolas Bedos. Commençant comme un inventaire de ses travers et de ses fautes envers Julie, le scénario renverse la vapeur pour aller jusqu'à sa rédemption et en faire le véritable héros du film, quitte à laisser dans l'ombre sa voisine, Julie: Ludivine Sagnier se trouve réduite à jouer les faire-valoir et ne montre ici que peu de talent. Ce déséquilibre (et le peu de crédibilité de la dite rédemption) joue grandement en défaveur de l'histoire, et c'est sans doute le plus grand défaut du film. 

La réalisation, élégante et efficace, est quant à elle à porter au crédit du film. Pour sa première mise en scène (après qu'il ait co-réalisé "L'incruste"), Alexandre Castagnetti réussit sa part du marché : à défaut d'un scénario complètement conforme au cahier des charges du genre, il montre qu'il sait diriger une équipe et une caméra. C'est déjà beaucoup et cela lui valut sans doute de prendre en charge "Le grimoire d'Arkandias" (qui n'a pas davantage connu de succès, soit dit en passant). 

N'eut été l'omniprésence de Nicolas Bedos, "Amour et turbulences" aurait pu être complément réussi. A défaut, c'est un film qui peut se voir, mais qui laisse un petit arrière-goût de déception à son spectateur.