Quand on parle de "Beowulf", le commun des mortels songe au mémorable nanar dans lequel notre Christophe Lambert national se commit il y a quelques années. D'autres, plus jeunes, penseront à l'adaptation en "motion-capture" réalisée, plutôt avec talent, par Robert Zemeckis. Les plus intellos de mes lecteurs évoqueront un poème épique, une des légendes fondamentales de la culture anglo-saxonne, adulée (et traduite, en son temps) par J.R.R. Tolkien, où Beowulf, un fameux guerrier danois est appelé à combattre Grendel, monstrueux troll qui terrifie la contrée où il vient de poser pied.
Mais peu connaissent cette adaptation cinématographique, réalisée par Sturla Gunnarsson (dont le précédent film, "Drôles d'oiseaux" sombra lui aussi dans l'oubli), et dans laquelle jouent (entre autres) Gerard Butler ("300", "Prisonniers du Temps", "L'abominable vérité"), Stellan Skarsgard (récemment vu dans "Un chic type") ou Sarah Polley ("Splice", "Mr Nobody").
Malgré son petit budget, cette coproduction britanno-canadienne, tournée en Islande tente pourtant de donner corps au mythe, quitte à prendre quelques libertés avec lui.
Résumons rapidement l'histoire : le village que dirige Hrothgar (Stellan Skarsgard) est terrorisé par Grendel, monstre sanguinaire venu des ténèbres. Beowulf, guerrier sans peur, vient au secours de Hrothgar avec ses hommes et, quitte à affronter mille périls, s'attaquera au terrible troll.
A lire ces lignes, on peut se dire que le "pitch" est peu maigre et qu'il n'y a pas forcément de quoi faire un film dense. C'est la raison pour laquelle quelques aménagements ont été faits, pour enrichir le scénario. Je pense notamment au personnage de Selma (incarné par Sarah Polley) ou au comportement singulier de Hrothgar . Cela n'empêche pas, hélas, de constater quelques longueurs dans le film et de trouver que celui-ci manque singulièrement de rythme.
La réalisation, hélas, peine à donner à "Beowulf & Grendel" l'énergie nécessaire, le souffle épique qu'on aurait aimé y trouver. Bien souvent, les plans donnent l'impression d'assister à un documentaire, ou à un travail d'amateur (quoiqu'on ait vu de redoutables fan-films). Le petit budget de ce long métrage n'est à aucun moment compensé par la foi qu'aurait du y insuffler son équipe et, au premier rang, son metteur en scène.
Peu servis par un réalisateur visiblement en manque d'inspiration, les comédiens font ce qu'ils peuvent, mais donnent l'impression de s'ennuyer ferme. Du coup, l'ennui étant communicatif, le spectateur subit ce film sans y adhérer, sans y croire...
On ne peut reprocher, à moins d'être un critique particulièrement acerbe et de mauvaise foi (il y en a, mais je ne balancerai pas), son manque de moyens à une oeuvre, cinématographique ou autre. Par contre, ce qui fait fatalement défaut à "Beowulf & Grendel", c'est l'ambition et le souffle épique.
La clef de la réussite, voire du succès, de cette adaptation aurait pu être une réalisation plus à la hauteur de l'oeuvre originelle. Faute de cela, le film échoue à donner corps à Beowulf, comme si cette oeuvre était maudite...
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